La ballade d’Ilyas : une balade poétique à dos d’âne et de rêves fleuris
- Écrit par : Julie Cadilhac
Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Rouge est un âne qui porte des messages...un peu tête en l’air mais curieux. De cette curiosité vive qui fait les êtres passionnants.
Un jour, il amène une lettre à la Cabane de l’Ours à un certain Ilyas, ermite ne lâchant jamais sa guitare et toujours un nouveau refrain à la corde. Ensemble, parce qu’ils ne savent pas lire et qu’ils aimeraient bien déchiffrer cette lettre, ils partent à l’aventure…jusqu’à l’océan. En chemin, ils rencontrent Rose, une jeune femme ravissante qui sait cultiver son jardin…mais cette dernière ne sait pas lire non plus et leur conseille d’aller trouver un ours sympathique, patron d’une taverne. Réussiront-ils à trouver quelqu’un qui saura déchiffrer ce message? Et qu’apprendront-ils au bout du chemin?
« La ballade d’Ilyas » est un conte initiatique de très haute qualité. Poétique à souhait et porteur d’une leçon de vie aussi sage qu’attirante, ce récit s’avère une invitation au voyage et à la rêverie délicieuse. Les dessins de David Sala - notre Klimt national de l'édition jeunesse, que l’on ne présente plus et auquel la Galerie Daniel Maghen parisienne a rendu honneur avec une rétrospective du 29 juin au 21 juillet 2018- accompagnent avec brio cette balade onirique. On plonge tout à la fois dans les Nymphéas de Monet, le symbolisme flamboyant de Klimt et le psychédélisme des années soixante et dix. D’ailleurs Ilyas a quelque chose de John Lennon ( l’auteur-compositeur-interprète avait une Monkey Z50 pour se promener, c'est drôle ! ) avec ses pattes d’eph, sa barbe fournie et ses cheveux longs. Chaque illustration est une petite merveille…De la vue en contre-plongée de la cité de « Rouge » au portrait des marins aux « visages impassibles, bonnets vissés sur le crâne », de la femme à l’arrosoir se fondant dans son jardin luxuriant au rêve en « poisson aux écailles argentées » qui suit le sillage de notre âne complice.
Un album à emporter partout et pour tous ceux qui aiment embrasser le monde de mots colorés et chatoyants, de musique luxuriante et rieuse, de rêves de lune rouge et d’habits arc-en-ciel…A (s)'offrir assurément!
« - Un rêve ne mange pas comme nous, fait remarquer Ilyas.
- Un rêve se nourrit de quoi? je demande.
Sous les étoiles, Ilyas ignore ma question. Sans doute qu’une autre chanson lui trotte dans la tête. Ou alors c’est Rose qui le trouble. Rose qui a pris la place de la guitare, à ses côtés, et lui fait oublier un court instant la musique.
- De nos vies, répond-elle. Les rêves et les chansons se nourrissent de nos vies.
Je ferme les yeux. La nuit nous enveloppe. Un nuit d’encre, un ciel en papier noir où s’inscrivent des phrases secrètes, des mots qui s’effacent aussitôt. Des étoiles filantes. »
la ballade d’Ilyas
Editions: Casterman
Texte : Alex Cousseau
Dessin: David Sala
Parution : 10 octobre 2018
Prix : 15,95€
32 pages
Dès 4 ans
David Sala : La Belle et la Bête raconte « l’impossibilité de devenir un être humain entier sans amour véritable » - NOVEMBRE 2014
Qu’est-ce qui a donné envie à David Sala d’illustrer la version de La Belle et la Bête de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont?Tous ceux qui connaissent le travail d’orfèvre de l’auteur de « La colère de Banshee », « Le bonheur prisonnier », « Féroce », « Le coffre enchanté » ou encore « Folles Saisons » ne s’étonneront pas que le dessinateur ait été tenté d’imaginer les aventures de la jeune Belle, qui se sacrifie et prend la place de son père auprès d’une Bête effrayante qui se révèlera être un prince malheureux auquel on a jeté un sort. Comment rêver d’un plus bel écrin, romantique et fantastique, pour laisser libre cours à la fantaisie des couleurs et des formes? L’album, qui vient tout juste de paraître, est superbe et sera un cadeau idéal pour cette fin d’année et toutes celles d’après, pour les petits…et pour les grands; les histoires d’amour et de rédemption, en effet, n’ont pas d’âge de péremption !
