Goldoni au Déjazet : Et vive l’amour à l’Italienne !
- Écrit par : Guillaume Chérel
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Vous aimez l’amour ? Vous aimez la vie ? Vous aimez donc Goldoni (Carlo)… Lui qui se proclamait admirateur de Molière se rapproche, avec « Les Amoureux », davantage de Marivaux. Mais à l’italienne, avec force commedia dell’arte. Ou le jeu de l’amour et du bazar… « Les français sont des italiens de mauvaise humeur », disait Cocteau. Ici, même le chef de famille, volontiers violent aves ses domestiques, et âpre au gain, passe pour sympathique à la longue.
Eugénie Pandolfi vit avec sa sœur Flaminia et son oncle Fabrice, un bourgeois appauvri. Eugénie est follement amoureuse de Fulgence, un jeune homme que l’oncle déteste ; et pour cause : il est pauvre. Il interdit donc à sa nièce de le fréquenter. Pour récupérer l’argent qu’il a gaspillé aux jeux, Fabrice veut marier Eugénie au riche comte Robert d’Otricoli. Mais Eugénie aime passionnément Fulgence et en est très jalouse à cause de sa belle-sœur que le jeune homme doit héberger chez lui. Elle commence à le provoquer avec mille caprices qui mettent en danger leur amour à chaque instant. Fulgence, lui aussi, est très jaloux d’Eugénie et il perd la tête quand il découvre que le comte d’Otricoli veut l’épouser avec l’accord de Fabrice. Un soir, l’oncle Fabrice organise un dîner où tous se retrouvent à la même table et tout bascule…

Voilà donc une pièce de jeunesse revigorante du « Molière italien », sans son génie mais avec une énergie de vivre (et d’aimer) contagieuse. La mise en scène du maestro Marco Pisano, venu exprès de Rome pour l'occasion, dynamite la pièce écrite au 18e siècle, dans une adaptation déjantée façon années 60. L’amoureuse cherche des poux dans la tête de l’énamouré lequel en perd son latin et nous nous reconnaissons tous un peu dans cette comédie humaine. Sans compter la famille et le qu’en dira-t-on qui s’en mêle… Amour, quand tu nous tiens ! Cette pièce réjouissante, et rythmée, est portée par une belle troupe de comédiens (et comédiennes) franco-italiens, dans une chaleureuse salle de théâtre, le Dejazet, où vous êtes reçu chaque soir par le patron des lieux. Du coup, on s’y sent comme à la maison. Rarement le vocable « vivant » aura été plus adapté à un spectacle (il donne la pêche). Pour la simple raison qu’à la fin, tout est bien qui finit bien. Comme en Italie… Comme dans la vie. Ou presque.
Les Amoureux de Goldoni. Avec Benoit Soles, Aphrodite de Lorraine, David Halevim, Sophie Nicollas, Rotem Jackman, Yoann Sover, Elisa Alessandro.
Au théâtre Dejazet (métro République) : 41 Boulevard du Temple, 75003 Paris. Téléphone : 01 48 87 52 55 / www.dejazet.com