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Une semaine de lecture avec Joan Didion, Pierre Lemaitre et Véronique Olmi

  • Écrit par : Serge Bressan

didionPar Serge Bressan - Lagrandeparade.com / Trois suggestions de lecture pour une semaine : d’abord, un recueil de chroniques de la grande Joan Didion disparue le 23 décembre 2021 à 83 ans ; ensuite, le premier tome de la nouvelle saga de Pierre Lemaitre ; enfin, l’histoire d’un gamin au lendemain de la Première Guerre mondiale racontée par l’impeccable Véronique Olmi. Bonne lecture !


JOAN DIDION : « Pour tout vous dire »

Dans une belle préface, l’Académicienne française Chantal Thomas évoque « une Californienne très particulière ». Et rappelle que, comme Ernest Hemingway- son maître vénéré en écriture, Joan Didion a toujours considéré les mots « comme l’expression manifeste de l’honneur personnel ». Dès lors, il ne reste qu’à plonger dans « Pour tout vous dire », le dernier livre de la grande Joan Didion paru en anglais quelques mois avant sa disparition à 83 ans, le 23 décembre 2021 et dont voici la version française… Dans ce recueil de douze textes-chroniques publiés entre 1968 et 2000, Joan la magnifique raconte la presse underground, une réunion des Joueurs anonymes, le château du magnat milliardaire de la presse William R. Hearst, Nancy Reagan épouse de Ronald Reagan alors gouverneur de Californie et pas encore Président des Etats-Unis nabab, et livre un texte éblouissant titré « Pourquoi j’écris ». Papesse du New Journalism aux côtés de Tom Wolfe ou encore Hunter S. Thompson, dotée d’un sens rare de l’observation, elle confie avoir appris l’exigence et la rigueur de l’écriture durant ses années comme journaliste au magazine « Vogue ». Et c’est ainsi qu’en apparence si simple, l’écriture de Joan Didion fascine à tout coup.

Pour tout vous dire
Auteure : Joan Didion
Editions : Grasset
222 pages
Prix : 17 €

 

le maitrePIERRE LEMAITRE : « Le Grand Monde »

Aucun doute, voici le marathonien du roman français ! Après une première trilogie (« Les Enfants du désastre », dont « Au revoir là-haut », prix Goncourt 2013), Pierre Lemaitre continue et se lance dans une deuxième, ce sera « Les Années glorieuses » dont il nous glisse le premier tome, « Le Grand Monde ». Visiteur du siècle (le 20ème), l’auteur lance sa nouvelle saga à Beyrouth en mars 1948. On y fait connaissance avec la famille Pelletier, le père est à la tête d’une savonnerie réputée. Les quatre enfants grandissent, prennent leur envol. Jean l’aîné s’installe à Paris où son frère François devient journaliste alors que ses parents sont persuadés qu’il fréquente l’Ecole Normale Supérieure. Etienne, lui, file, direction l’Indochine et Saigon où il va retrouver son amant légionnaire. Quant à Hélène, elle vient aussi à Paris retrouver ses deux frères… Dit ainsi, « Le Grand Monde » n’aurait pas grand intérêt. Sauf qu’on est chez Lemaitre, et il sait nourrir son récit de nombreuses révélations, de multiples rebondissements. Il y aura des drames qui vont bouleverser les vies des personnages, qui devront et faire des concessions et se remettre en question. Oui, qu’on se le dise, chez Pierre Lemaitre, il y a du Balzac et du Zola !

 

 

Le Grand Monde
Auteur : Pierre Lemaitre
Editions : Calmann-Lévy
594 pages
Prix : 22,90 €

 

olmiVERONIQUE OLMI : « Le gosse »

Ecrivain et poète maudit, Jean Genet (1910- 1986) a raconté dans « Le Miracle de la rose » son enfermement dans la colonie pénitentiaire de Mettray, fondée en 1839 en Indre-et-Loire pour rééduquer les jeunes délinquants par le travail de la terre. Aujourd’hui, solide romancière, Véronique Olmi confie que la lecture du texte de Genet l’a grandement inspirée pour son nouveau roman, « Le gosse ». Ce gosse, c’est Joseph, un gamin de 7 ans. Il est né à Paris, « ce n’est pas seulement la ville, c’est la plus grande des villes, belle de jour comme de nuit, enviée dans le monde entier, il est un titi, un petit bonhomme de sept ans, maigrelet mais robuste, on ne croirait jamais à le voir, la force qui est la sienne ». On est en 1919, jusque-là la vie s’écoulait près d’une mère plumassière et d’une grand-mère qui perd la tête. Il y a aussi les copains du foot et les gens du faubourg. Ce pourrait être le bonheur, l’insouciance. La vie va en décider autrement, il se retrouve orphelin et pupille de la Nation, finies la joie et l’innocence pour Joseph. Il y aura la prison de la Petite Roquette puis Mettray. Une enfance saccagée, anéantie… Une fois encore, avec « Le gosse », Véronique Olmi signe un texte vibrant sur une vie malmenée.

 

 

Le gosse
Auteure : Véronique Olmi
Editions : Albin Michel
306 pages
Prix : 20,90 €


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