Quelle a été la genèse de cet album?

Une simple envie de me confronter à un classique de la littérature jeunesse.
Vous avez choisi la version de Mme Leprince de Beaumont. Un mot sur cette Dame? Et pourquoi le choix de cette version?

C’est le sujet qui m’a porté plus que le choix de l’auteur, la version de Madame Leprince Beaumont est celle qui fait référence car la plus récente, mais le sujet de la métamorphose et de la bête est très ancien.
Dessiner l’union de la beauté et la monstruosité, c’est un pari passionnant pour un dessinateur, on suppose?

Je trouve en vérité la Bête plutôt belle ! De mon point de vue, le pari sur ce livre se situe ailleurs : réussir à apporter graphiquement quelque chose à ce texte qui a tellement été illustré, mais surtout ne pas répéter ce qui déjà été merveilleusement bien fait, je pense bien sûr au film de Cocteau.
Quel est votre » moment préféré » dans cette histoire? Comment avez-vous choisi de le montrer?

Certainement le moment où la Bête livre tout son désespoir à la Belle . Désespoir de ne pas être autre chose, de ne pas être aimé. Malgré sa force et son pouvoir immense, il met un genou à terre.
Quelle technique, matière et support avez-vous utilisé pour concevoir vos illustrations?

J’ai utilisé la peinture à l’huile que j’applique sur du papier.
Vous êtes-vous heurté à certaines difficultés lors de vos choix d’illustration de l’album? Le texte entier figure-t-il dans ce livre? Et dans sa version originale?

Illustrer une oeuvre classique c’est se confronter, comme je le disais précédemment, aux ouvrages antérieurs, à ce que nous avons tous vu et qui nous imprègne parfois malgré nous, tenter de s’en extirper est la première difficulté. J’ai choisi de faire, parfois, l’impasse sur les séquences les plus connues au profit de celles qui me touchaient plus. Nous avons, avec mon éditrice, choisi d’utiliser le texte dans son intégralité et dans sa version originale.
Si on lit le commentaire de Marie-Antoinette Reynaud, on nous y explique que c’est un conte qui » apprend aux enfants à distinguer la laideur morale de la laideur physique, à favoriser le rayonnement d’une intelligence, d’un cœur, d’une âme que rend timide un intérieur ingrat »... et plus loin que « cette histoire justifie les mariages fréquents,à cette époque, entre hommes mûrs, souvent veufs, et filles très jeunes. » Avez-vous une autre analyse?

Les lectures de ce conte peuvent être nombreuses comme les interprétations. La plus évidente est en effet celle-ci, une interprétation morale de la nécessité de dépasser les apparences au profit de l’âme. Pour ma part, j’y vois surtout l’impossibilité de devenir un être humain entier sans amour véritable.
Féroce : il ne faut pas toujours se fier aux apparences!
Féroce est un joli conte imaginé par la plume poétique de Jean-François Chabas.
Les parents seront séduits par le niveau de langue soutenu ( tout en restant accessible ) que choisit d’utiliser l’auteur pour raconter cette histoire d’amitié pas banale. David Sala y ajoute une palette de couleurs pertinente et gracieuse : le loup Féroce et son amie humaine se parent de couleurs chaudes tandis que le monde autour d’eux prend le manteau de l’hiver et ses couleurs froides. Une histoire de Vilain petit loup qui rappellera aux enfants qu’il ne faut pas toujours se fier aux apparences et que beaucoup d’entre nous ne montrent pas leur vrai visage…de peur d’exposer leur fragilité.
« Fenris croyait être fier de ce règne par la peur, mais il se mentait à lui-même. Quand une situation vous dépasse, dit-on, feignez d’en être les organisateurs. Et le loup rouge se rengorgeait. Quel être, sur cette terre, ne serait dompté par ses yeux rubis et ses crocs aigus? »
Féroce
Auteur: Jean-François Chabas
Illustrateur: David Sala
Editions: Les Albums Casterman
Prix: 16,50€
Parution: Novembre 2012
Dès 5 ans
Conte moi encore!
Imaginez un coffre éblouissant, un coffre qui promette de renfermer un trésor inestimable! Ajoutez-lui une serrure tenace et une carcasse indestructible et voici que naît un conte plein de sagesse et de péripéties palpitantes...
