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Inventer les couleurs : Gilles Paris, passeur d’émotions

  • Écrit par : Serge Bressan

inventer les couleursPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Dans la banlieue ouest-parisienne, un père et son fils Hippolyte. L’enfant a 10 ans, sa mère est partie avec le père de son copain Gégé. Dans une vie et une ville grises, Hippolyte va à l’école, son père à l’usine. Le gamin dessine, colorie. Très joliment illustré par Aline Zalko, c’est « Inventer les couleurs Â», le nouveau livre de Gilles Paris- auteur, entre autres, d’« Autobiographie d’une courgette Â» (1991) et « Au pays des kangourous Â» (2012). Il publie là son premier texte de littérature jeunesse- genre très prisé par les romancier.e.s ces temps-ci. Donc, on suit Hippolyte pendant une journée. Du petit déj’ à la fin de journée, en passant de nombreuses heures au collège avec les cours et profs sympas et le cours cauchemar, celui de mathématiques. Il y a les copains-copines, Gégé, les sÅ“urs Chan et Cui, Fatou aux mains noires et roses, le glandeur, le surdoué… et Hippolyte qui dessine, qui met de la couleur dans la vie des autres- et, de temps en temps, la change. C’est un livre de tendresse, d’émotion(s), de tolérance, d’optimisme et d’espoir. C’est, aussi, délicatement et intelligemment écrit- comme toujours avec Gilles Paris. Rencontre.

Que se passe-t-il en ce moment ? Nombre d’écrivains viennent à la littérature jeunesse, dont vous avec Inventer les couleurs…
Dans mon cas, c’est mon éditrice qui est venue à moi et m’a appelé. Elle m’a proposé d’écrire un livre de nouvelles (« La lumière est à moi Â», paru en octobre 2018) et un livre jeunesse…

Inventer les couleurs, votre livre jeunesse, c’est une nouvelle que vous aviez en magasin et que vous avez recyclée ?
Certainement pas ! Même si j’écris depuis l’âge de 10 ans et que je vais fêter mon soixantième anniversaire cette année, je ne recycle pas. Inventer les couleurs est un texte original, une création qu’on peut effectivement assimiler à une nouvelle par son format.

Jusqu’alors, on vous connaissait comme romancier et auteur de nouvelles. Qu’avez-vous découvert dans ce monde de la littérature jeunesse ?
Pour moi, mais est-ce une généralité, il y a très peu de confrontation entre l’illustrateur et l’auteur. J’ai donné mon texte à l’éditeur, ensuite Aline Zalko l’illustratrice qui a travaillé là sur son premier livre jeunesse a fait ses dessins. Je ne suis intervenu à aucun moment pour ses créations, je les ai vues quand le livre a été terminé. Bon, j’avoue, je n’étais totalement dans l’inconnu, j’avais vu le travail d’Aline Zalko auparavant… et je dois reconnaitre qu’il y a toujours, dans mes textes, une forme de mélancolie qu’Aline a su traduire dans ses dessins. Ce qui, à mon sens, donne au final une belle association.

Littérature adulte, littérature jeunesse, au niveau de l’écriture ça change quoi ?
Rien pour moi. J’écris toujours de la même façon, quels que soient le thème, le genre… Il se trouve que, même s’il est destiné à la littérature jeunesse, le texte d’ Inventer les couleurs  se prête bien à mon écriture, avec des thèmes qui sont les miens. La mixité à l’école, quelle soit de genre, sociale, raciale… La couleur, au sens propre et figuré… L’empathie… Et voilà, ça a donné une nouvelle illustrée sur vingt-quatre heures de la vie d’un enfant en banlieue…

Justement, cet enfant prénommé Hippolyte…
…vous voulez dire qu’Hippolyte, ce serait moi ? Personnellement, j’ai toujours eu des rapports complexes, pour ne pas dire inexistants avec mon père. Alors, j’avais voulu raconter le contraire de ce que j’ai vécu. Une fusion parfaite entre un père et un fils- ce que je n’ai jamais eue. Et en grandissant, oui, on est capable d’écrire le contraire de ce qu’on a vécu. On dit que le romancier met souvent de la distance avec sa propre vie, je réponds : pas forcément…

Une des qualités d’Inventer les couleurs, c’est le ton. Il sonne toujours juste…
Il me reste des souvenirs de mon enfance. Et je suis très vigilant quand j’écris. J’ai mes souvenirs mais je fais aussi beaucoup de rencontres dans les écoles pour présenter mes livres. Ainsi, je n’ignore pas qu’un enfant de 9, 10 ans aujourd’hui sait tout sur tout. A cet âge-là, les autres enfants et moi, on ne savait pas grand-chose… Alors, il y a dans le livre quelques gros mots- et ça m’a semblé important qu’ils y soient !

Hippolyte a un don…
Oui, il dessine. Encore, toujours. Son père travaille à l’usine, il a une vie grise mais il se passe quelque chose quand son fils lui parle. Hippolyte met de la couleur dans la vie. Certains peuvent le faire, pas tous…

D’Inventer les couleurs se dégage une certaine forme d’optimisme…
C’est en effet un livre optimiste. Un livre qui tente de montrer que, quel que soit le destin des gens, il y a des possibilités de changer. Mais attention, avec Inventer les couleurs, je n’ai pas la prétention d’envoyer des messages. Je suis simplement un passeur d’émotions. Avec un souhait en sortant de ce livre : et si un enfant pouvait faire grandir les adultes autour de lui?!…

Inventer les couleurs
Auteur : Gilles Paris
Editions : Gallimard Jeunesse
Parution : 7 mars 2019
Prix : 11,90 €


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