Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Sur Vénus, nous retrouvons ce monde sauvage et luxuriant qui abrite des dinosaures, des océans déchaînés et d’étranges créatures. Français et Britanniques se disputent la planète et surtout ses réserves d’éthérite. Le poète Aurélien d’Hormont, évadé des bagnes de Napoléon, s’enfonce toujours plus loin dans l’inconnu pour échapper aux soldats. De son côté, Hélène Martin, secondée par sa gouvernante, ne recule devant rien pour essayer de retrouver son amant. Bravant l’océan et ses terrifiants abysses, elles embarquent en direction de l’Île Magnétique, où se dirigent également un croiseur britannique, un sous-marin français, des pirates et des créatures télépathes. L’île abrite les réserves de l’éthérite tant convoitée. Hélène y découvre aussi les vestiges d’une mystérieuse et semble-t-il formidable civilisation.

L’univers est grandement inspiré de Jules Vernes, avec une touche steampunk, une ambiance victorienne, des clins d’œil appuyés à Spielberg et un soupçon de Lovecraft. Pas de pâle copie cependant, Alain Eyrolles a réussi à rendre hommage aux maîtres, tout en développant un monde original et très riche. Les aventures se succèdent à toute allure et nous entraînent toujours plus loin. De la visite de la nouvelle Cythère à une course-poursuite sur les eaux de la planète, d’une rencontre avec les autorités britanniques à l’exploration des profondeurs des mers, les actions, les lieux, les personnages sont multiples. La trouvaille du lien télépathique renforce la cohésion de l’histoire, en mêlant les aventures des deux amants, même à distance. Le suspense monte avec la découverte des capacités des Sargasses, et les traces d’une civilisation disparue.

Le graphisme est à la hauteur du récit, avec des compositions originales qui offrent différents points de vue sur les mêmes évènements. Le découpage dynamique tient le rythme d’une narration qui va à cent à l’heure, en n’oubliant pas au passage d’égratigner le passé colonial des empires français et britannique. La faune et la flore luxuriante de Vénus s’épanouissent grâce à Étienne Jung, dont le dessin un peu naïf aux bords colorés donne vie au décor. Le travail de Thierry Leprévost aux couleurs est remarquable, tant dans les vivacités des bleus ou des rouges que dans les ombres bleutées des profondeurs.

Les protagonistes secondaires sont travaillés et acquièrent une vraie existence, qui soutient le récit. Et bien sûr, la belle Hélène est avant tout une femme forte, intelligente, que les hommes tentent de manipuler, mais qui se révèle bien plus maligne et courageuse que nombre d’entre eux !

Tout est donc à nouveau réuni pour passer un excellent moment, dont le seul défaut est qu’il nous faut attendre la sortie du troisième et dernier tome pour connaître le dénouement de cette histoire fantastique.


Les chimères de Vénus, tome 2
Auteur : Alain Ayroles
Illustrateur : Étienne Jung
Couleurs : Thierry Leprévost

Éditeur : Rue de Sèvres

 Parution : 10 mai 2023

Prix : 15 €

Les chimères de Vénus, tome 1 : un spin-off du Château des Étoiles, original et très réussi !