Dans ce récit né de l'imagination de l'incontournable Jean-françois Chabas, on prend plaisir à retrouver toutes les étapes du conte traditionnel et à plonger dans le monde merveilleux des magiciennes aux cheveux de feu, des alchimistes aux longues barbes d'argent, des hommes forts aux énormes massues, des rois impitoyables et aux punitions arbitraires, des lynx au pelage rouge sang dont le regard traverse les murs...et le talentueux David Sala, de son pinceau habile, illustre ce conte de mille et une couleurs chatoyantes, insère sur chaque image des motifs précieux et fins et coud mon tout de fil d'or et de génie...et le lecteur appréciera que l'illustrateur ait inséré une note d'ironie légère qui le trompe, le temps d'une couverture découpée , d'un leurre au crin éclatant de soleil et à l'épée vaillante. A découvrir ABSOLUMENT!fille.jpg
Le coffre enchanté
Editions: Casterman
Parution: 5/10/11
Texte: Jean-François Chabas
Illustration: David Sala
Prix: 14,95 euros.
Le bonheur prisonnier: une ode à la liberté aux couleurs de l'Asie
Dans une minuscule cage dorée, suspendue dans la cuisine de Liao, est enfermé un grillon, le protecteur de sa famille. Liao ne comprend très bien comment ce petit insecte peut avoir une influence sur leur bonheur. Un jour, il découvre avec stupéfaction que le grillon est doué de paroles et qu'il souhaite reprendre sa liberté. Comment la lui refuser? Liao se dit que sa famille se débrouillera bien sans lui. Ah, vraiment?
Le bonheur prisonnier est un très beau texte de Jean-François Chabas qui mêle ,avec une fluidité et une simplicité remarquable, poésie et humour tendre. Réflexion sur le prix de la liberté, il plonge l'enfant dans l'univers asiatique sans le noyer par trop de détails. David Sala illustre ce récit avec autant de justesse qu'il l'avait fait pour La colère de Banshee. Une symphonie de couleurs vives envahissent les pages, embrassent parfois les mots du texte en arabesques fins et on est immergé dans un bain d'émotions picturales. L'oeil y trouve des clins d'oeil délicieux ( involontaires?) à des peintres célèbres , Claude Monet et ses nénuphars, Gustav Klimt et ses portraits , le pointillisme de Georges Seurat...et bien d'autres!
Se promener au gré des pages de cet album a quelque chose de magique. La couverture, d'abord, offre aux doigts des aspérités attrayantes et aux yeux des reliefs brillants. Chaque illustration intérieure ,ensuite ,emporte plus loin l'imagination. Dans la première, dans les bras d'une arrière grand-mère "volante", se dessinent en arrière-plan des motifs de paysages traditionnels chinois... fleurs d'amandiers, hérons, montagnes enneigées...la suivante, elle, éclabousse de couleurs et de gaieté, prend un dragon articulé en bois rouge pour centre du regard, en complicité avec le chat bleu qui ne manque pas d'évoquer celui d'Alice de Lewis Carroll et s'immisce ensuite dans (presque) toutes les illustrations ....et puis dans le désordre, on reste béat devant l'apparition majestueuse de la maman de Liao, on est attiré par la nuit bleu turquoise qui inonde le salon, on aimerait rester des heures les yeux baignés dans le lac de nénuphars...
N'en disons pas plus, il est temps de vous le procurer d'urgence!
"- Grillon, grillon! Je ne peux pas faire ça! Si je te libère, nous allons perdre notre bonheur!
- Mais si moi, je reste enfermé, est-ce que tu crois que je serai heureux?" (Jean-François Chabas)
Le bonheur prisonnier
Texte : Jean-François Chabas
Illustré par : David Sala
Les albums Casterman
De 5 Ã 12 ans
Prix : 14,95 €
Parution : le 20/04/2011
L'interview
David Sala est illustrateur jeunesse et auteur de bandes dessinées. Avec Jean-François Chabas, il a créé La colère de Banshee ( janvier 2010) et le Bonheur Prisonnier ( avril 2011). Quelques questions pour percer de nouveaux secrets de son talent...
Avez-vous utilisé les mêmes techniques pour illustrer La colère de Banshee et Le bonheur prisonnier?
