Bad Man : un excellent thriller à la peinture socio-psychologique des personnages fort pertinente
- Écrit par : Catherine Verne
Par Catherine Verne - Lagrandeparade.com/ "Bad Man" est parcouru par le frisson que donnent les présences dans l'absence. Articulé sur trois parties respectivement consacrées à leur évocation subtile, ce thriller en suggère la trace toujours obsédante: d'abord sous la forme d'un objet affectif transitionnel, ensuite celle d'un dessin symbolique et enfin celle de la décomposition organique par où la boucle narrative se referme.
L'histoire est la suivante: un enfant a disparu entre les rayons d'une superette de quartier et les années passent sans que la police le retrouve tandis que son grand frère Ben refuse de perdre espoir, distribuant son portrait à tour de bras. Et voilà que Ben se trouve embauché sur le lieu même de la disparition, pour des nuits de hantise sous le signe d'un jeu de cache-cache sordide. Entretenant la confusion et la suspicion, Dathan Auerbach excelle à brouiller les repères jusqu'au dénouement. Si la lecture est palpitante, nous immergeant dans un univers glauque à souhait, l'écriture rèvèle une savoureuse habileté à distiller le suspense, entre chien et loup.
Mention spéciale pour la peinture socio-psychologique des personnages, à commencer par le héros à la recherche de son frère, un jeune adulte de cent-dix kilos traînant la patte, fort attachant, torturé par la culpabilité. Son enquête le mènera à la lisière de la folie tant on finit par douter avec lui de tout et de tous, mais aussi de lui-même, qu'un officier de police soupçonne. Finalement, pour démêler ce qui est bien réel de ce qui n'en a que la trompeuse apparence, il convient de se montrer attentif aux indices jalonnant sensiblement le roman: depuis le début, la résolution de l'énigme se tapit dans l'ombre et la menace rode en marge de ce qui se donne à voir.
Bad Man
Auteur: Dathan Auerbach
Editeur: Belfond Noir
Traduction: Nathalie Peronny
Parution: Février 2019
Prix: 21,90€