Par Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ L'ouvrage décortique d'abord comment "Une lettre" opère une sorte de révolution ésthétique non sans écho au manifeste phénoménologique husserlien. Cette oeuvre dit la défaite du dire et par là-même de la littérature classique dans la mesure où Hoffmannsthal y retire au sujet parlant les filets du dogme traditionnel qui fondait tout espoir en la rhétorique et la logique. Son personnage, Chandos, voit en effet en lui s'opérer une deconstruction du dire et en même temps communique sur cette intime expérience en témoin, via l'exercice épistolaire. Mais que faire de cette sorte d'épochè s'il en est qui ouvre ici le sujet aux confins du pulsionnel, voire au mystère animal, et surtout comment sortir de l'apparente impasse où se jette tout locuteur attestant d'une parole ainsi disqualifiée? Faut-il lui apporter une conclusion wittgensteinienne? Au lieu de répondre en logicien, il convient selon Paul Ducros de tout voir dans le positionnement de Hoffmannsthal sauf un renoncement à dire. D'ailleurs l'écrivain ne cessera d'écrire quant à lui. Et tant s'en faut que la répétition, comme renouvellement de la tentative d'expliciter ce qui veut se dire mais résiste au dire, équivale au silence prôné par Wittgenstein. On appréciera à ce titre les passages que le docteur en philosophie consacre ici à la confrontation des traitements de la question chez les deux Viennois, entre autres références transversales au surréalisme , à Proust ou Van Gogh, venant ponctuer la réflexion tout au long de cette étude remarquable. Car c'est toute une culture, affranchie de l'académique refoulement, qui se trouve convoquée par le paradoxe d'une parole juste à poser sur l'indicible. Hoffmannsthal quant à lui l'aura résolu par le choix du récit poétique ancrant l'imaginaire au plus vif des affects et de la sensibilité.
Sensibilité et imagination
Auteur: Paul Ducros
Editeur: Hermann
Parution: 6 avril 2017
Prix: 28 euros
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Le festival "Le Livre à Metz - Littérature & Journalisme" qui se tenait le week-end dernier, a fêté ses trente ans de la plus belle des manières avec, entre autres, un hommage à Gotlib, disparu récemment, et de belles rencontres avec des têtes d’affiche à fort caractère, comme Guy Bedos, Richard Bohringer, Tardi et sa femme chanteuse à textes pas commode… Mais il y avait aussi le souriant Philippe Besson, et Marie Desplechin, Didier Decoin, parmi 220 invités ; sans oublier une bonne soixantaine d’auteurs régionaux.
Lire la suite : Littérature & Journalisme : le printemps des salons littéraires a commencé à Metz
Par Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/Un livre intelligent et tendre sur un sujet délicat: comment gérer les refus d'autrui? Le jeune entrepreneur et bloggeur Jia Jiang s'est frotté à l'exercice délibérément dans le cadre d'un défi de 100 jours en abordant des inconnus avec des demandes plus rocambolesques les unes que les autres, juste pour s'exposer à un rejet quasi prévisible. Une expérience osée aux conclusions constructives car, pour grandir, j'ai besoin que l'autre me dise "non" autant que de le lui dire moi-même.
Lire la suite : Jia Jang : "A l'épreuve du non" ou la thérapie par le rejet
Par Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ Titre fun et sous-titre en mode blog branché, citation légère de Juliette Gréco chantant les dimanches, couverture de style magazine pour teenagers, illustrations girly et planches de BDs, la machinerie marketing ici est au top pour inviter à ne pas se prendre le chou avec un syndrome pour lequel on aura peut-être été dépisté grave positif au premier chapitre. Outre ce test de bienvenue, des témoignages auxquels s'identifier à tous les coups, des solutions relevant du bon sens populaire, des pages de pensum en copié-collé suivies de notes vierges à noircir en mode assisté qui redemande à brasser du vent ou en admettant que de tout ce vide sorte du plein: la structure apparentée à celle d'un manuel pratique fait illusion, mais pas mouche faute de contenu sérieux et consistant.
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr/ Le siècle, le vingtième, avait dix-huit ans quand il est né. C’était à Hong Kong, le 22 octobre. Près d’un père consul du Panama à Hong Kong et d’une mère française, René de Obaldia a grandi et fait ses études à Paris, est mobilisé en 1940, fait prisonnier, se retrouve dans un camp en Pologne puis rapatrié comme « grand malade » en France en 1944. En 1956, il publie son premier roman, Tamerlan des cœurs. Il enchaînera romans, poèmes, mémoires et surtout des pièces de théâtre, parmi lesquelles l’éternelle "Du vent dans les branches de sassafras". Le 24 juin 1999, il est élu à l’Académie française où il succède à Julien Green. Dix ans plus tard, on le retrouve sur la scène du théâtre parisien du Petit Hébertot- alors, il y lit quelques-uns de ses textes… Et, tel un jeune homme de 98 ans toujours vert, il nous revient en ce début de printemps. Malicieux, René de Obaldia nous glisse un mini-livre de quatre-vingt pages délicieusement titré "Perles de vie".
Lire la suite : Perles de vie : René de Obaldia, la sagesse portative
Par Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ Lire Franz Brentano en français, ce philosophe autrichien enfin reconnu en France pour son apport à la philosophie de l'esprit, est devenu, quoique tardivement, possible. Après la parution de sa "Psychologie du point de vue empirique" dans notre langue, voici l'accès à sa "Psychologie descriptive".