La technique employée est également la peinture à l'huile en effet.
Le bonheur prisonnier parle de liberté: souhaitiez-vous l'exprimer par des couleurs chatoyantes et des illustrations qui, parfois, viennent flirter avec le texte en arabesques enveloppantes?
Je travaille les images séquence par séquence. Je me laisse porter par le texte et je restitue ensuite les émotions qu'il suscite. Bien qu'il y ait un petit peu de documentation, j'essaie surtout de mettre en avant l'idée que je me fais de l'univers à illustrer.
Qu'est-ce qui vous a séduit dans cette nouvelle histoire de Jean-François Chabas?

La poésie de cette histoire, mais également l'angle par lequel Jean François aborde le thème du bonheur, la manière dont il fait sens. Les histoires de Jean François ont toujours plusieurs niveaux de lecture, elles racontent au delà du simple divertissement.
Vous utilisez sur certaines illustrations des fonds monochromes qui donnent l'impression de figer les personnages dans un tableau pour leur donner un aspect vénérable qui cadre avec la religion bouddhiste, la culture asiatique?
La culture asiatique est synonyme d'élégance, de raffinement et dans une certaine mesure de spiritualité. J'ai donc essayé de restituer au mieux ces sentiments, par le choix des couleurs , les cadrages, les costumes etc...
David Sala, un illustrateur à l’avenir brillant - MAI 2010
Au Carré d’Art nîmois, lors d’un salon où fourmillait une foule étourdie de livres, entre deux piles d’albums aux couleurs chatoyantes se tenait un illustrateur consciencieusement appliqué à dédicacer son ouvrage sous les yeux émerveillés d’une maman : se dessinait une enfant espiègle à la robe parée d’or, sous le pinceau précis et pointilliste de David Sala. Notre curiosité attisée découvrit alors "La colère de Banshee", superbe album enfantin dont la beauté graphique rivalise avec la finesse du texte de l’auteur Jean François Chabas. Le soir-même, sur son site www.davidsala.com, plaisir de découvrir un artiste protéiforme jonglant avec tous les publics et s’acoquinant même avec la peinture. Trois mois plus tard, au Salon du Livre de Paris, même scène de dédicace mais la file est beaucoup plus longue et il n’est pas besoin d’être pythie ou sibylle pour lui prophétiser un avenir brillant ! Un projet pour un nouvel album jeunesse chez Casterman sous le bras, une exposition printanière programmée à Strasbourg, la sortie du tome 2 de sa bande dessinée One of Us en juin , les projets de David Sala s’augurent sous les meilleurs auspices et nous lui adressons nos voeux les plus enjoués!
Lorsque l’on visite votre site, on découvre un artiste protéiforme: à la fois photographe, illustrateur, auteur de bandes dessinées…quelle est votre formation initiale? Vers quel Art, en premier lieu, penche votre stylet?
J’ai suivi une formation artistique classique, cinq années d’études de dessin à l’école Emile Cohl de Lyon.Les quelques disciplines que je pratique me semblent liées, je ne parviens pas à les segmenter tout simplement parce qu’elles participent de la même dynamique, j’applique différentes techniques pour finalement dire à peu près la même chose.
Lorsque l’on découvre La colère de Banshee, on est subjugué immédiatement par l’époustouflante beauté du graphisme, charmé par le choix de ce « doré » qui domine et l’on pense forcément à Gustave Klimt. Avez-vous consciemment été inspiré par le peintre?
En effet c’est un parti pris que j’ai souhaité dès le départ, dès la première lecture du texte de Jean-François Chabas : « elle est vêtue ,aujourd’hui, de sa robe d’or… » , comment résister ! Sur ce livre là , j’ai bien entendu volontairement appuyé le parallèle avec Klimt, mais de manière plus générale, je dirais que tout mon travail a profondément été marqué par le sien, ainsi que par celui d’Egon Schiele.
Comment est née cette idée de travailler sur le doré? Comment se nomme cette technique de surimpression qui donne envie aux doigts de toucher la robe de soleil de Banshee?
L’ajout de doré a été décidé assez tardivement dans l’élaboration du livre. L’idée s’est imposée petit à petit, à mesure de l’avancement de mes images. Le doré est en réalité une cinquième couleur dont je définis l’emplacement. Il est retranscrit sur un calque informatique et enfin ajouté par l’imprimeur.
