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Patrice Leconte : « L’écriture, c’est un vrai plaisir ! »

  • Écrit par : Julie Cadilhac

LecontePar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr/ Sur son CV, il déroule trente films, dont quelques cultissimes (la série « Les Bronzés Â») et autres chefs-d’œuvre (parmi lesquels, « Tandem Â» ou « Le Mari de la coiffeuse Â»). A 69 ans, Patrice Leconte est un hyperactif- passe allègrement de la réalisation ciné ou pub à la mise en scène au théâtre sans oublier l’écriture romanesque. En ce printemps, après « Les femmes aux cheveux courts Â» (2009), « Riva Bella Â» (2011) et « Le garçon qui n’existait pas Â» (2013), il publie son quatrième roman, « Louis et l’Ubiq Â», l’histoire d’un homme qui peut être, en même temps, ici et ailleurs.

Une merveille de légèreté, de poésie (à la Queneau) et de fantaisie- la marque de fabrique de Leconte écrivain. Résumé, on a Louis, la quarantaine, personnage ordinaire, oisif, marié sans enfant, pas de problèmes d’argent. Avant de mourir, son père lui donne un drôle d’objet, une petite boîte qu’il faut « velcroter Â» à son poignet et qui permet de se dédoubler. L’objet, invention du grand-père, c’est l’Ubiq- on appuie sur un petit bouton, on est transporté ailleurs, tout aussi bien dans la pièce d’à côté qu’à Taormina, au Touquet ou au rayon « lingerie féminine Â» d’un grand magasin parisien. Ainsi, Louis avec ses « moi 1 Â» et « moi 2 Â» va s’offrir une nouvelle vie. De nouvelles vies. Vivre, enfin ? D’une écriture joyeuse et pétillante, Patrice Leconte fréquente des contrées littéraires où l’on croise, entre autres, la Zazie de Raymond Queneau- pour notre plus grand plaisir ! 

Rassurez-nous, c’est Patrice Leconte 1 ou Patrice Leconte 2 qui va répondre à nos questions !

Ah ! le don d’ubiquité, c’est bien un rêve pour écrivain ! « Louis et l’Ubiq Â» est né au cours d’une mes rêveries. Etre ici et là-bas, en même temps… C’était une belle occasion, pour moi, de me projeter en deux endroits, de me dire : « Et si j’étais invisible… Â» Ça, c’est un engrais formidable pour la rêverie, l’imagination !

Restait quand même à trouver un personnage principal que vous alliez installer ici et là-bas. Ce sera donc Louis Bouvier…

J’aurai pu imaginer un personnage hyperactif touché par ce don d’ubiquité. D’ailleurs, ce doit être le rêve ultime de tout hyperactif- pouvoir faire plusieurs choses en même temps en étant dans différents lieux. Mais j’ai préféré prendre un homme oisif. Un homme qui n’a pas de problèmes d’argent, qui, au quotidien, passe son ennui en pesant sur ses balances tout ce qui lui passe à proximité de main, et qui va se découvrir une autre vie…

LecoteQuel sentiment éprouvez-vous pour Louis et ses « moi 1 Â» et « moi 2 Â» ?

J’ai de la tendresse pour lui. C’est un petit monsieur, pas un homme des temps modernes. Mais je suis incapable de raconter l’histoire de quelqu’un que je n’aime pas. Et, mieux, il faut qu’à ce personnage, je trouve des excuses. Alors, oui, Louis est un peu barré, il a ses fêlures, ses plaies mais il n’est pas fou, on ne va pas lui mettre la camisole. Il est oisif, obsédé par le poids des choses et son poids, aussi. Il est à part, ailleurs et ça lui va. Il fait partie de ces gens qui roulent sur le bas côté mais, je le répète, ce ne sont pas des fous. En fait, il est à la recherche du bonheur. C’est tellement vain… et amusant.

Contrairement au cinéma où vous passez d’un genre à un autre, avec les romans vous restez dans le même registre. Celui de la légèreté et de la poésie…

Au cinéma, c’est vrai, j’ai plaisir à partir dans des directions différentes. A contrario, mes quatre romans s’inscrivent dans la même famille. Avec des personnages qui se ressemblent et, parfois, me ressemblent.

Dans « Louis et l’Ubiq Â» comme dans vos précédents romans, on perçoit une jubilation pour l’écriture…

Mais bien sûr qu’il faut que l’écriture, ça reste ludique ! Je ne pars jamais à l’aveuglette. Simplement, comme c’est un plaisir, j’ai toujours envie que ça avance. Je ne m’impose pas de plages horaires pour écrire même si je travaille plutôt le matin et pas la nuit. Mais surtout, je veux profiter à plein des vraies libertés qu’offre l’écriture avec la grammaire et le vocabulaire. C’est tellement merveilleux ce lien direct entre l’auteur et le lecteur, je veux en profiter pleinement, totalement.

Quand, comme récemment, vous avez des projets pour le cinéma qui n’aboutissent pas, vous vous rabattez sur l’écriture d’un roman ?!

A ce jour, j’ai réalisé trente films, j’en ai bien eu une trentaine qui ne se sont pas faits. Mais là, il y a eu deux projets coup sur coup qui sont tombés à l’eau… Je me suis posé la question, peut-être suis-je out, peut-être le temps est passé pour moi… Bon, c’est vrai, l’automne prochain, je reviens au ciné avec la réalisation d’un long-métrage avec Juliette Binoche et Alain Delon qui a annoncé que ce sera là son dernier film. Mais, croyez-moi, ce n’est pas parce que des projets ciné n’aboutissent pas que je me rabats sur l’écriture, la littérature. C’est un vrai plaisir.

Il parait que vous êtes du signe du caméléon !

Oui, en astrologie, c’est le treizième signe. Le signe qui n’existe pas ! J’aime bien me fondre dans la foule, dans la masse. Faire des choses imprévues. Echapper aux étiquettes. Jouir de la totale liberté- et ça, je l’ai gagné de haute lutte !

Louis et l’Ubiq
Auteur : Patrice Leconte
Editions : Arthaud
Parution : 19 avril 2017
Prix : 16 euros

Crédit obligatoire: Photo Alizé Lutran


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