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« Les Réveilleurs de soleil » d’Oxmo Puccino : après le rap, un premier roman délicieux et lumineux

  • Écrit par : Serge Bressan

les réveilleurs du soleilPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Une confidence sur les réseaux sociaux : « Je n’arrive pas y croire. Je pense à mes parents venus du Mali. A ma famille. Aux amis… » A 46 ans, né Abdoulaye Diarra le 4 août 1974 à Ségou (Mali), Oxmo Puccino est de retour en librairies avec un quatrième livre : après un recueil de tweets (« 140 piles »), de poésie (« Mines de cristal ») et de souvenirs d’une tournée (« Au fil du chant »), il nous arrive avec son premier roman, aussi délicieux que lumineux et enthousiasmant : « Les Réveilleurs de soleil ». Un roman qui a séduit son éditeur parisien puisque le livre bénéficie d’un premier tirage de 55 000 exemplaires…

Figure du rap francophone depuis près de vingt-cinq ans, il a été surnommé par des plumitifs en mal et panne d’inspiration le « Black Jacques Brel ». Depuis 1998 et « Opéra Puccino », il a enregistré huit albums solo, dont « L’Arme de paix » (2009, Victoire de la musique- catégorie musiques urbaines) illuminé par l’impeccable « Soleil du nord », ou encore le dernier en date, « La Nuit du réveil » (2019)- des albums portés par une voix ronde et chaude pour magnifier la poésie du quotidien. Alors, il était évident- et donc, attendu- qu’un jour, Oxmo Puccino se glisse en littérature, comme l’ont fait avant lui d’autres figures du hip hop et du slam tels Gaël Faye (« Petit pays », Prix Goncourt des lycéens 2016), Abd al Malik ou encore Grand Corps Malade. Une autre confidence d’Oxmo Puccino, sur l’origine de son roman : « Il traîne depuis des années dans ma tête, comme nombre d’autres qui attendent de trouver leur forme. J’ai toujours écrit. Pendant le confinement conséquence de la Covid-19, j’ai fait un peu de rangement et j’ai retrouvé ce texte, une courte nouvelle que j’ai eue envie de développer ».
Ainsi, lectrices et lecteurs, nous voici embarqués dans « Les Réveilleurs de soleil » et les pas d’une gamine de tout juste 10 ans, taille 1,60 m, prénom Rosie- commentaire de l’auteur : « J’ai choisi de mettre en scène une petite fille. Parce qu’un garçon, ça aurait été trop commun. Et il aurait moins de difficultés à être pris au sérieux dans ce voyage ». C’est tout simple, Rosie vit avec son grand-père Edmond qui cultive des plantes et fabrique des médicaments pour toute la région, et qui ne va pas fort depuis que le Soleil a décidé de ne plus se lever. Dans ce pays imaginaire, les plantes ne poussent plus ; alors, la gamine décide donc, pour redonner santé et goût de vivre à son grand-père et qu’il puisse à nouveau se soigner, d’aller voir Noé, l’homme le plus riche du monde. Avec sa fortune, pense-t-elle, il doit connaître le Soleil et avoir les moyens de lui demander de se lever à nouveau. Discrètement, elle est partie, chevauchant Harley, son vélo. Direction Arj-en-Ville, là où vit Noé. Elle n’a pas oublié ce qu’un jour, lui a dit son grand-père : avec l’argent, on peut tout résoudre… Donc, il suffit de demander à Noé…
En chemin, Rosie va rencontrer de délicieux personnages. D’abord, Crépuscule, dit « Crêpe », c’est le paria de la ville, personne ne lui parle, il fait peur à tous- c’est, dit l’auteur, « un enfant seul. Il porte bien son nom, il a une vision du monde assez sombre dont il va devoir se défaire. Il n’y a pas de plus beau parcours que celui qui quitte l’obscurité pour trouver des amis et quelqu’un qui l’aime ». Les deux font ami-ami. Et partent ensemble pour trouver Noé qui devrait les mener au Soleil. Auparavant, ils croiseront Aube la gardienne de la forêt, Irla la sorcière-magicienne et son mari le chat Cinno, Vénus la femme la plus belle du monde, le fameux Famos, Momo le pêcheur, un sonneur de cloches sans oublier des éléphants qui disputent des matchs d’éléphanfoot ! Quand Rosie arrive chez Noé, il lui faut sacrément négocier- l’homme le plus riche du monde est mégalo, croit que sa célébrité lui autorise tout… mais il acceptera de la mener au Soleil. Celui-ci voudra-t-il enfin se lever à nouveau ? Peut-être, mais voilà, si le problème était les nuages et non pas le Soleil ?
Comme l’indique l’éditeur, avec « Les Réveilleurs de soleil », Oxmo Puccino a écrit un conte qui flotte délicieusement entre « Le Petit Prince » de Saint-Exupéry et l’univers de Tim Burton, le réalisateur de, entre autres, « Edward aux mains d’argent », « Mars Attacks ! » et « Charlie et la Chocolaterie »… Mieux, « Les Réveilleurs de soleil » n’est pas seulement un conte, c’est aussi la belle évocation de l’énergie de la jeunesse face à l’insouciance de tant et tant d’adultes face à la crise écologique et à la vanité, pour ne pas dire la suffisance d’un monde de cycle. C’est également un livre joliment féministe, furieusement poétique où le verbe est, à toute ligne, révéré, magnifié… Alors, avec Oxmo Puccino, faisons place aux rêves d’espoir et laissons, encore et toujours, entrer le soleil !

Les Réveilleurs de soleil
Auteur : Oxmo Puccino
Editions : La Grenade / JC Lattès
Parution : 19 mai 2021
Prix : 19 €

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Extrait

« Un refrain entêtant résonne dans la tête de Rosie, alors que l’horloge au-dessus de l’évier bat la mesure.
« Encore un matin
Où le Soleil ne s’est pas levé ».
Les aiguilles indiquent huit heures. Et à cette heure, d’ordinaire, son grand-père la presserait d’accélérer la cadence et d’avaler sa dernière tartine. Mais ce matin encore, l’école est fermée, tout comme les boutiques et les lieux où les gens s’amassent pour des papiers qui provoquent des migraines administratives.
Sans avoir complètement disparu, le Soleil se contente d’apparaître timidement quelques minutes, comme s’il avait trop mal au dos, avant de se recoucher presque aussitôt, laissant une petite lueur d’espoir aussi discrète qu’une pénombre… »


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