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L’envie d’y croire : le plaidoyer pour un espace e-détox d’Éliette Abécassis

  • Écrit par : Serge Bressan

abecassisPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / En janvier 1964, Bob Dylan sortait son troisième album, « The Times They Are a-Changing Â»- en VF : « Les temps sont en train de changer Â». Cinquante-cinq ans plus tard, la philosophe et romancière française Éliette Abécassis dresse le même constat- c’est le sujet de son nouveau livre, « L’envie d’y croire. Journal d’une époque sans foi Â». Un temps professeure de philosophie, auteure entre autre de thrillers ésotériques et d’essais, elle ouvre ainsi son texte : « Il y a vingt ans à peine, je n’avais pas d’ordinateur ni de portable ni d’adresse mail. Pour voir des films, j’allais au cinéma, je louais des cassettes vidéo dans le magasin de quartier avec une carte d’abonnement annuel, je regardais des films en version originale Â». A l’époque, comme tant d’autres, Éliette Abécassis allait au marché, achetait des vêtements dans des boutiques et ses amis étaient réels, « de vraies personnes en chair et en os. C’était l’époque où j’avais encore du papier, des cahiers, une plume, un stylo pour travailler, passant des journées entières dans les bibliothèques… Â»  

Les temps ont changé. Avec « L’envie d’y croire Â», à 50 ans, Éliette Abécassis le dit, le répète. Le constate- on pourrait facilement la taxer de « vieille Â», de « réac Â», que sait-on encore... Mais voilà, en huit grands chapitres, elle ne se contente pas du constat. Philosophe de formation, elle pose le sujet. Le problème. Précise que dans cette société de surconsommation dans laquelle nous évoluons en Occident, par exemple nous déverrouillons le téléphone portable en moyenne cent dix fois par jour ! Ce portable qui est devenu une extension de la plupart des personnes… Et que dire de tous ces écrans ? Ils sont omniprésents dans notre quotidien. Connectés, nous sommes. Dépendants, nous sommes. Pour Éliette Abécassis, une explication : aujourd’hui, nous voulons tout et n’importe quoi, tout de suite. En ce début de 21ème siècle, la vie tournerait donc autour de trois mots : avoir, vouloir, consommer.
Femme d’engagements (défense du droit des femmes et des enfants, au fil des pages dans un style toujours limpide et sans apprêt, Éliette Abécassis pointe l’« aquoibonisme Â» et l’ogre technologique, demande : « Esprit, es-tu là Â», évoque ce paysage sans foi ni loi, rappelle qu’il était une Foi- ce qui, pour bon nombre, donnait le sens de la vie… et suggère, au final, la création d’un espace e-détox, hors connexion. Elle dit aussi : « Pour ne pas se laisser aliéner par la technologie, la seule solution est de préserver des moments de pure humanité Â». Et d’ajouter : « Il faut fixer un jour précis, sinon on ne s’y tient pas Â». Ainsi, retrouver cette envie qui « est une impulsion qui nous porte, nous élève, nous renforce Â», l’envie d’y croire qu’il n’est peut-être pas trop tard pour ne pas perdre l’essentiel. Mieux : pour préserver l’essentiel- soi-même.

L’envie d’y croire. Journal d’une époque sans foi
Auteur : Éliette Abécassis
Editions : Albin Michel
Parution : 3 avril 2019
Prix : 18 €

[bt_quote style="default" width="0"](…) nous sommes dans un flux continu de communications qui lisse les valeurs et met tout au même niveau. Au sein de cet « enfer de l’identique », les informations se succèdent sans combler le vide permanent dont nous sommes prisonniers et où nous n’avons d’autre issue que de liker pour approuver. En vérité, il s’agit avant tout d’être visible, et les adolescents en mal d’identité sont les premières proies de ce narcissisme, à la fois dépressif et « hystérique », lorsque les likes et les commentaires exaltés s’accumulent sur leur profil.[/bt_quote]

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