L’Ost céleste : passionnant, original, porté par une écriture incise et des personnages forts, un roman à recommander chaudement !
- Écrit par : Sylvie Gagnère
Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Patriarche féroce et banquier à l’influence redoutable, Eugen de Basfortt étend son empire sur la république de Jirone, en éliminant tout ce qui peut menacer son pouvoir. Il devra pourtant affronter des tempêtes qui risquent de le détruire.
Indira IV, reine des Francheterres, est en position beaucoup plus précaire. Appelée à régner après la disparition brutale de son père, elle doit se soumettre aux règles strictes qui régissent la monarchie dans son archipel, tandis que sa cousine lui dispute le trône. La jeune femme, peu préparée à exercer le pouvoir et déchirée entre son devoir et ses désirs, va devoir apprendre très vite pour qui, et pour quoi elle se bat.
Ces deux êtres que tout sépare entretiennent une correspondance secrète, se soutiennent et s’encouragent par leurs mots.
L’ost céleste, qui donne son titre au roman, est une énigme, presqu’une légende pour tous les peuples de l’archipel. Symbolisé par une bague que la reine Indira IV porte au doigt, il se murmure qu’il s’agit d’une arme redoutable, qu’elle peut déclencher pour défendre les siens. Moyen de dissuasion ou promesse d’apocalypse, nul ne sait vraiment ce qu’il en est.
L’ambiance est posée dès les premières pages, savant dosage de complots quasi médiévaux, de décors vénitiens et de mystère science-fictif. L’univers créé par Olivier Paquet est vraiment original, en ce qu’il nous propose une planète où différents peuples, qui ont choisi des voies différentes, s’opposent et se confrontent. République et monarchie coexistent, le pouvoir des prélats est énorme, le quotidien semble s’inscrire dans un monde entre Moyen-Âge et renaissance, mais des artefacts technologiques sont bien présents, même si l’on a perdu leur technologie, laissant supposer qu’une civilisation a vécu là , ou a été visitée.
L’essentiel du roman tend plutôt vers la fantasy, puisque les éléments de science-fiction ne se dévoilent qu’à la toute fin. Toutefois, on devine/pressent/imagine quelque chose de cet ordre au fil de la lecture.
Eugen de Basfortt et Indira IV sont deux personnalités fortes, l’un au crépuscule, l’autre à l’aube de sa vie. Tout devrait les séparer, mais tous deux détiennent un pouvoir immense, bien que très différent, et un sens aigu des responsabilités.
Dès les premières lignes, l’auteur nous rend ses personnages tellement vivants et attachants – mais pas forcément sympathiques, que l’on ne peut s’empêcher de tourner les pages, même si l’on ne comprend pas tout. Chausse-trappes et coups fourrés, trahisons et décisions terribles enrichissent une narration sans temps mort. Chaque choix a des conséquences, auxquelles nous assistons, parfois attristés, parfois révoltés, tandis que nos héros se débattent avec leurs regrets, mais également avec leurs certitudes.
Entre les chapitres, les lettres échangées par Indira et Eugen viennent ponctuer le récit et soulignent les respirations du texte.
C’est un roman assez inclassable, très original, qui n’épargne pas son lecteur, ni par la relative difficulté à y entrer, ni par la violence et la cruauté qui émaille certaines scènes. Mais la force des personnages, les interrogations auxquelles il s’attaque, et en particulier l’immense responsabilité des puissants, en font un ouvrage dans lequel on plonge avec bonheur, et qu’on ne repose qu’une fois la dernière page tournée !
L’Ost céleste est sélectionné pour le Prix Utopiales 2024.
L’Ost céleste
Auteur : Olivier Paquet
Éditions : L’Atalante
Collection : La Dentelle du Cygne
Parution : 19 septembre 2024
Prix : 22,50 €