Vous semblez dessiner comme un peintre. C’est à dire que vous semblez beaucoup travailler sur les perspectives, privilégier des bandes de couleurs qui font sens, utiliser des techniques impressionnistes….on se trompe?
Votre comparaison me flatte beaucoup, mais tout ceci n’est qu’une illusion. Bien qu’utilisant un médium similaire (la peinture à l’huile) cela reste bel et bien de l’illustration. Je suis au service d’un texte, et bien qu’une part de symbolisme se glisse parfois, mes images sont seulement narratives.Mais je ne désespère pas, un jour, de me confronter à la montagne qu’est la peinture.
Banshee est un personnage de l’imaginaire irlandais: vous êtes-vous inspiré d’illustrations celtiques?
Pas directement. Mais c’est un univers que je connais assez bien, qui a marqué mes premières années d’apprentissage.Vous représentez la terrible colère de Banshee, la plus puissante fée d’Irlande avec beaucoup de douceur et de rondeur. Pourquoi? Est-ce parce que votre public est enfantin? Je crois qu’avant tout je me laisse porter par ce que m’évoque le texte, il s’adresse en effet à de jeunes lecteurs et de ce fait cela influe indéniablement sur la manière dont je vais traiter mes images.
Comment avez-vous construit ce personnage? L’avez-vous « croqué » immédiatement en petite blonde capricieuse et frémissante de rage?
C’est vrai que « Banshee », s’est matérialisée assez vite, dès les premières recherches et dès les premiers croquis. Il faut croire qu’elle n’était pas très loin.
Le texte de Jean-François Chabas est extrêmement poétique. Comment avez-vous réussi, selon vous, à être fidèle à son imaginaire?
En réalité je ne suis fidèle qu’a mon propre imaginaire. Un livre est une collaboration, où chacun enrichit le travail de l’autre, Et paradoxalement, il faut parfois trahir le texte pour le restituer pleinement. L’image de doit pas répéter ce que les mots disent parfaitement, elle doit parfois même savoir « désobéir » pour espérer dire ce qui n’est pas écrit.
Vos dessins fourmillent de petites choses fines, fleurs dans les cheveux, arabesques, coquelicots…diriez-vous que les détails font tout?
Une image doit fonctionner d’abord dans son plus simple appareil avant d’envisager de lui donner plus de relief par l’ajout d’ornements et de motifs décoratifs. Un peu comme en musique, où les arrangements amplifient les harmonies de la mélodie.
Vous avez illustré d’autres livres pour enfants? Lesquels? Quelles difficultés peut-on rencontrer, lorsqu’on est illustrateur, vis à vis des auteurs?
Je ne suis encore qu’un débutant, je n’ai illustré que deux albums, la « Tatoueur de ciel « était le premier.Je n’ai pour l’instant rencontré aucune difficulté à travailler avec un auteur. Une collaboration c’est avant tout une rencontre (même si dans la plupart des cas on ne se rencontre pas physiquement), qui doit déboucher sur une confiance mutuelle.
Dans La Colère de Banshee, vous aspergez la page de couleurs rieuses. Vos illustrations pour adultes semblent, au contraire, plonger dans le sombre, flirter avec le noir et blanc. Pourquoi? Est-ce un hasard? Une esthétique choisie et revendiquée?
Je n’ai pas de formule toute prête. Mes illustrations pour « adultes » sont plus sombres parce que je traite de sujets plus sombres. Mais de manière plus générale, il me semble important, quand on est illustrateur, de chasser avec force tout systématisme. Céder à la facilité en se réfugiant derrière un savoir faire ou des astuces peut vite devenir du maniérisme.De chaque texte s’échappe un sentiment, un univers ou une émotion singulière, qui me semble impossible de retranscrire avec une seule et même « couleur ».
Enfin, avez-vous d’autres projets en cours?
Je viens de terminer une nouvelle Bande Dessinée, le tome 2 de la série « One of Us » qui devrait sortir au mois de juin prochain, et je prépare un nouvel album jeunesse aux éditions Casterman sur un très beau texte de Jean-François Chabas
La colère de Banshee
Texte : Jean-François Chabas
Illustré par : David Sala
Les albums Casterman
De 5 Ã 11 ans
Prix : 14,95 €
PARU le 06/01/2010