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Des Jeux olympiques à pleines pages

  • Écrit par : Serge Bressan

archambaultPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Avec les Jeux olympiques et paralympiques, pendant six semaines, Paris va être la capitale du monde pour plus d’un million de spectateurs et d’un milliard de téléspectateurs. Ce sera tout simplement l’événement sportif de l’année, on le décode en cinq livres indispensables. Revue de détails, et bonne lecture !

FABIEN ARCHAMBAULT : « Les légendes du siècle »

L’histoire des Jeux olympiques a inspiré tant et tant de livres. Donc, pour tout.e auteur.e approchant le sujet à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, il y avait nécessité de trouver un angle, un thème original. Ce que, avec « Les légendes du siècle », a fait Fabien Archambault, spécialiste de l'histoire culture et politique du XXe siècle, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris- Sorbonne et auteur en 2022 du remarqué « Coups de sifflet » (« Une histoire du monde en onze matchs »). Sous-titré « Une histoire des Jeux en douze médailles », ces « Légendes du siècle » sont venues à l’auteur se remémorant de la victoire de l’Ethiopien Abebe Bikila lors du marathon olympique à Rome en 1960. Tout y était pour faire légende : la première d’or aux JO d’un sportif d’Afrique, le contexte politique, la vitesse de la course (les 10 premiers dans un meilleur temps que le record du monde)… et Bikila courant pieds nus… Parmi les douze légendes (six hommes, six femmes) représentant cinq continents et douze disciplines pour « évoquer la diversité de la culture sportive » et retenues par Fabien Archambault, Pierre de Coubertin (1863- 1937), fondateur des JO modernes et… médaille d’or de littérature ! Et aussi une joueuse de tennis française, une sauteuse en hauteur canadienne, des volleyeuses japonaises, un coureur finlandais, des étudiants afro-américains, des basketteurs soviétiques, une gymnaste russe, une tireuse à l’arc tétraplégique, un boxeur cubain… Avec elles et eux, on comprend pourquoi les JO ont une résonance mondiale alors qu’ils auraient pu disparaitre…

Les légendes du siècle
Auteur : Fabien Archambault
Editions : Flammarion
256 pages
Prix : 19 €

 

jamaiqurSYLVAIN BAZIN : « Les 50 coureurs qui ont marqué l’histoire »

Courir sur piste, sur route ou sur les chemins montagneux. Plus vite, toujours, hier, aujourd’hui, demain… Ainsi, de Captain Barclay (1179- 1854) surnommé « l’homme aux 1 000 miles » et initiateur du « pedestrianism » au Norvégien Jakob Ingebrigtsen, ils et elles sont cinquante à honorer, à magnifier l’art de courir. Et on les retrouve dans un ouvrage richement illustré, « Les 50 coureurs qui ont marqué l’histoire ». Au fil des pages, Sylvain Bazin, l’auteur journaliste et chargé de cours à l’université de Grenoble, connaît l’histoire de la course sur le bout des pointes. Passionné du geste ancestral qu’est courir, il déroule des destins extraordinaires, glorieux ou tragiques, et évoque avec force détails des athlètes au sujet desquels on dit : « C’est le coureur du siècle ! » à l’heure de leurs exploits. Arrivent alors les somptueux Spiridon Louys le marathonien, Paavo Nurmi tenu pour « le premier dieu du stade », Kathrine Switzer la pionnière du marathon à Boston, Carl Lewis le premier à avoir professionnalisé l’athlétisme, Usain Bolt « la foudre du sprint » et, à ce jour, l’homme le plus rapide du monde avec ses records de 9 sec 58 sur 100m et 19 sec 19 sur 200 m… ou encore l’oublié Otto Peltzer, recordman du monde (800 et 1 500 m) en 1926, puis déporté et persécuté parce qu’homosexuel. Un seul regret à la lecture : dans sa sélection de 50 athlètes, l’auteur Sylvain Bazin n’a retenu que 6 femmes- Fanny Blankers-Koen, Kathrine Switzer, Colette Besson, Marita Koch, Florence Griffith-Joyner et Wang Junxia…

Les 50 coureurs qui ont marqué l’histoire
Auteur : Sylvain Bazin
Editions : DBS
256 pages
Prix : 25,90 €

 

bateauSOPHIE DANGER : « Alice Milliat, la femme olympique »

