Mon Ange : un texte coup de poing, une pièce magistrale sur la guerre en Syrie et le choix de la liberté
- Écrit par : Imane Akalay
Par Imane Akalay – lagrandeparade.fr / « Mon Ange » est une adaptation de la pièce d’Henry Taylor « Angel » inspirée de l’histoire réelle ou imaginée d’une jeune combattante kurde, devenue icône de la résistance à Daesh. C’est avant tout l’histoire du lien d’amour indéfectible qui unit une fille et son père. Et qui les unit tous deux à la terre qu’ils cultivent, la terre que leurs ancêtres ont cultivée avant eux près de la tristement célèbre Kobané, en Syrie près de la frontière turque. « Mon ange », c’est le petit nom que son père lui donne. Alors que Rehana désire devenir avocate, son père lui apprend le maniement des armes pour assurer son indépendance et défendre sa terre.
C’est aussi l’histoire tragique de la prise de Kobané par Daesh et d’une guerre sans merci. A l’annonce de l’arrivée des combattants de Daesh, Rehana et sa mère fuient vers la Turquie mais, arrivée à la frontière, la jeune fille rebrousse chemin pour rejoindre son père dont elle sait qu’il ne fuira pas, lui. Et commence son périple de retour vers son père et sa terre natale. Et devient combattante par nécessité morale, elle qui s’estime morte le premier jour où elle a donné la mort. Pour elle, la liberté n’est pas une option. Elle raconte son histoire, crûment, sans complaisance, car c’est nécessaire, aussi : « pour éviter qu’on l’oublie, voici notre histoire ».
Mon ange, c’est un texte coup de poing – un texte à consonance existentialiste qui rappelle l’horreur d’une guerre qui se déroule juste de l’autre côté de la Méditerranée, mais aussi le choix de l’engagement. En cela, il a une portée universelle : « Si tu ne te bats pas contre eux, c’est cette justice qui dominera. Si tu ne te bats pas tu facilites, si tu facilites tu collabores ».
Une prestation impressionnante de la toute jeune Lina El Arabi, déjà révélée au cinéma, notamment dans « Noces » de Stephan Streker. Son jeu est cru, puissant, viscéral. Droite, majestueuse dans sa détermination, elle porte le rôle magistralement.
La mise en scène de Jérémie Lipmann est superbe, noire, une déclinaison d’ombres et d’obscurité totale où la lumière se fait violente, et traite l’actrice de manière sculpturale.
Une performance magistrale sur un thème brûlant, à aller voir de toute urgence !
Mon ange
Traduit par Adelaïde Pralon
Auteur : Henry Naylor
Artistes : Lina el Arabi
Metteur en scène : Jérémie Lippmann
Décors : Jacques Gabel
Costumes : Colombe Lauriot-Prevost
Lumières : Joël Hourbeigt
Musique Originale : Adrien Hollocou
Dates et lieux des représentations:
Jusqu'au 30 décembre 2017 au Théâtre Tristan Bernard ( 64, rue du Rocher , 75008 Paris)
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