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Personne ne leur a dit ? : une leçon de philo pour les nuls!

  • Écrit par : Christian Kazandjian

philosophiePar Christian Kazandjian - Lagrandeparade.com/ Une pièce inspirée d’un essai qui parlerait d’aider les gens à s’émanciper.

Une rencontre fortuite peut-elle changer le cours d’une existence ? Ou à tout le moins, provoquer une réflexion, une envie de savoir ? En 2017, Elise Maître, lors d’un atelier au conservatoire, entend parler d’un livre : Le maître ignorant. La jeune comédienne, subjuguée, voire bouleversée par la découverte de l’essai du philosophe Jacques Rancière, décide, après une rencontre avec l’auteur, de porter le texte à la scène. Plutôt que de l’adapter, Elise Maître écrit un spectacle qu’elle joue, seule en scène, amenant le spectateur sur les traces de sa propre découverte, de l’enfance à l’âge adulte, avec le souci de partager questions et espoirs. La pièce aborde donc les sujets brûlants que sont l’éducation, la culture, la transmission, via notamment l’école, le savoir, ses freins, ses obstacles et ses joies. Avec Jacques Rancière, l’équipe de création, croit en l’idée que chacun est capable d’apprendre seul, sans occulter le rôle central de l’éducation, et celui du capital culturel familial, des contraintes sociales et économiques, des inégalités de sexe ou de genre.

Maîtres à penser, maîtres des pensées

Elise, le personnage, se donne sept jours pour réunir ceux qui l’ont accompagnée durant sa scolarité, maîtres, professeurs, élèves et ses propres parents, dont un père dont le savoir impressionne ceux qui l’ont fréquenté. Elle évoque l’enfance et ses petites friponneries, les mensonges d’adultes auxquels elle est confrontée, les faits parfois anodins qui fondent une expérience. Et les injustices, le carcan d’idées rances véhiculées par certains maîtres qui envoie sur les rails d’un parcours préétabli bridant les ambitions, voire les intelligences ; sans oublier les doutes et désillusions d’enseignants poussés à la perte d’estime de soi et au suicide. L’enfant, puis l’adolescente, tenaillée par la présence intérieure de Madame questions, déroule la galerie de portraits qui prêtent à rire ou à s’indigner. On peut ne pas partager toutes les idées de Jacques Rancière, mais, comme Elise, on ne peut qu’être d’accord avec le besoin d’émancipation, conscient ou non, que l’éducation devrait stimuler, par la confrontation d’idées et de points de vue ; il n’est pas de vérité toute nue, ni de solution mâchée et prédigérée que nous infligent certains maîtres à penser, engoncés dans la tour d’ivoire de leurs certitudes.

Les chemins de la vérité

Elise Maître participe de cette leçon de philosophie avec une pétillante énergie. Elle virevolte de l’enfance à l’âge dit de raison, puis vers la maturité entourée des objets, des chansons qui accompagnent toute une vie. Le tableau trône au centre de la scène comme un totem. Noir, marqué de craie il évoque la primaire, puis blanc il marque le passage à l’âge adulte ; s’y trouvent exposés les portraits de ceux qui ont compté dans son apprentissage de la vie du personnage et la construction de sa forte personnalité, sans que soient occultées les doutes. Et cette petite lumière, enfermée dans une cage à oiseaux n’est-elle pas cette pensée qui ne demande qu’à être libérée ? Barbant ! la philosophie ? Dans Personne ne leur a dit ? on rit beaucoup de la leçon. Et le grand Bertolt Brecht n’affirmait-il pas que « l’avenir du théâtre c’est la philosophie Â» ?

Personne ne leur a dit ?
Texte et jeu : Elise Maître
Mise en scène : Houdia Ponty

Dates et lieux des représentations: 
- Jusqu’au 23 novembre 2021( dimanche, lundi, mardi à 19h) au Théâtre Les Déchargeurs, Paris 1er (01.42.36.00.50.)


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