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Marilyn Monroe, ultime et unique icône…

  • Écrit par : Serge Bressan

monroePar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Couchés sur papier, les mots cinglent, manuscrits : « oh comme j’aimerais être / morte- absolument non existante- / partie loin d’ici- de / partout mais comment le ferais-je / Il y a toujours des ponts… Â»

Dans la nuit du 4 au 5 août 1962, blonde aussi péroxydée qu’étourdissante, elle demeure une icône habitée par le mal-être, l’auteure est retrouvée morte sur son lit, dans sa modeste demeure de Brentwood, dans les environs de Los Angeles, au 12305, Fifth Helena Drive, acquise en janvier de la même année et payée à crédit… L’auteure de ces mots griffonnés, relevés dans « Fragments Â» (2010) ? Marilyn Monroe, née Norman Jeane (le « e Â» disparaîtra à l’adolescence) Baker le 1er juin 1926 dans la cité des « Angelinos Â». Mère bien barrée, père aux abonnés absents. Enfance entre cette mère foutraque et des familles d’accueil, chez des « gens de peu Â». Un viol à 8 ans, un premier mariage à 16 ans, des premières photos pour calendriers emplis de pin ups… Plus tard, brune devenue blonde toute péroxydée, cheveux et, assure la légende, pubis, elle sera interrogée- question : « Poser nue, ça ne vous posait pas de problème ? Â», réponse : « Il y avait du chauffage dans la pièce Â»â€¦

En ce soixantième anniversaire de sa mort, Marilyn Monroe demeure encore et toujours l’icône du 20ème siècle. Et même de ce 21ème siècle. Icône éternelle, icône ultime en un temps où des apprenties starlettes se prétendent influenceuses parce qu’elles se maquillent en direct sur leurs sites Internet… Certes, quelques mesquins et aigris assurent que Marilyn Monroe est un personnage créé par quelques fieffés producteurs d’Hollywood et lancé comme tout autre produit, savon, cornflakes ou aspirateur, mais avant même ce lancement, il y avait évidence : Norma Jean devenue Marilyn possédait tout ce qui allait la rendre unique, même pas concurrente des brunes « atomiques Â» que l’industrie du cinéma a tenté de lui opposer.
Après avoir été un temps court mannequin, elle a pris des cours d’« acting Â». Elle voulait jouer la comédie, Hollywood l’a attrapée au moment de son envol- en l’arnaquant, bien évidemment, et lui « offrant Â» un contrat minable de 75 dollars par semaine alors que d’autres pointaient à 100 000 dollars… En quinze ans, de 1947 à 1962, de « Dangerous Years Â» d’Arthur Pierson à « Something’s Got to Give Â» de George Cukor, elle apparaît à l’affiche de trente-deux films, nombre d’entre eux réalisés par de très grands réalisateurs (John Huston, Joseph L Mankiewicz, Howard Hawks, Fritz Lang, Otto Preminger ou encore Billy Wilder) avec des acteurs parmi les plus réputés : Tony Curtis, Jack Lemmon, Richard Fowler, Yves Montand et tant d’autres… Elle a tourné, acceptant de jouer des rôles de gentille fille, de cruche blonde, d’idiote pas dangereuse- elle a accepté, n’en pensant pas moins, ce qui la conduira à créer, avec le photographe Milton Green, et présider la société Marilyn Monroe Productions. Ainsi, femme libre revendiquant sa féminité et une liberté totale, elle choisira uniquement ce qui lui plaît et convient en tant que productrice et actrice.
monroeHabitée par un mal être chronique, elle ferme sa société de production et retourne à Hollywood. Mariée au joueur de base-ball Joe DiMaggio puis au dramaturge Arthur Miller, elle collectionne, assure là aussi la légende, les amants- parmi lesquels Frank Sinatra (qu’elle accusera de l’avoir violée) et quelques-uns de ses amis de la mafia, le Français Yves Montand ou encore les Kennedy, le président John Fitzgerald et son frère Robert. Elle entretient des relations hasardeuses avec des profiteurs, des escrocs et des voyous pour noyer sa solitude- ce dont elle s’épanchera encore sur le divan de son psychanalyste avec qui elle a parlé le soir de 4 août 1962… Au petit matin, sa gouvernante la trouvera, gisant sur son lit- le médecin dira simplement : « On ne peut plus rien faire Â» et conclura au suicide consécutif à une prise importante de somnifères. Jusqu’aujourd’hui encore, et pas seulement quand la ville dort, le mystère plane, évoquant un possible assassinat commandité par la mafia ou même le clan Kennedy. Une certitude éternelle : les hommes préfèreront toujours les blondes, surtout si elle se prénomme Marilyn, s’habille de diamants et s’enveloppe de N°5 de Chanel… Pou pou pidou !

A lire
-« Fragments Â» de Marilyn Monroe. Points / Seuil, 274 pages, 12 €.
-« Marilyn, ombre et lumière Â» de Norman Rosten. Seghers, 130 pages, 16 €.

