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Mers mortes : un post-apo puissant glaçant, une lecture dont on ne ressort pas indemne !

  • Écrit par : Sylvie Gagnère

mers mortes Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Les mers, les océans ont disparu, toutes les espèces marines se sont éteintes. Depuis cette disparition, le cycle de l’eau s’est interrompu et la Terre se meurt ; de petites communautés humaines subsistent, qui tentent de survivre aux marées fantômes. Quand elles déferlent sur le monde, les spectres avides de vengeance des créatures pélagiques – requins, dauphins, murènes ou raies – arrachent l’âme des humains et la dévorent, laissant derrière eux des morts ou des zombies décérébrés. Seuls les exorcistes ont le pouvoir de les détruire et de sauver ainsi les derniers représentants de l’humanité. Oural est l’un d’eux. Son talent lui permet de préserver les habitants de son bastion. Vénéré par tous, choyé et protégé, il est aussi terriblement solitaire. Jusqu’au jour où Bengale, pirate et commandant d’un vaisseau fantôme, le capture et l’embarque avec lui. Au fil des jours et des épreuves, Oural apprend à connaître son capitaine et ses compagnons, et à comprendre l’objectif qu’il poursuit. Pourra-t-il finalement le faire sien ?

Entre roman post-apocalyptique et horreur, Aurélie Wellenstein signe avec Mers mortes un récit puissant et dérangeant. Centré sur les états d’âme de son héros plutôt que sur les explications du monde actuel, c’est à une plongée au cœur de la conscience humaine qu’elle nous convie. Elle n’oublie cependant pas de nous en dire (et surtout montrer par son écriture très visuelle) suffisamment pour que le lecteur s’immerge dans ce futur, peut-être pas si lointain.

L’idée de fond est formidable : une terre sans mers, sans océans, où les fantômes des animaux marins massacrés, torturés, emprisonnés, crient vengeance et ne sont plus mus que par la haine de l’humanité. Cela donne des scènes d’une grande violence, tant pendant les attaques de ces spectres que, surtout, durant les cauchemars d’Oural, qui revit le calvaire et l’agonie de nombre d’entre eux – dauphins attirés sur une plage pour y être exterminés, squale rejeté à l’eau sans ailerons, condamné à mourir, animaux parqués dans des parcs aquatiques, suffocants lorsque l’eau se retire… Et l’écriture sèche, précise, très visuelle, de l’autrice, ne fait rien pour atténuer l’horreur, bien au contraire. Les humains entre eux ne sont pas plus tendres, et s’entretuent sans états d’âme.

On ressort de la lecture écœurés par la barbarie des hommes, avec un sentiment de culpabilité devant ces désastres et ces actes de cruauté sans nom, perpétrés sous nos yeux et avec finalement si peu de réaction, même des gens plus sensibilisés à cette juste cause. Le roman prend résolument le parti animal, et l’on ressent souvent plus d’empathie pour ces fantômes que pour les vivants, même si quelques lueurs d’espoir laissent à penser que nous pourrions tous vivre en nous respectant les uns les autres, pour peu que l’humanité cesse de détruire la planète et les animaux. La plume de l’autrice se fait poétique et joyeuse lorsqu’elle évoque les liens d’amitié étrangement tissés entre Trellia la dauphine et Oural. Comme si, malgré tout, un simple geste d’amour pouvait tout changer…

C’est à une plongée en enfer que nous convie Aurélie Wellenstein, une plongée dans un futur qu’il est peut-être encore temps d’éviter, pour peu que l’on prenne conscience de la beauté du monde, de la force de la diversité, de la nécessité du respect.

Mers mortes 
Autrice : Aurélie Wellenstein
Éditions : Scrineo
Collection : Jeune adulte
Parution : 14 mars 2019
Prix : 17,90 €


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