Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr/ Le prodige de la littérature autrichienne est de retour. A 29 ans, Vea Kaiser offre avec « L’Île des bienheureux Â», un deuxième roman aussi tendre que nostalgique. En ouverture, le décor : Varitsi, un petit village à la frontière gréco-albanaise. On y dit que « l’heure la plus sombre était celle qui précédait le lever du soleil Â». Et puis, l’époque : le printemps 1956.

Un matin, une vieille femme, Maria Kouzis, se réveille en sursaut, « elle était convaincue qu’un signe venait de lui être adressé et, au cours de sa vie, Maria Kouzis avait appris à se fier aux signes, quelle que soit la forme qu’ils pouvaient revêtir Â». On est en plein dans « L’Île des bienheureux Â», le deuxième et nouveau roman de Vea Kaiser. Une auteure autrichienne de 29 ans qu’on avait grandement apprécié pour sa première apparition dans le monde des livres en 2015 avec « Blasmusikpop Â»â€¦ Née à Sankt Pölten, la jeune femme fait figure de petit prodige de la littérature, après avoir étudié le grec ancien à l’Université de Vienne, suivi un cursus littéraire et s’être spécialisée dans le journalisme culturel.
Après les montagnes de l’arc alpin à Saint-Peter-sur-Anger où vivent des « barbares » dans « Blasmusikpop Â», Vera Kaiser emmène cette fois le lecteur à la frontière gréco-albanaise. Changement de décor peut-être mais le ton est toujours le même- comme une petite musique impériale avec Vea Kaiser. Une petite musique avec, pour premier violon, « yaya Â» Maria qui, après ce rêve prémonitoire, s’est réveillée en décidant qu’il fallait assurer la pérennité de la famille. Et à cela, il n’y a qu’une solution : non pas la révolution mais le mariage. Celui qu’elle se met en tête d’organiser entre son petit-fils Lefti et sa cousine Eleni. Problème : l’un et l’autre ne veulent pas entendre parler de cette histoire. Lefti n’a qu’un désir : qu’on le laisse tranquille. Eleni n’a qu’une ligne de conduite : elle veut décider seule de sa vie. Mais, un jour, la jeune fille se laisse aller à insulter le chef de la police locale. Conséquence : soit elle va direct en prison pour un temps indéterminé, soit elle épouse Lefti et l’affaire est réglée et oubliée. Il y aura mariage- comme l’avait souhaité et voulu Maria. Mais Eleni et Lefti ignoraient, bien sûr, que cette union sera synonyme de malheur pour la famille. Dans les mots et les phrases de Vea Kaiser, il y a, encore et toujours, du tragique, du comique. De la tendresse et de la nostalgie, aussi…

L’Île des bienheureux
Auteur : Vea Kaiser
Editions : Presses de la Cité
Parution : 26 janvier 2017
Prix : 21 euros