Les rêveurs : Isabelle Carré, quelle famille !
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Evidemment, on se méfie. On se dit : « Encore un comédien, encore une actrice… » On pense : « Encore un coup marketing d’un éditeur ». Et puis, quand même, on se lance. « Les rêveurs », premier roman d’Isabelle Carré, 45 ans, comédienne, un César et deux Molière sur son CV… En ouverture, une citation de Louis Aragon : « Le roman, c’est la clé des chambres interdites de notre maison ». Une autre de Bernard-Marie Koltès. Et l’incipit : « Elle me tient par la main, et pousse en même temps mon frère dans son landau. Nous traversons la rue, nous marchons, personne ne parle… » Depuis l’adolescence, les mots ont été ses compagnons, a confié la comédienne- autre confidence : elle a suivi des cours pendant trois mois dans un atelier d’écriture animé par Philippe Djian, tous les jeudis soirs chez Gallimard. Aujourd’hui, évoquant « Les rêveurs », elle dit : « J'ai tenté de bien placer le calque sur le dessin ». Le dessin d’une famille dans les années 1970. Des années où, dans la foulée et l’héritage de Mai-68, il était « interdit d’interdire » et où l’on était persuadé que sous les pavés, il y avait la plage… C’était le temps des possibles. Et Isabelle Carré, de raconter sa famille, de faire un pas de côté aussi pour en livrer un exercice romanesque. Voilà donc une famille de rêveurs, des parents venus d’univers aux antipodes- l’un de l’aristocratie, l’autre du monde des cheminots. La déglingue faisait partie du décor, la pratique de la liberté se révélait follement périlleuse… à l’exemple de ce père qui, un jour, fera son « coming out », se teintera les cheveux en blond et avouera son homosexualité. Enfants avec un père homosexuel, oui l’époque était acidulée. Et puis, il y eut, pour la fille, la découverte du théâtre. Rêver, disait-elle ; forcément rêver. Un premier roman étincelant pour des secrets de famille…
Les rêveurs
Auteur : Isabelle Carré
Editions : Grasset
Parution : 10 janvier 2018
Prix : 19 €