Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Galilée est en vedette, ces dernières années, sur les planches. La version de Cesare Capitani apporte cependant davantage de charme et de vivant que la version de Paul Claudel, peu digeste du point de vue de sa longueur et de sa précision scientifique.

" L'autre Galilée" raconte la destinée du père de la science moderne au travers d'un monologue plaisant à la première personne. Un texte né d'une adaptation de lettres de Galilée. "Déjà tout petit, j'observe les objets de façon particulière."" Le ciel me fascine". Accompagné de l'accent italien du comédien, les yeux rivés sur un plateau sur lequel un immense drap froissé fait office, sur la partie droite, de fond de scène et où trônent quelques accessoires symboliques du travail du mathématicien, géomètre, physicien et astronome, jouant d'effets d'ombres et de lumières délicats et esthétiques, et de bougies, on effectue avec une facilité déconcertante un basculement spatio-temporel... et nous voilà à Florence, à Padoue, à Rome entre le XVIème et le XVIIème siècle en compagnie d'un être sûr de lui, passionné, ambitieux et parfois même opportuniste. C'est un Galilée de chair, de sang et de sentiments qui nous est donné à voir. Un être peu conventionnel pour son époque qui vit notamment en union libre avec Marina Gamba, une jeune Vénitienne issue d'une famille modeste, ne reconnaît pas les trois enfants qu'il conçoit avec elle, Virginia, Livia et Vicenzo, par souci de ne jamais être enchaîné à rien si ce n'est à ses planètes et ses théories. Cesare Capitani incarne tour à tour le génie et l'intrigant, l'homme qui se bat pour que la science et la religion soient séparées mais aussi celui qui accepte de renier ses trouvailles scientifiques pour échapper à l'inquisition et prononce la formule d'abjuration que le Saint-office a préparée. L'acteur interprète également ses interlocuteurs, comme sa mère, protectrice et inquiète, ou encore le sifflant cardinal Roberto Francesco Romolo Bellarmino. Le menton insolent, le regard fier, ceint d'un costume aux superpositions pertinentes, Cesare Capitani offre assurément un beau portrait de Galilée. " Je dévoile la personne et non le personnage" lit-on dans la feuille de salle. Tout est dit.
" L'autre Galilée" est l'occasion inespérée de fréquenter, l'espace d'une heure, un fantôme séduisant qui nous rappelle que "la liberté de croire ne doit pas empêcher la liberté de savoir". Ceux qui avaient rencontré Caravage quelques années auparavant, campé brillamment par ce même comédien, sauront ce qu'a d'attrayant une heure en compagnie de Cesare Capitani. Ne passez pas à côté de l'opportunité de découvrir l'inventeur de la lunette astronomique ( même s'il a volé l'idée aux Hollandais), le défenseur de l'héliocentrisme copernicien et le fondateur de la physique et des sciences exactes, un être à la modernité étonnante, dans une mise en scène où l'homme supplante le personnage historique pour mieux nous y ramener...

L'Autre Galilée
De et avec Cesare Capitani
Mise en scène: Thierry Surace
Musique: Antonio Catalfamo
Lumière: Dorothée Lebrun
Costume: Vjollce Bega
Décor et accessoire: Ségolène Denis
Durée: 1h

Choix de lettres de Galilée / traduction et adaptation : Cesare Capitani

Dates des représentations:

Du 14 octobre au 28 novembre 2015 au Théâtre Le Lucernaire ( 53, rue Notre-Dame-Des-Champs, 75006 Paris)

Reprise du 13 janvier 2016 au 12 mars 2016 au Théâtre Le Lucernaire ( 53, rue Notre-Dame-Des-Champs, 75006 Paris)