Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Comme dans une majorité des livres de Jean-Paul Dubois le personnage principal s’appelle Paul ; dans les premières pages de ce nouveau roman, Paul Katrakilis a 28 ans et vit à Miami, dans cette Floride où il est joueur professionnel de pelote basque, et vend modestement ses talents à un cercle de paris sportifs. Grâce à ce sport qu’il pratique depuis son enfance, grâce à « Nervioso Â» son ami, et son chien « Watson Â», Paul est heureux. "Je prenais chaque jour comme un bonheur simplifié, une redevance de la chance." Il jouit simplement de l’instant présent, de la lumière et de la beauté du monde, de l’amitié, de la fidélité. Paul est médecin "non pratiquant" : il a prêté le serment d’Hippocrate mais n’a jamais exercé. Paul, en fait, est un réfugié, il a fui une famille extravagante, où le suicide est une hérédité, enfermée dans des secrets jamais dévoilés, des relations ambigües entre sa mère et son oncle…un grand-père ancien médecin de Staline qui conserve comme une relique une tranche du cerveau du "Petit Père des Peuples" dans un bocal de formol….tous se sont suicidés !

Et puis son père médecin à Toulouse qui, pour ne pas faillir à une tradition familiale, se jette  à son tour du huitième étage d’un immeuble, dans une mise en scène pour le moins surprenante, grotesque et épouvantable : le visage est emprisonné, les lunettes et les mâchoires serrées dans du ruban adhésif, pour voir et ne pas crier jusqu’au dernier instant… ? Paul rentre pour organiser les obsèques de son père et la succession. Il retrouve les traces de son existence d’avant, "cette splendide médiocrité qui fait une vie", qu’il avait fui et qu’il avait presque oublié. «Un jour tu finiras par prendre ma succession Â» lui avait écrit son père comme une sentence ; il découvre la personnalité de son géniteur, insolite médecin, surprenant, particulier.

[bt_quote style="default" width="0"]Que ce fut en famille ou dans l’exercice de son métier, j’ai toujours eu le sentiment qu’il y avait chez mon père cette appétence à palper l’âme humaine et à la tripoter comme on joue avec de la pâte à modeler. [/bt_quote]

Paul s’était échappé de cette maison de l’indifférence où «chacun vivait pour soi Â», une évasion qui,pendant quatre années, l’avait mené vers sa passion de la pelote basque et une vie simple empreinte de sérénité, de plaisir……mais va-t-il éviter sa destinée, sa succession ?
Jeau-Paul Dubois questionne le lecteur sur les choix que l’on peut faire dans une vie, sur l’héritage au sens large, le destin, ces voies toutes tracées et qu’on aspire à quitter. Il aborde avec acuité le douloureux problème de la souffrance de fin de vie, de l’aide au suicide. Avec sa plume cynique, réaliste et teintée d’humour noir, l'auteur dénonce l’absurdité, la monotonie, la difficulté de se départir de ses contraintes, des clichés et des règles de la société bien-pensante, du dérisoire. Un ouvrage qui ne laisse pas insensible et indifférent.

[bt_quote style="default" width="0"]Il ne faut jamais se tromper de vie. Il n’existe pas de marche arrière. [/bt_quote]

La succession
Auteur : Jean-Paul Dubois
Editions : Edition de l’Olivier

Prix : 19€ / Parution :18 août 2016

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