La sorcière : Camilla Läckberg, reine du polar des glaces
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Une histoire en trois temps, qui se répète : aujourd’hui, il y a trente ans et à la fin du 17ème siècle. Comme toujours avec la reine du polar des glaces, c’est efficace… A peine arrivée en librairies, elle caracole déjà parmi les meilleurs vendeurs de romans. Camilla Läckberg, 43 ans, dix romans, vingt millions d’exemplaires vendus dans le monde, est vraiment une reine. Et ça ne va pas s’arrêter là avec son dernier texte simplement titré « La sorcière ». On a là donc le dixième épisode de la série Fjällbacka- du nom de sa petite ville natale, une série lancée en 2003 avec « La princesse des glaces ». Depuis, on suit l’équipe du commissariat de Tanumshede. Elle est encore dirigée par l'inspecteur Patrik Hedström, toujours marié à la biographe Erica Falck. Tous deux, maîtres dans l’art de l’enquête, se sont mariés, ont eu trois enfants et quelques personnes de leur entourage ont fait le choix de se poser. En fait, dans la région du Bohuslän avec son climat fortement contrasté, la vie est un long fleuve tranquille. Du moins, en apparence…
En 700 pages de ce nouveau roman, Camilla Läckberg déroule une histoire, une intrigue à plusieurs tiroirs. Ainsi, on commence par la découverte du corps de Nea, une fillette de 4 ans. Elle vivait avec ses parents dans une ferme isolée. Elle est retrouvée dans la forêt, là même où, trente ans plus tôt, Stella (qui avait alors le même âge que Nea et habitait la même ferme) est découverte sans vie. Interviennent alors l’inspecteur Patrick Hedström et son équipe du commissariat de Tanumshede- dans le même temps, coïncidence ( ?!), Erica- la femme de l’inspecteur, travaille sur une biographie de Stella. Ainsi, on apprend qu’à l’époque, deux adolescentes de 13 ans- Helen, fille de bonne famille, et Marie, enfant de marginaux, avaient avoué le meurtre de Stella puis s’étaient rétractées. L’histoire s’accélère, bascule : en effet, Marie est devenue femme, star du Hollywood ciné et, pour un tournage, revient pour la première fois à Fjällbacka. Avec sa fille Jessie- ado obèse, mal dans sa peau et dont elle n’a que faire, elle s’est installée dans une luxueuse villa. De son côté, Helen s’est mariée avec James, militaire que le voisinage qualifie de « autoritaire et psychopathe », ami de son père et beaucoup plus âgé qu’elle ; elle vit dans une maison proche de la ferme, avec son mari et leur fils Sam. Lequel est très attiré par Jessie, et vice-versa…
Ce n’est pas fini, Camilla Läckberg- en reine éprouvée du polar, place quelques autres rebondissements. Ainsi, Erica Falck poursuit son travail sur « l’affaire Stella » et découvre que l’inspecteur en charge de l’enquête avait, à l’époque, des doutes sérieux sur la culpabilité des deux adolescentes et qu’il s’est suicidé- du moins, est-ce là la version officielle… Et puis, en magnifique reine du polaire, la romancière glisse dans « La sorcière » un second récit. Au 17ème siècle finissant, s’était déroulé un procès en sorcellerie. Une jeune veuve prénommée Elin a été recueillie comme servante par sa demi-sœur Britta, épouse du pasteur Preben. Rien de ce qui a trait aux plantes et aux sorts ne lui est étranger. Maltraitée par sa demi-sœur, harcelée par le pasteur, elle est accusée de sorcellerie. Jugée, exécutée. Au moment ultime sur l’échafaud, elle s’adresse au couple et promet la malédiction pour lui et sa descendance. Ainsi, à en croire Camilla Läckberg, nombre de crimes du temps présent peuvent être expliqués par des haines ancestrales et des histoires de sorcellerie… Ça peut paraître un peu léger comme explication mais le talent de conteuse de la reine du polar des glaces rend tout plausible !
La sorcière
Auteur : Camilla Läckberg
Editions : Actes Sud
Parution : 1er novembre 2017
Prix : 24 €