Par Romain Rougé - Lagrandeparade.com/ « Chair papier Â» donne corps aux mots, anatomise l’écriture, crayonne la femme dans toute sa complexité. Avec sa verve charnelle, brute et spirituelle, Juliette Brevelliero nous offre une première Å“uvre succulente.

« La femme livre Â» ouvre le recueil, comme une évidence. Comme si la poétesse, « Héroïne morcelée Â», s’était littéralement fait manger par ses propres mots, ceux-là mêmes qui vont nourrir notre plaisir à dévorer « Chair papier Â». Une expérience sensorielle, voire carnassière, tant l’écriture de Juliette Brevilliero est organique. La psyché et le corps s’entremêlent, la pulsation des mots fait battre le cÅ“ur de réflexions jamais vaines.

Et l’on ressent. Cet amour de l’écriture, l’âme de la poétesse, ces lettres-organes. La joie des jeux de mots est palpable et dans cette artère poétique afflue la féminité, entière et complexe. « Réminiscences incandescentes / de leur fougue indécente / d’effluves d’amantes qui n’aiment plus Â».

« Chair papier Â» est aussi une invitation à découvrir l’autre. Dans « Le sexe des anges Â» (qu’on aime beaucoup !) on magnifie l’altérité de l’être ; dans « L’évident imprévu Â» (autre coup de cÅ“ur), il s’agit de se lover dans une moelleuse rencontre éphémère... « Nous sommes les écritures vaines / d’un songe d’immortalité textuelle / les écrivains de l’intertextualité charnelle / Et si / mes lettres s’emmêlent aux tiennes / qu’elles foudroient l’infini. Â»

Les paroles s’envolent, les écrits restent : le très beau « Point de point, point d’apnée Â» nous souffle l’infini possible d’une relation épistolaire. Il y a dans « Chair papier Â» une douce mélancolie à la lisière de la folie, la frontière entre force et fragilité est plus qu’anémique. Si la perte et le manque jalonnent l’ensemble des poèmes, l’anatomie cathartique du livre révèle un style harmonieux et un appétit de la vie. Miam !

Chair Papier
Juliette Brevilliero
Editions Galilée
96 pages, 12 â‚¬

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