Menu

Deep learning Amnésie profonde : QI versus IA

  • Écrit par : Christian Kazandjian

Deep LearningPar Christian Kazandjian - Lagrandeparade.com/ Deep learning Amnésie profonde ou la rencontre improbable entre êtres humains frappés d’une oublieuse mémoire et d’une machine qui apprend à apprendre.

Ils se nomment Betty et Boris. Bientôt, ils ne se souviendront plus qui ils sont, qui ils ont été. Ils souffrent de démence, précoce dans leur cas. Ils se retrouvent dans un centre de santé, une forme de laboratoire de soins et de recherche. Les gestes les plus simples du quotidien –trouver les clés de la voiture, suivre un itinéraire en ville, jalonné de noms de rue et de numéros d’autobus- leur échappent de plus en plus, déclenchant colère et désarroi. La cheffe du service les soumet à des tests cognitifs, jouant de l’empathie et d’une douce ironie : tout est tenté –environnement familier, musique et chansons anciennes-, pour pénétrer des cerveaux qui, petit à petit, enferment la mémoire dans un vide abyssal. Intervient alors, un robot, Bina48, androïde féminisé qui a emmagasiné des milliards de souvenirs humains : tirades théâtrales, recette de gâteau, bulletins météorologiques. Cependant, cette machine-femme est douée de sensibilité, d’humour ; peu à peu discernement et libre arbitre se font jour, chez le robot, tour à tour soignant, animateur, entraîneur sportif programmé, annonçant une possible autonomie.

La place de la machine

Deap learning Amnésie profonde explore une pathologie, Alzheimer, démence sénile, du point de vue des malades eux-mêmes. En miroir, la pièce plonge dans ce monde où la machine prend de plus en plus de place, tendant à remplacer mémoire et, peut-être un jour toute pensée propre. L’intelligence artificielle (IA) peut-elle, suppléer nos absences et rétablir tout ce que le cerveau a classé dans son « disque dur » ? ; ou, pire, comme dans 2001 l’Odyssée de l’espace, peut-elle prendre le pouvoir sur les humains ? Le penser serait-ce faire fi de la capacité des êtres vivants –humains voire animaux-, de ressentir et exprimer des sentiments, de vivre en société ? Femmes et hommes, même amoindris, restent une richesse, des bibliothèques dans lesquelles puiser sa propre identité, son humanité.

L’expérience de la vie

Maniant l’’humour –souvent-, l’émotion, la pièce écrite et mise en scène par Samuel Petit, pose, loin d’une vision purement dystopique, et à l’heure où les maladies de la mémoire frappent une partie des populations dans le monde, la question même de notre humanité. Le décor, la musique, une chanson des Beatles, loin des laboratoires sophistiqués et glacés des œuvres de science- fiction, reflètent un passé récent peuplé de micro-ondes obsolètes, de plantes en pot (clin d’œil au livre de Keyes Des Fleurs pour Algernon ?), de skaï, censés aider les patients désorientés à se resituer dans l’espace et le temps. Le jeu, y compris celui chez l’androïde, restitue l’humanité, l’expérience de vie que chaque individu recèle au plus profond de soi, quel que soit son statut et sa place dans la société. Un spectacle enlevé, porté par cinq comédiens, qui interroge sur le présent et le devenir de nos civilisations confrontées à l’émergence et le perfectionnement de machines pouvant, un jour peut-être, régir et orienter nos existences. Notre essence ?

Deap learning Amnésie profonde
Texte et mise en scène  :  Samuel Petit
Avec Rosalie Comby, Marie Levy, Thomas Mallen,  Morgane Vallée et Simon Avérous

Dates et lieux des représentations:

- Jusqu’au 1er mars 2025 au Théâtre de La Reine blanche, Paris 18e (01.40.05.06.96.)


À propos

Les Categories

Les bonus de Monsieur Loyal