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Une semaine de lecture avec Metin Arditi, Belinda Cannone et Lorenza Mazzetti

  • Écrit par : Serge Bressan

ArditiPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec l’auteur suisse francophone d’origine turc Metin Arditi, maître conteur pour le premier tome de la « trilogie de Constantinople ». On enchaîne avec Belinda Cannone qui a rencontré quinze de ses consoeurs et confrères pour savoir « comment écrivent les écrivains ». On boucle avec la magnifique Italienne Lorenza Mazzetti évoquant l’épisode de sa vie à Londres, entre résilience et création. Bonne lecture !

METIN ARDITI : « Le danseur oriental »

Début de l’affaire : septembre 1912. L’Empire ottoman vit son crépuscule, on est dans les sous-sols du palais de Dolmabahçe, au réfectoire des pâtissiers : Sabri le Colosse annonce à Ahmet Baba, le chef pâtissier du sultan, que son fils va être recruté pour en faire un champion de lutte, sport traditionnel national. Quelques pages plus dans « Le danseur oriental », le tome 1 de « La Trilogie de Constantinople », Metin Arditi, écrivain suisse francophone d’origine turque, propose un saut dans le temps, jusque l’automne 1918- les forces alliées sont arrivées dans le Bosphore, et Gülgül, le fils d’Ahmet a ajouté à la force la belle allure. On apprend qu’Ahmet n’est pas son père, il est le fils du calligraphe du sultan juif converti à l’islam et d’une mère chrétienne… Quand l’Empire tombe, il ne sera pas lutteur mais se retrouve dans une maison close, un couple de prostituées le prend en affection, le fait participer à ses ébats et lui apprend la danse orientale, art dans lequel il brille, déguisé en femme. La République s’installe, Constantinople est cosmopolite, Gülgül, champion national de lutte, aide à déjouer un attentat visant Kemal Atatürk et vit une liaison avec Bella, grande bourgeoise plus âgée que lui. Une fois encore, Metin Arditi confirme qu’il est un merveilleux conteur…

« Le danseur oriental »
Auteur : Metin Arditi
Editions : Grasset
402 pages
Prix : 23 €

cannoneBELINDA CANNONE : « Comment écrivent les écrivains »

Une confidence et une interrogation : « Depuis mes premiers pas d’écrivain, je me demande comment font les autres pour affronter les aléas du métier- vertige du commencement, passages à vide, crainte de l’asséchement, échecs… » Alors, romancière, nouvelliste (« Les Vulnérables », 2024) et essayiste (« Petit éloge de l’embrassement », 2021), Belinda Cannone a posé trois questions- « Et toi, tu travailles comment ? Avec quelle régularité ? Dans quel cadre ? » à quinze de ses ami.e.s d’écriture- parmi lesquel.le.s Miguel Bonnefoy, Emmanuel Carrère, Jean Echenoz, Marie-Hélène Lafon ou encore Marie Ndiaye. Leurs réponses, elle aurait pu simplement le retranscrire- elle fait mieux : un livre polyphonique pour un discours de la méthode, c’est titré « Comment écrivent les écrivains » et c’est passionnant. Décliné en quinze thèmes et une conclusion, le livre cite Emmanuel Carrère évoquant son « fantasme de la régularité », Marie Ndiaye un « songe créateur » tandis que les poètes Gérard Macé et Jean-Pierre Siméon avouent pratiquer « l’écriture mentale ». Et puis, d’une formule pirouette, Jean Echenoz, l’auteur du récent et formidable Bristol, lance « La seule solution, c’est de s’y mettre ». Et maintenant, toutes et tous, ne vous retenez pas, lancez-vous, écrivez !

« Comment écrivent les écrivains »
Auteure : Belinda Cannone
Editions : Thierry Marchaisse
210 pages
Prix : 20 €

mazzettiLORENZA MAZZETTI : « Carnet de Londres »

L’Histoire la tient pour effrontée. Elle, simplement, elle a réalisé un documentaire titré « Je suis géniale » (2016). Italienne, Lorenza Mazzetti est née le 26 juillet 1927 à Rome où elle est morte le 4 janvier 2020. On la connaît réalisatrice, peintre et écrivaine avec « Le Ciel tombe » (2024) et, maintenant en VF, pour « Carnet de Londres »- et l’on découvre sa vie hors norme avec drame, création (du mouvement Free Cinema avec Lindsay Anderson) et avant-garde. En un peu plus de 150 pages en mots et photos, dans ce « Carnet de Londres » paru originellement en 2014, elle raconte sa vie dans la capitale britannique, après une enfance difficile en Toscane chez ses oncle (de la famille d’Albert Einstein). Elle passe quelque temps à la Slade School of Fine Art, y vole du matériel ciné pour réaliser son premier court métrage. Plutôt que de la punir, le directeur lui ouvre les portes du 7ème Art, elle va ainsi réaliser son premier film et fonder, au mitan des années 1950, le Free Cinema avec Anderson et aussi Tony Richardson et Karel Reisz. Elle s’éloignera du cinéma, dirigera un théâtre de marionnettes, peindra et présentera « Album de famille. Histoire d’une petite fille sous le fascisme » (une expo de quatre-vingts tableaux), écrira… Et Lorenza Mazzetti passa une vie de jeu et de tragique.

« Carnet de Londres »
Auteure : Lorenza Mazzetti
Editions : La Baconnière
154 pages
Prix : 19 €

 

 


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