Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Direction la Suisse avec un beau livre, concocté par Antonio Rodriguez (poète et professeur de français à l’Université de Lausanne) et Isabelle Falconnier (journaliste), et délicieusement illustré par Marco De Francesco. Tout un programme déjà dans le titre : « Le poème et le territoire », et une invitation (qu’on ne refuse pas !) dans le sous-titre : « Promenades littéraires en Suisse romande ». L’éditeur précise que « la Suisse romande est une terre de poésie qui s’ignore », et en ouverture, le premier chapitre du livre évoque « une vallée lyrique dans le monde ». Femmes et hommes de lettres et de mots, nombreux sont celles et ceux qui y ont fait halte, de Victor Hugo à Jorge Luis Borges en passant par Alphonse de Lamartine, Lord Byron ou encore Rainer Maria Rilke, tout comme nombreux sont les natifs (Blaise Cendrars, Philippe Jacottet, Jacques Chessex, Corinna Bille,…). Antonio Rodriguez explique : « Loin de se résumer à la « périphérie » des littératures francophones, aux poèmes d’une minorité linguistique helvétique ou à la marge des capitales de l’industrie littéraire, cet espace vibre comme un sol poétique, oublié souvent, parfois peu connu, tant pour ceux qui y vivent que pour ceux qui le traversent ». En vingt itinéraires sur les traces des auteur.e.s et des extraits d’œuvres, une belle incitation à la flânerie- On passe de la Riviera toute en chants romantiques et populaires aux envols depuis les monts du Jura, en passant par ce dernier Eden qu’est le Valais, par Lausanne de collines et de rêves ou encore par Genève, ville et territoire à la jonction du monde. Voilà bien la preuve que la Suisse occidentale est bien un patrimoine mondial poétique. On s’y précipite, « Le poème et le territoire » sous le bras, de toute urgence !

Le poème et le territoire. Promenades littéraires en Suisse romande
Auteurs : sous la direction d’Antonio Rodriguez et Isabelle Falconnier
Editions : Noir sur Blanc
Parution : 16 mai 2019
Prix : 29 €

[bt_quote style="default" width="0"]Le soir- c’était hier- je me suis promené au bord du lac. (…) Je marchais au bord même du flot. C’était la nuit de l’équinoxe. Le lac avait cette agitation fébrile qui, à l’époque des grandes marées, saisit toutes les masses d’eau et les fait frissonner. De petites lames envahissaient par moments le sentier de cailloux où j’étais, et mouillaient la semelle de mes bottes. A l’ouest, vers Genève, le lac, perdu sous la les brumes, avait l’aspect d’une énorme ardoise. Des bruits de voix m’arrivaient de la ville, et je voyais sortir du port de Vevey un bateau allant à la pêche… »- Victor Hugo (« Le Rhin. Lettres à un ami »).[/bt_quote]