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Dead Centre : Chekhov’s First Play, une vision délicieusement explosive et iconoclaste made in Dublin

  • Écrit par : Julie Cadilhac

chekhov Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ L'ennui règne dans le domaine d'Anna Petrovna, jeune veuve...même en compagnie de quelques amis venus profiter de la campagne. Alors on attend Mikhaïl Vassilievitch Platonov, intellectuel hâbleur issu de la petite noblesse, jouisseur et  séducteur, qui a choisi d'être instituteur à la campagne par dépit contre la société. Ce personnage en apparence d'humeur plaisante et joyeuse se fait vite remarquer, pourtant, par son cynisme et son désespoir...Enfin ça, c'est ce qui se passe dans la pièce originale...Le Dead Centre propose quant à lui une version aussi singulière que personnelle de cette première pièce de Tchekhov, composée à l'âge de 18 ans. Très vite, en effet, la pièce bascule, l'on s'éloigne des mots du dramaturge pour laisser place à l'improvisation de comédiens au bord de la crise de nerfs. Un « dérapage existentiel » surprenant - et aussi drôle que source de réflexions sur nous-mêmes -  qui aboutit à la destruction totale de la représentation.

Tout le monde sait qu'on ne se méfie jamais trop d'une conversation. Son potentiel dramatique est sans limite. Jusqu'à la catastrophe. De là donc à en imaginer une dramaturgie, il n'y a qu'un pas - farceur - dans lequel a eu envie de plonger la compagnie du Dead Centre. Fondée à Dublin en 2012 par Bush Moukarzel et Ben Kidd, le Dead Centre a créé au Dublin Fringe en 2012 sa première pièce, "Souvenir", présentée ensuite à Londres et New York en 2013. Chekhov’s First Play est leur second projet : créé en octobre 2015, la pièce a été récompensée de "Meilleure Production" et "Meilleur son" aux Irish Times Theatre Awards. Le postulat de départ est simple : si Anton Tchekhov est un dramaturge d'une excellence incontestable, sa première pièce - erreur de jeunesse?- n'a pas encore son génie...mais elle a croisé des acteurs givrés qui lui ont superposé d'autres lignes de lecture et de jeu qui provoquent - dans un premier temps- autant l'amusement que la confusion chez le spectateur qui tente vainement d'embrasser dans sa globabilité le dialogue issu de la pièce originale et les commentaires décrochés du metteur en scène un tantinet nombriliste qui aurait besoin d'une psychanalyse...comme le reste de la troupe. Donc tout part de là...de cette parenthèse russe en villégiature qui dérape - Bien heureux saurait dire à quel moment exactement! Et tandis qu'on s'éloigne progressivement de l'intrigue de "Platonov", comédiens et public s'étourdissent de digressions existencielles et voilà l'occasion de nourrir une métaphore filée étonnante sur la vie, le rôle du théâtre, l'identité, la projection sur l'autre, le poids des conventions sociales...

[bt_quote style="default" width="0"]Il est en train de mourir mais, à part ça, tout va bien.[/bt_quote]

La première pièce de Tchekhov annonce déjà les suivantes, met déjà en place des thématiques qui lui seront chères ( "la propriété est un des thèmes de Tchekhov") , fait intervenir des personnages qui reviendront ensuite. Le Dead Centre s'amuse à nous le rappeler..par intention pédagogique? Pensez-vous! Il plaisante de la tendance naturelle d'un certain théâtre à les souligner...et, à l'allusion délicate et subtile d'une métaphore qu'il pourrait ménager, préfère bousculer avec l'allégorie fracassante. Finis les repas conventionnels où les passions, les ressentiments et les impulsions s'étouffent ou ne dépassent pas l'éclat du verbe, là les visages et les corps éclatent et impriment les émotions sans retenue. D'ailleurs, on nous rappelle : il y a un pistolet dans chaque pièce de Tchekhov, sauf dans la dernière, parce que dans la dernière, il faut enfin être courageux et affronter la vie. Mais ici, comme le dramaturge en a ajouté un, tout le monde est tenté d'appuyer sur la gachette et de s'exposer au jeu de la roulette russe...Soyez prêts ! C'est explosif ! Chekhov’s First Play est un delirium à l'ambiance sonore surprenante où autour d'un Platonov qui n'a aucun libre-arbitre, spectateur de lui-même et de ses compagnons de villégiature, s'agitent des personnages-acteurs qui en décousent avec le quatrième mur et l'existence . Un chant du cygne délirant qui tourne presque au grand-guignolesque portée avec une troupe à la pêche communicative et à la singularité remarquable!

[bt_quote style="default" width="0"]Quand on passe toute sa vie avec quelqu'un, c'est normal de ne pas se connaître.[/bt_quote]

Chekhov’s First Play
Un spectacle de Dead Centre / Irlande
En anglais surtitré en français
Avec 
Rebecca O' Mara
, Liam Carney, 
Breffni Holahan, 
Paul Reid, 
Clara Simpson
, Dylan Tighe
Texte : 
Anton Tchekhov - 
Bush Moukarzel
 et Ben Kidd
 / Scénographie
 : Andrew Clancy
 / Création son : 
Jimmy Eadie
 assisté de 
Kevin Gleeson
Lumières
 : Stephen Dodd
 assisté de 
Hannah Bowe
 / Effets spéciaux et décors
 : Grace O’ Hara
 / Costumes
 : Saileóg O’ Halloran
 assistée de 
Ellen Kirk
Prothèses et maquillages
 : Bridge Lucey / 
Assistante
 à la mise en scène : 
Briony Morgan / 
Chorégraphie : 
Liv O’ Donoghue

Le site de la Cie Dead Centre

Dates et lieux de représentations:

- Du 19 au 21 octobre 2016 au TNBA ( Bordeaux) - Dans le cadre du FAB ( Festival International des Arts de Bordeaux Métropole)

[bt_quote style="default" width="0"]Personne ne se souviendra de nous.[/bt_quote]

 

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