Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Un bon écrivain est un écrivain...qui a de l'humour : voilà par quoi pourrait-on commencer! Pastichant les Dix célèbres Petits Nègres d'Agatha Christie, Guillaume Chérel s'est amusé à inventer une fiction espiègle dans laquelle il convie dix auteurs - purement imaginaires - de "l'élite germanopratine" dans le monastère de Saorge (dans lequel il a justement composé ce roman). Augustin Trapenard, un journaliste influent, doit animer, le temps d'une soirée dans ce monument des Alpes-Maritimes, un débat littéraire entre Frédéric Belvédère, Michel Ouzbek, Amélie Latombe, Delphine Végane, David Mikonos, Kathy Podcol, Tatiana de Roseray, Christine Légo, Jean de Moisson et Yann Moite...mais si les égos sont bien au rendez-vous, rien ne va se dérouler comme l'espérait chacun des protagonistes. Adieu perspective de cocktails dinatoires arrosés de champagne, rires et plaisanteries de connivence, adieu parenthèse bucolique espérée! Un Cognito alias le neveu d'Oscar Wilde ( ou pas...) en a décidé autrement. Préparez-vous à affronter des fantômes, sensibles à la qualité des productions plumitives, résolument farceurs et vengeurs!

[bt_quote style="default" width="0"]L'alcool était toujours au rendez-vous. Cela leur fournissait des histoires à se raconter plus tard, comme les poilus après la Grande Guerre.[/bt_quote]

Dans ce polar plaisantin - Guillaume Chérel ne manque ni d'humour ni d'humeurs ! - on apprécie à sa juste valeur le regard subversif apporté sur le monde littéraire français et les réflexions avisées en filigrane sur ce qu'est un auteur. Alors, bien sûr qu'on a le droit de ne pas être d'accord sur les portraits au couteau qu'il propose de ces quelques auteurs toujours en tête de gondole et pour lesquels toute ressemblance avec une personne réeellement existante n'est pas que pure coïncidence...mais l'enjeu n'est pas vraiment là: ce roman est une récréation qui n'a pas d'autre prétention que d'être drôle! Méchamment drôle certes...mais il n'est question ici que de personnages inspirés d'individus perçus au travers de la lucarne déformante de la médiatisation. Guillaume Chérel les caricature avec une cinglante tendresse, dira-t-on. On aime la licence de l'auteur qui fait bondir - ou sourire- lorsqu'on imagine par exemple les amours saphiques entre une De Roseray et une Podcol ou encore la couardise de David Mikonos devant le corps inanimé de Jean de Moisson. Le bouquin est pétri de phrases espiègles et de traits d'esprit plaisants.

[bt_quote style="default" width="0"]Quel crétin congénital composé de chair et d'os pouvait bien posséder un humour à ce point pitoyable?[/bt_quote]

Un roman d'anti-rentrée littéraire, dit-on? Pourtant vous le trouverez dans toutes les bonnes librairies!

[bt_quote style="default" width="0"]Il n'est pas rare que des résidents, surtout des femmes, quittent les lieux dès le lendemain de leur arrivée au monastère. Certaines avaient peur la nuit - des fantômes? - , ou se sentaient oppressées le jour, par le Géant endormi. D'après Francesco, c'était plutôt la feuille blanche qui les angoissait. Sans oublier les apéros qui dérapaient. Les retours au monastère sont parfois laborieux. La montée qui y mène paraît d'autant plus pentue si l'on possède une bonne descente. Pour traverser le village haut perché et remonter vers les cieux, un vrai parcours du combattant attend les plumitifs au souffle court.[/bt_quote]

Un bon écrivain est un écrivain mort
Auteur : Guillaume Chérel
Éditions : Mirobole
Prix : 19,50€
Parution: 15 septembre 2016

- En dédicace de 15h à 19h le samedi 29 octobre 2016 à la librairie du Centre Leclerc de Quimperlé

- En dédicace de 15h à 19h le samedi 3 décembre 2016 à l'Archipel des Mots - Vannes.

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