L’orangeraie : un récit bouleversant et un cri de révolte contre la barbarie
- Écrit par : Sylvie Gagnère
Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Aziz est acteur. Soudain, au cœur d’une répétition, il refuse de jouer une séquence, et s’enfuit. Le metteur en scène le suit, le pousse à raconter ce qui le bouleverse ainsi.
Aziz avait un frère jumeau, Amed, avec lequel il vivait paisiblement, avec leurs parents, à l’ombre des orangers. Un jour, alors qu’ils ont neuf ans, un obus s’abat, tuant leurs grands-parents et fracassant leur enfance. Un chef terroriste demande à leur père de nommer un de ses fils : il sera martyr, fera exploser sa ceinture, derrière les lignes ennemies, pour rendre hommage aux morts, et les venger.
Si le père se résout à ce sacrifice, par aveuglement, endoctrinement, peur, la mère refuse, de toutes ses forces. Amed ignore que son frère est condamné par une maladie incurable. Son père, lui, estime que le choisir serait une offense, et désigne donc Amed. Parce que leurs liens sont plus puissants que la rage et la colère des adultes, les deux gamins vont déjouer le destin.
L’orangeraie, de Larry Tremblay, est un récit d’une force extraordinaire. Le roman dont il est tiré a reçu un accueil public et critique enthousiaste, et a été adapté en théâtre et en opéra. Le voici remarquablement mis en images par Pierre Lecrenier.
Nous sommes devant une histoire d’amour, l’amour fraternel, l’amour maternel, qui dénonce l’absurdité de la guerre, de toute guerre. Le récit n’est ni situé ni daté, parce qu’il touche à l’universel et à l’intemporel (hélas !) Larry Tremblay parle d’endoctrinement, de croyances dévoyées, de devoir insensé, mais aussi de la puissance parfois désespérée des liens d’affection. Il parle de la stupidité des conflits, de la culpabilité des survivants, d’une rédemption possible, grâce à l’art.
Les illustrations de Pierre Lecrenier, pleines de délicatesse, viennent cueillir au plus près les émotions des personnages. Les jeux de lumière et de couleurs donnent un relief saisissant aux sentiments. L’adaptation du roman conserve toute l’intensité du texte original, tout en rendant ce conte tragique accessible à un large public.
L’orangeraie
Auteur : Larry Tremblay
Illustrateur : Pierre Lecrenier
Éditions : Rue de Sèvres
Parution : 14 mai 2025
Prix : 20 €
À partir de 13 ans