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Une semaine de lecture avec Sonia Devillers, John le Carré et Denis Podalydès

  • Écrit par : Serge Bressan

devillersPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour une semaine : d’abord, on commence par un récit aussi ignominieux qu’inimaginable mais pourtant vrai écrit par la femme de radio Sonia Devillers ; ensuite, on enchaîne avec le livre posthume de John le Carré, maître du roman d’espionnage, et enfin, on se glisse dans un aussi pétillant qu’émouvant texte empli d’éclats de vie par l’homme de ciné et théâtre Denis Podalydès. Bonne lecture !

SONIA DEVILLERS : « Les exportés Â»

Au hasard de confidences, elle glisse : « Je pourrais dire « immigrés» ou « réfugiés ». Mais ces mots ne reflètent pas la vérité… Des êtres humains, des Juifs, et a fortiori ma propre famille, ont été « exportés Â», échangés comme de vulgaires marchandises. Car le régime communiste roumain avait mis en place un système de troc : des Juifs contre du bétail, des Juifs contre des cochons Â». Femme de radio, Sonia Devillers est passée à l’écriture, elle publie son premier livre simplement titré « Les exportés Â». Ce restera un des livres-choc de cette année 2022. Dans ce récit, après une longue enquête, l’auteure raconte l’histoire de son arrière-grand-mère, de ses grands-parents, de sa mère. Ses grands-parents, surtout- Harry et Gabriela Deleanu. Juifs de Roumanie, ils ont vécu dans « ce pays en pleine guerre froide Â» d’où « nul ne pouvait sortir Â». Sauf quand, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale et encore après, pour relancer l’économie locale, l’Etat communiste n’a trouvé comme seule solution que vendre des ressortissants juifs contre du bétail. Contre des porcs. L’organisation était minutieuse : dans ce troc indigne, chaque Juif avait un prix. Parfois même, il y avait des lots… Avec « Les exportés Â», Sonia Devillers signe un de ces livres qui bouleversent tant et tant…

Les exportés
Auteure : Sonia Devillers
Editions : Flammarion
290 pages
Prix : 19 €

 

le carréJOHN le CARRÉ : « L’espion qui aimait les livres Â»

Pour nombre d’experts ès romans d’espionnage, John le Carré en fut le maître inimitable du genre. Avant de disparaitre le 12 décembre 2020 à 89 ans, il avait pris soin de glisser dans un tiroir de son bureau quelques notes, esquisses de chapitres et aussi un roman, « L’espion qui aimait les livres Â». En cet automne, ce texte paraît à titre posthume. Et une fois encore, comme toujours, John le Carré a maîtrisé à la perfection le genre du roman d’espionnage. Là, on se retrouve dans les pas et aux côtés de Julian Lawndsley- un peu plus de 30 ans, il a travaillé à la City, à Londres ; il est à présent patron de la librairie « Aux bons livres de Lawndsley Â» dans une station balnéaire de la côte est anglaise. A peine est-il installé qu’il reçoit la visite d’Edward, un voisin immigré polonais qui laisse entendre qu’il sait nombre de choses sur sa famille et qui s’enquiert de la bonne marche de la librairie. De son côté, un responsable des Services reçoit une lettre lui indiquant qu’une taupe fait fuiter des informations confidentielles, et il décide d’aller enquêter dans la station balnéaire. Que va-t-il apprendre sur ce projet de bibliothèque idéale dans le sous-sol de la librairie ? Est-ce seulement une rumeur ? Encore un grand texte signé John le Carré.

 

 

 

L’espion qui aimait les livres
Auteur : John le Carré
Editions : Seuil
242 pages
Prix : 22€

Du même auteur:

« Retour de service » de John le Carré : jeu, set et match…

L’héritage des espions : John le Carré, hier ne meurt jamais…

 

celidanDENIS PODALYDÈS : « Célidan disparu Â»

Il est un des piliers de la troupe de la Comédie-française. Il en est le 505ème membre. On le voit aussi souvent au cinéma- dans de bons films et d’autres pour le moins passables, il revendique « le droit de faire des merdes Â». Il est aussi écrivain- très certainement le « meilleur écrivain acteur depuis Louis Jouvet Â», selon un observateur avisé. Et ces temps-ci, tout en étant sur les planches dans « Le roi Lear Â» mis en scène par Thomas Ostermeier, Denis Podalydès se glisse en librairies avec un septième livre, « Célidan disparu Â»- hommage appuyé au personnage d’une pièce de Corneille qu’il incarna à 29 ans… En six grands chapitres et plus de 330 pages bien serrées, l’auteur propose un « chant autobiographique Â», là « où je me sens le mieux dans l’écriture Â». A 59 ans, Podalydès justifie les chapitres courts de son « Célidan disparu Â» par le fait que son « temps d’écriture est soumis à mon métier d’acteur… je ne peux pas passer des journées à écrire, comme je vis dans la discontinuité permanente, le format de la nouvelle est le temps qui me correspond le mieux Â». Ainsi, il peut se promener en mots dans sa vie, de l’enfance à Versailles à aujourd’hui. Au fil des pages de roman généreux, on va ainsi croiser Jacques Higelin, Michel Leiris, Corneille, Maurice Pialat et tant d’autres. Un bonheur d’intelligence.

 

 

Célidan disparu
Auteur : Denis Podalydès
Editions : Mercure de France
338 pages
Prix : 21 €

Du même auteur:

« Les nuits d’amour sont transparentes » de Denis Podalydès : théâtre, mode d’emploi…

Le triomphe de l’amour : une récréation marivaudienne de Denis Podalydès


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