Le monde de Nedarra: une fantasy initiatique prenante, aux questionnements très contemporains, à recommander chaudement !
- Écrit par : Julie Cadilhac
Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Byx est une Dairne. Imaginez une sorte de chien, avec des pouces opposables, une poche ventrale, l’aptitude à voler et à marcher sur deux pattes, et celle de parler ! Leur caractéristique la plus remarquable, et l’un des enjeux du roman, est leur capacité à détecter le mensonge, quel que soit le sujet ou l’interlocuteur. Improbable, certes, mais dans cet univers-là , les personnages appartiennent à des espèces qui, si elles se rapprochent de certaines que nous connaissons, sont aussi très originales, des felivet (félins géants) aux woobiks (petite créature poilue à trois queues, fidèle et courageuse).
Byx vit avec sa meute. Elle est la benjamine, la crevette, l’avorton d’une famille qui semble être la dernière de sa race. La meute a décidé de se déplacer, pour échapper aux humains et tenter de découvrir si d’autres Dairnes vivent quelque part. La nuit précédant le départ, Byx veut aller voir la mer, une dernière fois. Elle sauve la vie d’un woobik, Tobble, avec qui elle se lie d’amitié. Mais son retour au camp est tragique : toute sa famille a été décimée par les hommes. Serait-elle l’ultime survivante des Dairnes, l’ultimon ?
Accompagnée par Khara, une jeune humaine aux talents impressionnants, Byx part en voyage, à la recherche d’un endroit où, selon de vieilles légendes, les Dairnes ont vécu. Se joignent à elles Gambler le felivet, Luca l’étudiant, Renzo le voleur ou Vallino le destrier. Rapidement, le petit groupe se rend compte que les enjeux dépassent de loin la quête première de la Dairne. Leur chemin se révèlera semé d’embûches et de douleur, de trahisons et de solidarité.
Katherine Applegate pose dans ce premier tome un univers très riche, dont on saisit petit à petit les caractéristiques. Le rythme s’accélère au fur et à mesure que le lecteur se familiarise avec les différentes races, les systèmes de pensées et de gouvernement qui régissent l’ensemble. Elle introduit aussi des thèmes très actuels : l’égalité entre les sexes, et le droit pour les femmes de vivre comme elles le souhaitent, la nature profondément destructrice de l’homme, son avidité, sa soif de pouvoir et de richesse, qui l’amène à détruire d’autres espèces, pour son seul profit. La question de l’extinction des espèces et la protection de l’environnement sont également dans la trame de fond du récit, lui offrant des accents très contemporains et très puissants.
Le petit groupe de personnages auquel on s’attache est issu de différentes races, rassemblées par les circonstances et qui vont devoir apprendre à surmonter leur méfiance instinctive et leurs préjugés, pour comprendre et accepter leurs compagnons.
Ces personnages sont l’autre grande force de ce roman : attachants, complexes, évoluant au rythme de leurs (més)aventures et nouant entre eux des relations fortes. Comme ils sont présentés et intégrés à l’équipe les uns après les autres, l’autrice peut se consacrer à chacun d’eux, et prendre le temps de les développer.
Les chapitres sont courts, l’écriture très rythmée ; et si le style est simple, il est aussi très imagé et offre un vrai plaisir de lecture ! On referme ce premier volume, avec une seule question en tête : « à quand le tome 2 ? »
Sans oublier une mention spéciale à la très belle couverture de Max Kostenko !
Le monde de Nedarra – tome 1 : Celle qui reste
Autrice : Katherine Applegate
Éditions : Seuil Jeunesse
Collection : Fiction Jeunesse
Parution : 23 mai 2019
Prix : 16,50 €
Roman junior, Ã partir de 9 ans