Par Félix Brun - Lagrandeparade.com / Rares sont les femmes ou les hommes qui n’ont pas pénétré dans un édifice religieux, souvent dès leur plus jeune âge, ou par consécration à une religion, ou à l’occasion d’un évènement et de voyages à l’autre bout de la terre.

L’émotion peut être forte et dépend de nos sentiments, de notre caractère, de notre curiosité, de notre âge, de la solennité du moment. L’objet de cet essai n’est autre que de favoriser l’appréciation de ces lieux, à travers leur histoire et leur architecture. Â»Les sensations sont de différentes natures. Toutes relèvent de notre histoire, de notre culture, de notre éducation, et de ce fait sont liées à une transmission, à une narration. Et toutes en appellent à notre psyché et notre sensibilité. Â»

Sept catégories au plan sensitif :
• Sacralité : c’est la représentation dans l’architecture de la notion de sacré ; en entrant dans un édifice religieux on passe du profane au sacré, cela depuis l’Egypte des pharaons aux dernières constructions dédiées à un culte avec la recherche symbolique de l’architecture.
• Sainteté : "par l’orientation, la sainteté prend forme : orientation de l’individu, de la communauté, des prêtres et de l’ensemble des croyants. Elle se matérialise par le biais de la symbolique. Les églises chrétiennes vont reprendre l’axe primordial lever-coucher du soleil, déjà observé chez les égyptiens. De même en est-il pour les plans des églises chrétiennes entre le passage du plan en forme de croix grecque à la croix latine."
• La communauté : celle des bâtisseurs et en particulier les Compagnons. « Les corporations d’ouvriers se regroupèrent per métiers dans les ateliers situés au pied des cathédrales, les loges. Â» Durant nos visites "nous découvrons leurs marques gravées dans la pierre ou sur les pièces de charpente ". "La question de la communauté[…]est indispensable pour restituer l’édifice dans sa dimension historique".
• Théâtralité. « Le monde entier est un théâtre Â» (Shakespeare). La similitude, le parallèle est surprenant entre une représentation théâtrale et un culte religieux !
• Corporéité. Selon Vitruve, « L’ordonnance des édifices religieux est fondée sur la symétrie dont les architectes doivent respecter le principe avec le plus grand soin. […]Aucun temple ne peut effectivement présenter une ordonnance rationnelle sans la « symétrie Â» ni la « proportion Â», c’est-à-dire si ses composantes n’ont pas entre elles une relation précisément définie, comme les membres d’un homme correctement conformé. Â» L’aboutissement de l’inscription du corps humain dans un cercle ou un carré est dessiné par Léonard de Vinci avec « L’Homme de Vitruve Â».
• Sensorialité. Le visiteur va mettre tous ses sens en action à l’intérieur de l’édifice, l’odorat avec l’encens ; le goût à travers l’Eucharistie, la communion et la cène ; le toucher avec le baiser, les mains empoignées, l’étreinte ; l’ouïe avec les chants, les prêches ; la vue avec les peintures, les Å“uvres d’art, les hiéroglyphes.
• Spiritualité. C’est le ressenti d’une émotion mystique dans l’espace de l’édifice : « Visiter le jardin zen du temple bouddhique Ginkaku-ji (Pavillon d’Argent) à Kyoto est une expérience débordante de spiritualité Â». La spiritualité agit en douce, et plus encore qu’un sentiment d’élévation, elle inspire un désir d’union avec l’absolu. Â»  Les trois aspects de la spiritualité sont la Lumière (jeu des bâtisseurs, « Que la lumière soit Â» ; l’Harmonie (entre les parties et le tout, entre le tout et son environnement, entre l’individu et l’espace) ; le Silence (la prière qui est « la voie de la simplicité absolue Â».

Un essai passionnant et une approche lumineuse de l’architecture des édifices religieux ; un ouvrage à partager sans hésiter. Un très bon moment de lecture.

 
Comprendre l’Architecture sacrée. L’incandescence de l’ombre.
Auteur : Vincent Borie
Editions : Arléo poche.
Collection :  Paysage et Architecture
Date de parution : 07/11/2024
Prix : 16€