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« L’évangile des anguilles » de Patrick Svensson : fuyante créature…

  • Écrit par : Serge Bressan

anguillesPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Direction la Scanie, province du sud de la Suède, face au Danemark. Là y a grandi Patrick Svensson- à 48 ans, il est journaliste culturel et auteur d’un premier livre, « L’évangile des anguilles ». Le succès a été immédiat : prix August (le Goncourt suédois), traduction dans plus de trente pays. Sur la couverture la version française, une promesse : « Histoire d’un père, d’un fils et de la créature la plus mystérieuse du monde animal ». Cette créature, c’est l’anguille, ce poisson qu’il pêchait avec son père le long de la « côte des anguilles », et qui, depuis l’Antiquité, entretient le mystère, alimente toutes sortes de légendes. Lors de la sortie du livre, un journal suédois a écrit que cet étrange poisson « serpente dans notre histoire, aussi difficile à saisir avec les mains que par la pensée » et un autre quotidien de Stockholm rappelait que « l’animal est menacé de disparition » et ajoutait que Patrick Svensson « ne cherche pas vraiment à dissiper la brume qui l’entoure depuis l’Antiquité. Au contraire, il veut la préserver ». On sait que la fuyante créature retourne finir sa vie dans la mer des Sargasses, au large des Bermudes, après avoir suivi les courants marins jusqu’aux rivières du continent, à quelque 6 000 kilomètres de là. Précisément, on ne sait rien d’autre… Alors, Svensson écrit l’évangile de cette étrange créature qui, à nulle autre, se défile. Un évangile qui convoque Aristote persuadé qu’elle naissait des entrailles de la Terre, le botaniste et zoologiste allemand Georg Steller (1709- 1746), des biologistes parmi lesquels le Danois Johannes Schmidt (1877- 1933) ou encore le père de la psychanalyse, Sigmund Freud qui, à 19 ans, en a disséqué des centaines dans l’espoir de leur trouver des testicules, tous ont cherché à percer le mystère- en vain. Ce que, avec une pointe d’humour dans un texte mêlant l’intime, la science et l’écologie, le récit et l’essai allègrement, Patrick Svensson résume ainsi : « Quiconque cherche l’origine de quelque chose est aussi à la recherche de sa propre origine »… Un autre quotidien suédois n’a pas craint la comparaison en assurant que « l’anguille se déplace dans le monde comme une sorte d’équivalent marin de la figure androgyne d’Orlando dans le roman éponyme de Virginia Woolf paru en 1928 ». Et c’est ainsi que la question, depuis Aristote, revient, lancinante : l’anguille est-elle vraiment un poisson ?!

L’évangile des anguilles
Auteur : Patrick Svensson
Traduction : Anna Gibson
Editions : Seuil
Parution : 7 janvier 2021
Prix : 19,50 €

[bt_quote style="default" width="0"]La plupart des poissons, écrit Aristote au IVème siècle avant J.C., pondent naturellement des œufs et répandent leur laitance. Mais l’anguille est une exception. Elle n’est ni mâle ni femelle. Elle ne pond ni ne fraie. Une anguille ne donne pas vie à une autre anguille. Son origine est ailleurs… [/bt_quote]

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