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« Fossora » : Björk toujours aventureuse et novatrice

  • Écrit par : Serge Bressan

bjorkPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Une confidence : « Je veux atterrir sur la planète Terre ». Cinq ans plus tôt, vivant entre Brooklyn- New York et Londres, elle flottait en utopie. A 56 ans, elle a décidé de revenir en sa terre natale, l’Islande- ce qui lui a donné la bonne idée de nous offrir un nouvel et dixième album studio, « Fossora ». Une autre confidence : « ‘’Utopia’’ était un album de science-fiction. ‘’Fossora’’, c’est ma manière de prendre en compte ce que j’ai, ici et maintenant, et de m’en satisfaire ». Un dixième album signé Björk, c’est évidemment un événement- même si la presse française a regardé cette sortie avec détachement. Pourtant, une nouvelle fois, en treize chansons, l’éternel elfe islandais rappelle que, depuis 1993 et ce premier album bien nommé « Debut », elle demeure encore et toujours l’une des plus novatrices dans ce monde musical qui ne se contente même plus du minimum syndical…

Inspiré du latin « fossor » (en VF, « personne qui « Fossora », creuse, fouit, fouille, excave, cherche dans la terre »). « Fossora » est un album formidablement, furieusement terrien et terrestre. Avec Björk, c’est « magic mushrooms » (champignons magiques dont la consommation de certains peut déclencher la vision d’éléphants roses) à tous les étages. D’ailleurs, sur la pochette, photographiée par son compatriote Vidar Logi, la chanteuse apparaît en créature de la forêt, fusionnant du bout de ses doigts avec des champignons situés sous elle… Mais surtout, ce nouvel album fuse, pétille, brille des mille feux de la créativité, de la nouveauté, de l’inventivité. A preuve, en ouverture, « Apotos » qu’elle qualifie de « mushroom rave ». Un peu plus loin, un autre titre « champigonnesque » : « Mycelia » (une pièce instrumentale). On avance, c’est, tout en espièglerie, « Fungal City », un duo avec serpentwithfeet, brillant musicien expérimental américain. On a là une chanson qui rappelle délicatement 1997 et l’album « Homogenic ».
« Fossora », c’est aussi l’album de la famille. A deux titres : d’abord, Björk a travaillé sur certaines chansons avec son fils Sindri Eldon, pour la chanson « Ancestress », et sa fille Ísadóra Bjarkardóttir Barney pour « Her Mother’s House »- la chanson qui boucle l’album. Ensuite, avec ce dixième album- dans lequel elle n’occulte à aucun moment les dérives du monde environnant, elle évoque grandement les racines et les liens familiaux. Avec, en point d’orgue paroxystique, le décès de Hildur Rúna Hauksdóttir, sa mère homéopathe et militante écolo, partie en 2018. C’est « Sorrowfull Soil », étourdissante chanson chorale, c’est aussi la magnifique, bouleversante et épique « Ancestress » dans laquelle elle chante : « My ancestress’ clock is ticking / Her once vibrant rebellion is fading / I am her hope-keeper / Assure hope is there / at all times ». La voix « björkienne » est toute en vibrations, accompagnée par des volons, un chœur et même des gamelans indonésiens- Gabber Modus Operandi, duo célèbre de la scène rave en Indonésie. Ça dure sept minutes, d’une beauté exquise, suivies de tout autant de minutes pour « Victimhood ». Aventureuse et novatrice, Björk a également repris des beats du « gabber », un sous-genre de la techno néerlandaise en vogue dans les années 1990.
Avec « Fossora », Björk a réussi le mix parfait entre la rudesse de l’électro et la sophistication de la symphonie. On en redemande. Encore et encore !

Björk : « Fossora »
Label : One Little Indian
Parution : 30 septembre 2022

La tracklist
1/ « Atopos » (feat. Kasimyn)
2/ « Ovule »
3/ « Mycelia »
4/ « Sorrowful Soil »
5/ « Ancestress » (feat. Sindri Eldon)
6/ « Fagurt Er I Fjördum »
7/ « Victimhood »
8/ « Allow » (feat. Emilie Nicolas)
9/ « Fungal City » (feat. serpentwithfeet)
10/ « Trölla-Gabba »
11/ « Freefall »
12/ « Fossora » (feat. Kasimyn)
13/ « Her Mother’s House » (feat.Ísadóra Bjarkardóttir Barney

 


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