Lire la suite : Psychologie descriptive : Franz Brentano et l'intentionnalité
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Les dernières semaines du quinquennat annoncent une bataille féroce pour ravir le trône de François IV….une fin de règne sous forme d’ "exit" ! François-le-ravi, le Duc de Bordeaux, Nicolas-le-teigneux, le Duc d’Evry et peut-être le Duc de Sablé…vont-ils disparaître du paysage politique ?
Lire la suite : Chronique d’une fin de règne : un pamphlet remarquable
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr/ Grand joueur d’échecs, Denis Grozdanovitch a évolué à un haut niveau dans les sports de raquette : champion de France juniors 1963 en tennis, champion de France de 1975 à 1979 en squash et champion national de courte paume. Diplômé de l’IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques) de Paris, il est venu tardivement à l’écriture en publiant, en 2002 chez l’éditeur José Corti, son premier livre- « Petit traité de désinvolture »… à 56 ans. Depuis, en esthète du jeu de raquette, il pratique, dans le monde des livres, l’art de la flânerie. Une flânerie qui l’a mené, de désinvolture en éternel féminin en passant par le hasard et la mécanique spirituelle, jusqu’à la bêtise, objet de réflexion de son récent et nouvel essai, « Le génie de la bêtise ».
Lire la suite : Denis Grozdanovitch : quand la bêtise a du génie…
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Pour les plus jeunes, rappelons que Bruno Masure fut le présentateur du JT de TF1 puis de France 2 dans les années 90. Homme-tronc connu pour son humour incisif, il est le chaînon manquant entre Yves Mourousi et PPDA. Mais n’oublions pas feu Bernard Rapp, bon écrivain (qui anima l’Assiette Anglaise) et Hervé Claude, qui écrit aussi d’excellents polars. Bref, après sa carrière de journaliste vedette, très « vu-à-la-télé », Bruno s’est mis à l’ombre pour écrire de nombreux ouvrages, dont "Enquête sur mon assassinat", "Le journal d’une curée de campagne", "La Télé rend définitivement fou !", tous parus chez Chiflet&Cie.
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ L’historien Pierre Rosanvallon a imaginé en 2014 pour les éditions du Seuil, le programme « Raconter la vie » qui a pour objet de faire le « roman vrai de la société française ». Ainsi Annie Ernaux a tenu le journal de ses visites mercantiles à l’hypermarché Auchan de Cergy-Pontoise, en consignant ses considérations, ses impressions, ses constats, ses critiques. « C’est la grande distribution qui fait la loi de nos envies. » L’hyper est certainement le seul lieu sociétal où se croisent toutes les catégories de la société contemporaine, un observatoire du monde moderne dans tous ses domaines : la condition féminine, l’immigration, la religion, les cultures, les loisirs, le système d’économie libérale et mondialisé, les rapports humains, les inégalités…
Lire la suite : Regarde les lumières mon amour : quand les rayons de l’illusoire sont illuminés !
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ « C’était une évidence désormais, jamais je ne retournerais dans l’une de ces maisons centrales pour journalistes où l’on écrivait le mot liberté sur la grille d’entrée pour chaque jour mieux la saccager », écrit Aude Lancelin dans "Le monde libre", prix Renaudot Essai. Mais que s’est-il passé pour en arriver à ce constat ? Laissons-la continuer : « Jamais plus je ne me contenterais de glisser la vérité seulement dans quelques interstices, heureuse lorsque la chose n’était ni détectée, ni réprimée. Jamais je n’accepterais plus longtemps l’humiliation d’avoir mon rond de serviette au milieu de tous ces auxiliaires d’une gauche trompeuse, œuvrant sans relâche à la démolition de la vraie. »
Par Nicolas Bodou - Lagrandeparade.fr/ Là où il y une volonté, il y a un chemin dit le proverbe, mais ce chemin peut être parfois celui des urgences … C’est en effet le sujet de ce petit livre assez hilarant, qui parle des cas particuliers que peuvent parfois traiter les urgentistes, après que certaines personnes aient voulu tester, avec passion sans doute, l’élasticité d’un orifice…
Lire la suite : Stéphane Rose : cinq fruits et légumes par jour, mais où ?
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Nos livres d’histoire relatent les exploits de l’escadrille Normandie-Niemen ; ont-ils évoqué une seule fois le 122ème groupe d’aviation créé dès 1941 par Marina Raskova? Cette unité de chasseurs et de bombardiers est exclusivement composée de femmes, aviatrices, ingénieurs, mécaniciens...ces « sorcières de la nuit » bombardent les lignes allemandes alors que l’armée rouge recule, et que les troupes nazies sont aux portes de Léningrad et proches de Moscou.
Lire la suite : Les Combattantes : les aviatrices soviétiques oubliées de l’Histoire
Un livre de critique littéraire de plus? Une leçon de maître de cette discipline? Du moins le parcours d'une âme avertie et esthète au milieu d'oeuvres clés de l'art, celle de l'incontournable Jean Starobinski. Le présent ouvrage, préfacé par Martin Rueff, compile une centaine d'articles du critique sur la littérature, la peinture et la musique. L’herméneutique starobinskienne s'articule sur des axes spécifiques: pour le critique, intérpréter c'est aimer, et il faut bien connaître pour bien aimer. C'est aussi restituer dans son contexte d'élaboration toute oeuvre d'art. Celui qui intéresse précisément Jean Starobinski est l'histoire des idées.
Lire la suite : La beauté du monde : l’herméneutique starobinskienne en 100 articles
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