Les Classiques érotiques : un bon concept pour réchauffer les brebis égarées
- Écrit par : Guillaume Chérel
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Passons sur l’aspect commercial de la Saint-Valentin et profitons de la réédition des « classiques » de la littérature érotique, par les éditions Labourdonnaye, pour rappeler, à ceux (et icelles pucelles…ou femmes au foyer délaissées : le cœur de cible) qui souhaitent s’émoustiller, que « Cinquante Nuances de Grey », de l’américaine E.L. James, n’est qu’un ersatz d’ « Histoire d’Ô », roman français signé par Pauline Réage, publié en 1954 aux éditions Pauvert.
Rappelons également que le sexe et l’érotisme accompagnent la naissance de la littérature, depuis le « Cantique des cantiques », le Kâmasûtra, le Banquet de Platon, aux chants de Sappho, au Satyricon de Pétrone, au divin Marquis (de Sade) en passant par Casanova, et j’en passe, jusqu’à George Bataille, maître du genre. Encore faut-il s’entendre sur ce qu’est la « vraie » (bonne) littérature et la différence entre érotisme et pornographie. Vaste débat où la subjectivité a son mot à lire… Si l’on définit l’érotisme comme « la part de la littérature amoureuse qui insiste sur les plaisir de la chair » (entre adultes consentants ou non), il y a de quoi faire. Le concept d’obscénité joue un rôle dans la définition du genre. On le sait, ce qui est considéré comme obscène ici ne le sera pas là-bas. Car la morale et la culture s’en mêlent, ma bonne dame ! Revenons à nos brebis égarées.
Les « classiques érotiques » réunissent des œuvres d’auteurs autrefois censurées – et qu’on lisait sous le manteau - qui méritent aujourd’hui une reconnaissance que tous n’ont peut-être jamais eue de leur vivant. En effet, si tout le monde, ou presque, a étudié les textes de Lamartine, Voltaire, ou encore Maupassant, peu de personnes savent que ces écrivains ayant traversé les siècles rédigeaient également des récits et poèmes érotiques. Comme La Fontaine (tiens tiens…), Diderot, ou Théophile Gautier. Pour Apollinaire (et ses « Onze mille verges » on savait… Comme pour Pierre Louÿs, spécialiste du genre (4 ouvrages publiés), et Octave Mirbeau et Guy de Maupassant. Mais qui connait Mercier de Compiègne ? (« Eloge du sein des femmes »), et l’Abbé du Prat (?!), auteur de « Vénus dans le cloître »… ?
Cette collection est entièrement pensée pour dépoussiérer le genre et le remettre au goût du jour (l’objet-livre est beau). Elle revêt une apparence moderne, attirante, suggestive et des couleurs dynamiques qui donnent une nouvelle image tant à la littérature érotique qu’aux auteurs classiques. Pour obtenir un effet décoratif original, il suffit de placer les livres par ordre alphabétique (par titres puis par auteurs) : une silhouette féminine apparaît sur la tranche ainsi que sur l’ensemble des couvertures des ouvrages. Plus besoin de se cacher depuis longtemps, ni d’aller fureter à la librairie de la Musardine (rue du Chemin-Vert à Paris), spécialiste du genre, ou de guetter les parutions des Editions Blanche ». Tout est là ou presque. Et de nouveaux (nouvelles surtout) continuent de renouveler le genre.
Les Classiques érotiques, 99 titres, d’auteurs autrefois censurés, des éditions La Bourdonnaye
De 70 pages à 290 p, de 12 euros à 18 euros.