Les 5 films indispensables

De 1947 à 1962, Marilyn Monroe figure à l’affiche de 32 films. Le premier en salle : « Dangerous Years Â» d’Arthur Pierson. Le dernier : « Something’s Got to Give Â», réalisé par George Cukor mais inachevé. Dans ces 32 films, quelques ratés et aussi quelques moments forts du 7ème Art. Parmi lesquels, dans la filmographie de l’« Ã©ternelle blonde Â», 5 longs-métrages indispensables.
« Quand la ville dort Â» (« The Asphalt Jungle Â») de John Huston (1950, 1h52) Avec Sterling Hayden, Louis Calhern, Jean Hagen,… « Doc Â» Riedenschneider, un cerveau du crime fraîchement sorti de prison, projette un cambriolage de bijouterie qui devrait rapporter un demi-million de dollars. Il recrute le perceur Louis, le chauffeur Gus, le bailleur de fonds Emmerich et le solide Dix Handley. Au début, tout se passe comme prévu mais de petits incidents perturbent la mécanique du vol et chacun se révèle faillible. Un film noir avec un petit rôle pour Marilyn…
« Les Hommes préfèrent les blondes Â» (« Gentlemen Prefer Blondes Â») de Howard Hawks (1953, 1h31) Avec Jane Russell, Charles Coburn, Elliott Reid,… Une comédie musicale avec une blonde explosive, croqueuse de diamants et une brune foudroyante éblouie par les muscles des beaux messieurs s'embarquent pour la France. Sur le paquebot se trouvent le richissime Piggie et les athlètes américains de l'équipe olympique.
« Sept ans de réflexion Â» (« The Seven Year Itch Â») de Billy Wilder (1955, 1h40) Avec Tom Ewell, Oscar Homolka, Evelyn Keyes,… Richard Sherman, un publiciste, vient de déposer à la gare sa femme et ses enfants. Il prévoit de rester seul pour les vacances d'été dans son appartement new-yorkais. Après sept ans de mariage, il fantasme allègrement sur les filles qu'il rêve de séduire. Sa solitude va vite être troublée par sa charmante voisine blonde du dessus. Il ne tarde pas à l'inviter chez lui pour prendre un verre. Une image iconique : Marilyn en robe blanche volant au-dessus de la bouche du métro…
Certains l’aiment chaud (« Some Like It Hot Â») de Billy Wilder (1959, 2h01) Avec Tony Curtis, Jack Lemmon,… Une comédie romance avec deux musiciens de jazz au chômage, mêlés involontairement à un règlement de comptes entre gangsters, qui se transforment en musiciennes pour leur échapper. Ils partent en Floride avec un orchestre féminin. Ils tombent illico amoureux d'une ravissante et blonde créature, Alouette, qui, elle, veut épouser un milliardaire…
« Le Milliardaire Â» (« Let’s Make Love Â») de George Cukor (1960, 1h58) Avec Yves Montand, Richard Fowler, Dick Dale,… Jean-Marc Clément règne sur New York et sur la Bourse. Il possède une puissante compagnie qui négocie avec le monde entier. Son argent de poche : 35 millions de centimes par semaine ! De ses ancêtres français, il a aussi hérité d'un goût prononcé pour les femmes. Mais il ne sait pas encore que sa prochaine conquête, une blonde « atomique Â», va bouleverser sa vie...

Elles ont été Marilyn, à l’écran…

Après une avant-première au Festival du Cinéma Américain de Deauville (2- 11 septembre prochains), Netflix diffusera le 23 septembre « Blonde Â», le biopic réalisé par le Néo-Zélandais Andrew Dominik et adapté du roman éponyme de Joyce Carol Oates, paru en 2000. Dans le rôle de Marilyn Monroe, l’actrice cubano-espagnole Ana de Armas. Après avoir vu le film en projection privée, la romancière a confié : « Andrew a si bien dirigé Ana de Armas qu’elle est réellement devenue Marilyn. Je n’aurais jamais pensé qu’un metteur en scène homme puisse aussi bien s’immerger dans un cerveau féminin… Â»
Avant Ana de Armas, six actrices se sont glissées dans les habits de Marilyn Monroe sur petit et grand écrans. La première d’entre elles, l’Américaine Misty Rowe, tient en 1976 le rôle principal dans « Goodbye, Norma Jean Â», le film de Larry Buchanan- elle n’y est guère convaincante. Vingt ans plus tard, c’est au tour de Mira Sorvino (Oscar du second rôle féminin 1996 pour « Maudite Aphrodite Â» de Woody Allen) de jouer Marilyn dans Norma Jean et Marilyn, un fade et triste téléfilm. En 2001, l’Australienne Poppy Montgomery est parfaite dans une mini-série télé, « Blonde Â», adaptée du roman de Joyce Carol Oates. Dix ans plus tard, dans « My Week with Marilyn Â», un film de Simon Curtis avec un casting XXL (Kenneth Brannagh, Judi Dench, Emma Watson,…), on retrouve l’actrice américaine Michelle Williams qui tente de montrer la femme derrière le mythe mais se laisse trop aller à l’imitation sans inspiration. En 2011 également, dans la série télé « Les Kennedy Â», la Canadienne Charlotte Sullivan fait peine à voir, complètement dépassée par le rôle… Enfin, en 2015 dans une autre série télé : « The Secret Kife of Marilyn Monroe Â» (avec Susan Sarandon dans le rôle de la mère de Marilyn), l’Américaine Kelli Garner évite de justesse le naufrage dans son interprétation, bien trop caricaturale…

 

marylin 


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