Dans les poches : Philip K. Dick, Asli Erdogan, Jean Rolin et Fred Vargas
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Dans les poches de Serge Bressan ce mois-ci...
« Ubik » de Philip K. Dick
Un des grands classiques de la littérature de science-fiction. Paru en VO en 1969 (et en VF en 1970), « Ubik » de l’Américain Philip K. Dick (1928- 1982) revient en format poche dans un nouvel et très élégant habillage. Et toujours l’assurance d’une belle lecture toute en flottaison entre la régression du temps et l’instabilité du monde des morts. Traduite en français par Alain Dorémieux, voilà « une histoire d'horreur existentielle profondément troublante, un cauchemar dont vous ne serez jamais sûr de vous être réveillé », comme l’affirmait le critique Lev Grossman.
Entre roman anti-capitaliste et métaphysique, on plonge dans un monde où tout est payant avec des héros subalternes schizophréniques. L’humanité est à l’agonie- gangrénée par les avancées technologiques, et Joe Chip, le héros d’« Ubik », spécialisé dans la traque des télépathes, n’avance qu’avec une certitude ; la paranoïa et le doute. Tenu pour un des livres-culte de la SF, « Ubik » a été, en 2005, classé par le magazine américain « Time » parmi les 100 meilleurs romans écrits en anglais depuis 1923…
Ubik
Auteur : Philip K. Dick
Editions : 10/18
Parution : 7 novembre 2019
Prix : 8,10 €
« Le silence même n’est plus à toi » d’Asli Erdoğan
Un recueil de vingt-neuf textes réunis sous le titre « Le silence même n’est plus à toi », emprunté au poète grec Georges Séferis- prix Nobel de littérature 1963. L’auteure turque, Asli Erdoğan, est sortie de prison le 29 décembre 2016. Ce qui lui est reproché ? Son soutien au PKK- le Parti kurde, considéré terroriste par le régime d’Ankara. Un soutien évident aux yeux du président Erdoğan (aucun lien de parenté avec l’écrivaine) puisqu’Asli Erdoğan écrit, depuis une dizaine d’années, des chroniques dans « Özgün Güden », un quotidien soutenant les revendications kurdes et dont la justice turque a ordonné la fermeture et l’arrestation des collaborateurs pour « appartenance à une organisation terroriste ». Les vingt-neuf textes retenus (et publiés en grand format en version française en 2017) devaient paraître réunis en un recueil avant l’emprisonnement de l’auteure - l’éditeur turc y a renoncé. L’éditeur français Actes Sud a maintenu la parution. Dès lors, le livre d’Asli Erdoğan a pris aussi une valeur de document. Avec des mots tout aussi forts que fulgurants. Avec des pages aux allures de témoignage d’un quotidien, d’une vie qui va d’oppression en répression. « Le silence même n’est plus à toi » n’est pas seulement le livre d’une combattante infatigable, il est aussi le livre d’une grande et indispensable écrivaine.
Le silence même n’est plus à toi
Auteure : Asli Erdoğan
Editions: Babel / Actes Sud
Parution : 2 octobre 2019
Prix : 6,80 €
« Le traquet kurde » de Jean Rolin
Journaliste, il s’est fait connaître en 1988 avec « La Ligne de front »- un livre impeccable. Au fil du temps, Jean Rolin a écrit d’autres livres, beaucoup de livres dont « Le traquet kurde », paru en 2018 et qui arrive en format poche. Le traquet kurde, c’est un petit oiseau jamais vu en France et qu’un ornithologue amateur observe au sommet du Puy de Dôme. Personne ne sait comment l’oiseau est arrivé en haut de ce mont d’Auvergne. Alors, le narrateur se met sur la piste du traquet kurde, ça le mène des prairies vertes et grasses du Hertfordshire aux montagnes du nord de l’Irak et il aperçoit les ombres de T.E. Lawrence, St. John Philby (le père de l’espion), Wilfred Thesiger l’écrivain-explorateur et le colonel Meinertzhagen, colonel aussi escroc que mystificateur et mythomane. Avec « Le traquet kurde », Jean Rolin offre un texte empli d’humour et d’érudition en nous baladant dans l’histoire, la littérature, la géographie ou encore l’ornithologie… On le suit !
Le traquet kurde
Auteur : Jean Rolin
Editions : Folio / Gallimard
Parution : 14 novembre 2019
Prix : 6,20 €
Quand sort la recluse » de Fred Vargas
Paru au printemps 2017, le 9ème livre de l’ancienne archéo-zoologue Fred Vargas revient dans les poches. C’est « Quand sort la recluse », un modèle de « rompol » (contraction de « roman policier » à la sauce Vargas)… On embarque, une nouvelle fois, avec le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, flic un peu barré, magnifique « attrapeur de nuage » comme le définit l’auteure. Il avait oublié qu’il y a un temps, « il était commissaire, à la tête des vingt-sept agents de la Brigade criminelle de Paris, 13ème arrondissement », apprend-on. « Berg » avait oublié, ça ne dure pas longtemps, Paris l’appelle. Retour en France en urgence… Il y a des enquêtes à boucler. Des banales, des ordinaires que « JeanBapt » va résoudre rapidement… Et puis, il y a cette affaire. Bizarre, étrange… Une affaire qu’il pointe en se penchant sur l’ordinateur de Voisenet, un des policiers de la Brigade obnubilé par les insectes et autres petites bêtes. Le commissaire découvre alors que, dans le Sud de la France dans la région de Nîmes, trois personnes âgées sont mortes après avoir été piquées par une recluse- une araignée qui a peur de l’homme, dont la morsure provoque des nécroses et dont le nom savant est « Loxosceles rufescens ». A la Brigade, nombre d’agents sont persuadés qu’Adamsberg a un cerveau grignoté par une araignée ! Qu’importe ! le commissaire va rameuter quelques fidèles parmi les fidèles pour (tenter de) confondre l’assassin qui se sert de la recluse, cette araignée qui sort si rarement de son trou et ne mord que par accident…
Quand sort la recluse
Auteure : Fred Vargas
Editions : J’ai Lu
Parution : 6 novembre 2019
Prix : 9,90 €