Par Félix Brun - Lagrandeparade.com / Valentino a quitté sa Calabre natale à 18 ans. Nous sommes en 1976… "Il traversa la jeunesse et, par la suite, l’âge mûr à la vive allure qu’on adopte lorsqu’on se déplace avec un seul bagage à main. Le vent dans les cheveux, comme ces êtres qui peuvent vivre partout, qui ne résident nulle part."

De voyages en périples dans le monde entier, Valentino s’est posé enfin à Londres ; il apprend la disparition d’une parente éloignée. Cet évènement va déclencher le désir de revenir vers ses racines, son passé, ses passions dans cette contrée du sud de l’Italie que sa mère Tamara traitait de « pays des barbares »… "Et ainsi Valentino découvrit ce qu’il valait peut-être mieux ne pas découvrir ". Après 40 années d’errance sur toute la planète Valentino va s’apercevoir que "pendant ce temps, fragment après fragment, du pas furtif et oblique qui caractérise la mort, le passé simple comme le passé composé commencèrent à disparaître de son vocabulaire ». Ultime sujet d’une épopée familiale singulière, il va « à l’âge où le passé émerveille davantage que le futur », revenir et retrouver les traces de ses deux familles : celle du "Notaire" Résistant, génétiquement antifasciste et socialiste, et celle du "Pharmacien", juif d’origine qui rêvait de devenir violoniste… !

« il sut qu’en perdant sa relation avec le passé on se perd soi-même, car le passé est plus vaste que le présent, a fortiori de l’avenir ? »

Un roman lumineux et magnifiquement écrit, d’une plume « proustienne », subtile, jouant avec brio de métaphores appropriées et de descriptions d’une rare acuité. Une odyssée dans l’Histoire de l’Italie des deux Guerres Mondiales et des après-guerres, dans les contradictions entre le Sud, pays des barbares, et le Nord des villes et des industries, entre la pauvreté et la richesse, entre la solidarité et l’individualisme, entre les paysages de lumières et ceux de la grisaille. Une profonde réflexion sur la famille, l’empathie, le passé, le temps, la mort… "Valentino songea alors qu’il n’avait plus de passé. En d’autres mots, il découvrit qu’il était seul devant la mort."

Un inoubliable moment de lecture d’un ouvrage que l’on ne lâche pas facilement et que l’on se doit de partager.

Sud
Editions : Philippe Rey 
Auteur : Mario Fortunato
Traduction : Nathalie Bauer
Date de parution : 06/03/2025
Prix : 22€