Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Témoignage. Poème. Un texte d’une subtilité et d’une finesse remarquables. Pour dire la violence qui s’abat sur les petites filles, sur l’enfance sacrifiée. Des fillettes du monde entier, victimes d’injustices, de violences, de mépris, d’esclavage. Des fillettes mutilées, asservies, condamnées, prisonnières des barreaux réels ou symboliques que leur imposent les hommes.

Et puis l’espoir. L’espoir de dire « non Â», même si c’est difficile, même si c’est seulement peut-être…

Martine Delerm donne à voir toutes ces petites filles sacrifiées, qui se taisent, qu’on oblige à se taire. Antigone, celle qui a dit non, devient l’espérance de Tatiana, d’Émilie, de Fatia… pour qu’on ne les oublie pas, pour qu’on se batte à leurs côtés, pour qu’elles ne soient plus des victimes.

L’album est un cri de colère, de révolte, d’impuissance, et d’espoir. Les illustrations, des aquarelles délicates, soulignent la fragilité de ces enfants que l’on fait taire. Elles n’ont pas de bouche, parce qu’elles ne peuvent pas parler, mais, nous, lecteurs, nous pouvons parler pour elles.

Un album pour que les petites filles puissent apprendre à dire « non Â», pour que les adultes voient leur souffrance et leur désespoir, pour que l’on nomme enfin la violence infligée aux femmes par des hommes. Un album douloureux, cruel, et indispensable. 

Antigone peut-être
Autrice/ Illustratrice : Martine Delerm
Éditions : Cipango
Parution : 26 avril 2022

Prix : 19 €

À partir de 9 ans