Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr/ Il y a d’abord, le titre- magnifique : « La distance de la fuite Â». Et puis des mots en exergue : « Je l’ai aimée de la manière la plus sûre, c’est-à-dire beaucoup plus que l’autre ne vous aime Â»â€¦ Ou encore des citations de Pascal Quignard et Jean Giono… Il n’en faut pas plus pour se précipiter sur ce nouveau livre de Catherine Safonoff, grande auteure suissesse, née en 1939 à Genève. Avant toute chose et autre commentaire, une précision, d’importance, s’impose : la distance de fuite est celle que la proie doit garder avec son prédateur pour assurer sa survie… Oui, la bonne distance entre soi et l’autre… Déjà réputée pour son art de capter et fixer le quotidien, Catherine Safonoff n’apprécie rien tant que d’attraper les petits riens et la réalité de ce quotidien, de le décoder et le rapporter en faux direct. Le vécu immédiat si cher à l’écrivaine, comme d’autres ont leur l’histoire immédiate…
    Â« La distance de la fuite- l’expression m’a frappée comme image poétique touchant également les rapports humains : eux aussi sont faits de distance relative, de recherche du meilleur lien possible, proche ou lointain, explique Catherine Safonoff. Ce livre ne fait pas tant l’éloge de la fuite que du refuge qui l’oriente: les cabanes de l’enfance, un jardin, le bord d’un lac, un regard ami, une chambre à soi, la lecture Â». La fuite, le refuge, c’est aussi la fonction première et essentielle, voire unique de l’écriture chez et pour Catherine Safonoff. Cette écriture qui magnifie la solitude, qui emplit de personnes : dans « La distance de la fuite Â», des rêves et des rencontres, et aussi l’enfance et des lectures (dont celle du grand écrivain suisse Charles Ferdinand Ramuz). Présentés au fil des quatre saisons (en commençant par l’été), il y a également le jardin de Conches, le cabinet du docteur Z. Ici et maintenant, là-bas et hier… Il y a aussi les visites de Léon- qui est-il ? est-ce vraiment important de le savoir ? Il y a aussi la chatte grise, morte maintenant- comme le père, comme la mère, comme le Capitaine… tout ça, confie l’auteure, pour que le lecteur saisisse bien « combien les objets usuels se donnent de la peine pour que je comprenne la minuscule partie de l’univers qui m’est allouée Â». Dans les pages de « La distance de fuite Â», on chemine avec la mort et des paons, on voyage dans le désert. Et là, en lisant Catherine Safonoff, on capte les « instants papillons Â»- a-t-on rêvé ?

La distance de fuite
Auteur : Catherine Safonoff
Editions : Zoé
Parution : 5 janvier 2017
Prix : 18,50 euros