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La Espina que quiso ser Flor o la Flor que soñó con ser Bailaora : Olga Pericet, l’éblouissante danseuse à la traîne coquelicot

  • Écrit par : Julie Cadilhac

olgaPar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ Dotée d’une licence en danse espagnole et flamenco à Cordoue, Olga Pericet est l’une des références incontournables de la « nouvelle vague » de la danse flamenco et espagnole. En 2015, lui a d'ailleurs été décerné le Prix MAX de la meilleure danseuse principale.

Virevoltante dans sa robe à volants vermillons, la bailaora, avec pour toute compagnie des castagnettes et un tronc courbé aux ramages défeuillés, après un zapateado tourbillonnant, ôte sa jupe et se prête à un excentrique essayage de talons de toutes formes qui, très vite, deviennent des accessoires fantastiques pour faire naître des images propres à l’Espagne : son taureau aux cornes fières, son toréador en habits de lumière, sa capote et sa montera… Lorsqu’elle se revêt à nouveau de son vêtement coquelicot, elle s’étourdit des percussions de ses pieds et des entrechoquements de la hembra et la macho jusqu’à ce que son corps-machine s’enraye et qu’elle tombe épuisée au sol. Fin d’un premier mouvement onirique non dénué d’humour.

Cinq silhouettes aux costumes d’ébène pénètrent alors sur le plateau et apportent quelques éléments simples de décors : une table en bois, des chaises. Ils habillent la danseuse immobile. Puis sur le plateau en bois sur lequel ils l’ont allongée débute une rythmique faite de percussions et de glissements de mains, une voix, puis deux s’élèvent, se répondent, des palmas polyrythmiques s’ajoutent et le bailaor Jesùs Fernàndez, toreo de salon, célèbre lui aussi avec son mouvement de poignet, son bassin en tension, ses floreos, cette synesthésie vibrante des sons, des images et des ressentis dermiques qu’est le flamenco. Les frôlements du bois caressent nos tympans, les percussions impriment la cadence dans notre rétine…

Les modulations des voix de Jeromo Segura et Miguel Lavi et des cordes d’Antonia Jiménez et Jose Luis Medina, le clair-obscur des tenues et des lumières et...les corps se répondent.

Jesùs Fernàndez, au déhanchement gracieux et aux talons tonitruants d’énergie, après un très beau solo donne la réplique à la danseuse qui s’est éveillée. Complices, et tout aussi charismatiques que drôles, Jesùs et Olga aux pieds synchronisés ravissent nos yeux ébahis de tant de maîtrise technique.

Puis elle reviendra seule, parée d’une robe toujours éclaboussante de rouge d’une beauté époustouflante. Accompagnée d’Antonia Jiménez (quel plaisir de voir une guitariste de flamenco, c’est si rare…et aux doigts véloces si impressionnants!), Olga Pericet joue de sa longue traîne, Andalouse ensorcelante qui imagine avec son costume d’apparat des poses d’une esthétique incomparable.

Tout le reste est à l’avenant. La scène suivante, baignée de lumières romanesques, poursuit ce voyage en terres hispaniques. Olga esquisse des pas de danse sur la table, encerclée de ses acolytes mélodiques ; il nous semble voir l’espace d’une minute magique une femme posée sur un oeillet.

La main retournant l’ourlet en cadence. Le poignet qui se casse. Le style qui se fait emphatique. De la tenue, de la gravité majestueuse et une touche délicate d’espièglerie. 

En robe rouge assortie d’une chaquetilla argentée, Olga à l’énergie époustouflante, clôture ce spectacle superbe sur une séquence en noir d’une poésie émouvante. Jouant avec une robe protéïforme remarquable, elle convoque l’allégorie de la Femme, tout à la fois capable d’exposer un sein nu ou de se cacher derrière un voile. Femme dans toute sa complexité, Femme intemporelle et universelle à la grâce du duende! Olé!


Olga Pericet
La Espina que quiso ser Flor o la Flor que soñó con ser Bailaora ( l’épine qui voulait être une fleur ou la fleur qui voulait être danseuse)
Direction artistique, chorégraphie et danse : Olga Pericet
Mise en scène et dramaturgie : Carlota Ferrer
Assistant à la direction et conseils chorégraphiques : Marco Flores
Direction musicale : Olga Pericet et Marco Flores
Composition musicale : Antonia Jiménez et Pino Losada
Espace sonore : Pablo Martín Jones
Chant : Jeromo Segura et Miguel Lavi
Guitare : Antonia Jiménez et Jose Luis Medina
Collaboration spéciale à la danse et "palmas" : Jesùs Fernàndez
Son : Ángel Olalla
Costumes : Ana Lôpez Cobos
Scénographie : Silvia de Marta
Lumière : Gloria Montesinos A.a.i.
Production : Olga Péricet
Avec le soutien de la Comunidad de Madrid / Inaem
Durée : 1h50

Dates et lieux des représentations:

- Le Mer. 6 novembre 2019 à 19hà l’Opéra Comédie (Place de la Comédie, Montpellier) dans le cadre de Montpellier Danse - Spectacle accueilli avec l’Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie
- Les 30 et 31 janvier 2020 au Théâtre National de Chaillot - Paris

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