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Les enfants du paradis : un petit bijou de poésie de la cie Parciparlà

  • Écrit par : Xavier Paquet

paradisPar Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ A peine entrés dans la salle, l’ambiance se veut virevoltante et animée dans ce coin de paradis : grimés façon Commedia Dell’Arte, les comédiens nous accueillent avec verbe et énergie, nous alpaguent et nous immergent dans ce Paris des années 1800.

Sur le boulevard du Crime, entre deux représentations au théâtre des Funambules, théâtre de rue et de quartier, les voleurs de montre sont aussi actifs que les comédiens, camelots de la vie quotidienne locale. Scène de vie donc et scène de séduction puisque Garance, jeune femme libre, se fait aborder par Frederick Lemaître, un aspirant comédien mais rencontre aussi sur sa route le mime Baptiste, qui la sauve d’une accusation de vol.
Chacun tombe sous le charme de la belle, et rivalise de malice pour l’emmener au Grand Relais, une pension tenue par Mme Hermine, où ils logent. Jusqu’à ce que Garance, liée également au poète Lacenaire et au comte de Montray, soit également embauchée aux Funambules.

Dans cette première partie de la pièce, l’intrigue est animée et digne d’un boulevard où les situations, rebondissements et quiproquos s’enchaînent : le trio amoureux devient vite quatuor et les passions se déchaînent tant sur la scène des Funambules qu’en coulisses ou dans les arrières-chambres du Grand Relais.

La seconde partie fait une ellipse dans le temps où Frederick et Baptiste sont devenus des comédiens reconnus et populaires dont la célébrité et le bonheur sont mis à mal par le retour de Garance qui revient bousculer leurs certitudes. Autant la première partie est joyeuse et enlevée, autant celle-ci est plus lente et apporte de la dramaturgie qui, certes, contraste et fait partie de l’univers poétique de l’auteur mais aurait pu être raccourcie pour gagner en énergie.

L’ensemble est un petit bijou de poésie, où le phrasé et l’âme de conteur de Prévert excellent, et où la scénographie illumine sous nos yeux histoires et personnages comme si nous avions devant nous un manège qui fait revivre notre âme d’enfant.
La mise en scène est ingénieuse pour faire exister ces environnements avec des installations qui, en un tour de main, nous font passer du théâtre de rue à la chambre de la pension, de la rue à l’intime. Elle est agrémentée par un beau travail de recherche sur les costumes et accessoires qui apportent cette touche de magie et de poésie (quel joli temps suspendu de voir Pierrot sur sa Lune).
Les comédiens sont tous au diapason pour porter avec rythme, intensité et gouaille, l’esprit de l’époque : à l’immersion dans le public répond la générosité et le dynamisme pour interpréter les dizaines de personnages de l’histoire.
La vraie force de la pièce c’est sa troupe dont on sent la proximité, la connivence et le plaisir de jouer et de vivre ensemble : le bonheur que tous prennent sur scène transpire et imbibe chacun de leur personnage.
Il y a de la vie sur scène car il y a de la vie en dehors et c’est un bel hommage que rend la compagnie Parciparlà à l’univers de Prévert en adoptant là aussi l’esprit de troupe et les codes du théâtre de rue.

Les enfants du paradis 
Texte:  Jacques Prévert
Avec Luc Franquine, Victor Bourigault, Florian Guérin, Anne-Laure Maudet, Régis Romele, Marion Saussol, Clémence Viandier, Freddy Viau
Mise en scène : Laetitia Richard


Dates et lieux des représentations : 

- Juillet 2023 - La Chapelle des Italiens - FESTIVAL AVIGNON OFF 2023 


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