Elle pratiquait la natation, le hockey et l’aviron en un temps où la femme était invisibilisée. Née à Nantes le 5 mai 1884, Alice Milliat demeure, pour l’histoire du sport et de l’humanité, la femme qui défia Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux olympiques modernes et fieffé misogyne qui affirmait : « Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte ». Présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF) dans les dernières années 1910, elle organise en 1922 au stade Pershing à Paris les premiers Jeux olympiques féminins- 20 000 spectateurs sont présents. En 1926, le Comité international olympique (CIO) et Coubertin intègrent le sport féminin au programme des JO, s’étant rendus compte qu’il leur échappait. Alors, une seule solution : l’intégrer donc, pour mieux garder la main… Le 5 février 1927 lors d’une conférence de la Tribune libre des femmes, elle lance : « Oui, la femme a droit au sport ! Ne venez pas nous mettre en avant ce vieux lieu commun qu’elle doit rester au foyer raccommoder les chaussettes ». Féministe de la première heure, elle est l’héroïne d’une belle biographie, « Alice Milliat, la femme olympique », écrite par la journaliste Sophie Danger. De sa vie, elle a fait un combat incessant pour développer le sport et l’intégrer aux Jeux olympiques. En 1935, elle se retire de la vie sportive, et meurt le 19 mai 1957 à Paris. A quand une statue d’Alice Milliat devant le siège du CIO à Lausanne ? Ce serait bien le minimum pour honorer la femme olympique…

Alice Milliat, la femme olympique
Auteure : Sophie Danger
Editions : Les Pérégrines
198 pages
Prix : 19 €

 

gesteTHIERRY GRILLET : « Petit traité du geste »

Longtemps maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris, collaborateur de la Bibliothèque nationale de France (BNF), passionné par l’art et le cinéma et ceinture noire de karaté, Thierry Grillet est habité par une question définitive : qu’est la beauté du geste ? Il a devisé avec des sociologues, des artistes et des scientifiques sur la « panenka » de Zinedine Zidane, la foulée de Marie-José Perec ou encore le service de Roger Federer. Ce qui donne aujourd’hui un délicieux essai, aussi érudit que ludique : « Petit traité du geste »- sous-titre : « Pour la beauté du sport ». L’auteur est catégorique : « Le geste sportif est l’éloge de la beauté du corps humain ». Ce geste dont, depuis l’Antiquité, le mystère et la poésie fascinent. Ce geste qui, depuis la nuit des temps, peut conduire à la perfection (voir les démonstrations de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci à Montréal en 1976 ou encore les plongeons de l’Américain Greg Louganis à Los Angeles- 1984, et Séoul- 1988), à l’extase parfois. Dans « Petit traité du geste », Thierry Grillet décrypte la « mémoire motrice » des gestes accomplis, se référant au tennis, au football, à la boxe, au tir à l'arc, au skateboard, au plongeon, à la course et au saut en hauteur (avec l’Américain Dick Fosbury qui, en 1968, révolutionna la discipline). Et il ne manque pas de rappeler que, pour devenir naturel, le geste n’est pas que mouvement- il est, après des heures et des heures, le résultat de la répétition. C’est le prix du beau geste, souvent « illumination musculaire ».

Petit traité du geste
Auteur : Thierry Grillet
Editions : Les Presses de la Cité
224 pages
Prix : 21 €

 

diableJOËLLE WINTREBERT : « Les Olympiades truquées »

Un roman pour les Jeux. Originellement paru en 1980 puis réécrit en 1987, « Les Olympiades truquées » revient en format poche et dans une nouvelle version remaniée à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. L’auteure Joëlle Wintrebert est connue pour ses textes de fantasy, ses romans policiers ou historiques et surtout pour ces livres de science-fiction. Ainsi, en 1988, elle a reçu le prix Rosny Aîné pour « Les Olympiades truquées », un texte empli de sport, de clonage, de contrôle social et de condition féminine. Soit deux héroïnes : Sphyrène et Maël. La première est une nageuse de classe internationale- à l’approche des JO, on contrôle son mental, on lui prescrit des drogues (malheureusement, à trop fortes doses). La seconde tente de comprendre ce qu’elle est : le clone de sa mère morte., dans un monde où d’étranges mutations chamboulent la notion de sexualité. Dans un univers où le sport est un laboratoire de manipulation biologique et génétique aux services d’Etats sans état d’âme, dans un monde où le dopage orchestré par des docteurs Mabuse sans foi ni loi ôte toute moralité à la performance, les deux jeunes femmes vont se croiser, se rencontrer. Parce qu’elles tiennent plus que tout à leur vie de femme, à la liberté de leur corps, elles mèneront le combat jusqu’à son terme. Pour tenter de trouver la réponse à une interrogation : « Pourquoi les Etats s’emparaient-ils des plus belles découvertes pour les passer dans leurs machines broyeuses et les faire servir aux fins de pouvoir et d’hégémonie ? »

Les Olympiades truquées
Auteure : Joëlle Wintrebert
Editions : Au Diable Vauvert
352 pages
Prix : 9,50 €


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