Une semaine de lecture avec Liu Cixin, Ta-Nehisi Coates et Arnaldur Indridason
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour une semaine. D’abord, on commence avec le Chinois Liu Cixin, écrivain star entre science-fiction et fantastique ; on enchaîne avec l’écrivain américain Ta-Nehisi Coates pour la réédition d’un texte puissant en forme de lettre à son fils, et on boucle la semaine avec l’Islandais Arnaldur Indridason, un des meilleurs auteurs de polar contemporains pour une cinquième enquête de son héros flic retraité et obsédé par le passé… Bonne lecture !
LIU CIXIN : « L’ère de la supernova »
Pas moins de vingt et un ans aura-t-il fallu attendre pour enfin lire « L’ère de la supernova », le livre de Liu Cixin écrit en 2003.. Ancien ingénieur dans la centrale électrique de Yangquan (nord-est de la Chine), il est outre-Atlantique un des auteurs préférés de Barack Obama et d’Elon Musk, et également la coqueluche de la Silicon Valley et de Netflix. Maître en science-fiction et fantastique, il imagine cette fois un funeste corps céleste, né voilà cinq cents millions d’années sous la forme d’une étoile inconnue de la constellation du Cocher qui va finir ses jours en une spectaculaire explosion d’énergie. C’est une supernova, et son explosion va déclencher des radiations jusque sur la Terre. L’ADN de la population terrestre est irrémédiablement anéanti- sauf celle des enfants de moins de 13 ans. Ainsi, ils sont les seuls survivants de leur espèce, et très vite, vont accéder au pouvoir- les adultes, se sachant condamnés, s’empressent de leur transmettre la totalité de leurs connaissances et savoirs. Dès lors, va se poser une question- essentielle : cet héritage va-t-il suffire et satisfaire cette jeunesse immature ? Et d’autres questions comme : que vont-ils faire de ce monde qu’ils rêvent basé sur le jeu ? en cette ère de la supernova, sauront-ils éviter la guerre ?
L’ère de la supernova
Auteur : Liu Cixin
Editions : Actes Sud
468 pages
Prix : 24 €
TA-NEHISI COATES : « Entre le monde et moi »
Lors de la parution originelle outre-Atlantique en 2015 d’« Entre le monde et moi », l’auteur journaliste fut immédiatement qualifié de « chroniqueur de la rupture radicale entre noirs et blancs aux Etats-Unis » et reçut le National Book Award (catégorie non-fiction). Le livre, sous-titré « Lettre à mon fils » (qui avait, lors de la première parution, 15 ans) reparaît en ce début 2024 dans une nouvelle traduction et une préface inédite de l’auteur. Plus que jamais, « Entre le monde et moi »- titre inspiré par les mots du poète américain naturalisé français Richard Wright (1908-1960), démonte le mécanisme du racisme. Nombre d’auteur.e.s- sous la couverture de polémiste- se seraient laissés aller à une colère mal maîtrisée- il est différemment avec Ta-Nehisi Coates. Son écriture est vive, cinglante, coupante et rapeuse. Jeune homme, il a découvert les écrits de Malcolm X, ne s’est pas remis de la mort de son copain de fac Prince Jones- fils de médecin et tué par un policier… A l’âge d’homme, il pense toujours à la phrase de son père : « Si ce n’est pas moi qui te bats, ce sera la police ». Aujourd’hui, dans l’Amérique du Black Lives Matter et du spectre d’un possible retour de Donald Trump, il confie : « En grandissant, j’ai appris qu’il y avait effectivement de bonnes raisons d’avoir peur… »
Entre le monde et moi
Auteur : Ta-Nehisi Coates
Editions : Autrement
208 pages
Prix : 19 €
ARNALDUR INDRIDASON : « Les Parias »
On plonge dans le noir. On s’offre pour guide un maître du clair-obscur. Rien moins que le meilleur auteur islandais de polar, à savoir Arnaldur Indridason, à ce jour 18 millions d’exemplaires vendus dans le monde et traduit en 40 langues. Ces temps-ci, il nous envoie « Les Parias », la cinquième enquête de son flic retraité Konrad. Il ne peut s’empêcher de se mêler des enquêtes en cours, surtout si elles ont un lien avec le passé. Alors, quand une veuve se pointe à la police scientifique avec un pistolet- un Luger, il se lance dans l’enquête : l’arme aurait appartenu au mari défunt et a servi pour un crime commis en 1955. Konrad est obsédé par le passé (« dans sa carrière, il ne s’était jamais intéressé aux enquêtes irrésolues »), par l’énigme de son père assassiné- tant qu’il n’aura pas résolu le mystère, il sera habité par la colère et la vengeance. On plonge dans l’Islande des années 1960, c’est le temps de l’inflation, de la précarité, de la chasse aux homosexuels, des yeux fermés sur les agissements des pédophiles, des trafics, des flics corrompus et sans morale- c’est le temps des parias. Le temps d’une Islande sans scrupules… Et d’une écriture fluide, dans les de Konrad, Arnaldur Indridason signe un roman furieusement noir, entre passé et présent.
Les Parias
Auteur : Arnaldur Indridason
Editions : Métailié
304 pages
Prix : 22,50 €