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Les oubliés d’Ushtâr : un planet opera foisonnant, à l’originalité indéniable !

  • Écrit par : Sylvie Gagnère

oubliés Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.fr/ Confins de la galaxie. Ushtâr, la planète-océan, abrite une civilisation très ancienne qui détiendrait l’Arme-Vie, une arme d’une puissance incommensurable. Mais existe-t-elle réellement ou n’est-ce qu’une légende ?

Sur cette planète, un principe de transmission millénaire perpétue un modèle social utopique, qui va se trouver bouleversé par la guerre. Les tenants du système patriarcal et autoritaire d’Albâr envahissent Ushtâr, à la recherche de l’Arme-Vie. Les Infants, gardiens de la Gemme de Vie dépositaire de la mémoire du peuple Ushtârien, sont évacués. Mais rien ne se déroule comme prévu et la jeune Gul-Yan se retrouve dans les bas-fonds de la cité. L’Infante y découvre le revers de la société policée dans laquelle elle a grandi, et tente d’échapper à ceux qui la traquent. L’Arme-Vie attise toutes les passions ; les puissants n’hésiteront pas à lancer les Nadjams, des soldats programmés pour obéir et tuer, aux trousses de l’adolescente.

Les oubliés d’Ushtâr est un gros roman, à la densité impressionnante. Pas de temps morts, pas de dilution d’intrigue, pas d’ennui en vue. L’univers créé par l’auteure est remarquable de complexité et d’originalité. Les Albâriens sont incroyablement misogynes (jusqu’à faire grandir leurs élites dans des utérus artificiels pour qu’ils ne soient pas « contaminés » par l’élément femelle) mais ont développé une technologie très évoluée et sont des esthètes convaincus ; les Ushtâriens sont des intellectuels raffinés, sophistiqués, dont la société est basée sur de grands et beaux principes, mais qui ferment les yeux sur leurs bas-fonds laissés à l’abandon, où la population vit d’expédients, au milieu de gangs de rue. Manipulations, trahisons et stratégies sont au cœur du récit, qui avance tambour battant. Le revers de la médaille ? Sans doute un peu trop dense et riche pour un one-shot. On a l’impression de seulement effleurer ces cultures et le lecteur a très envie d’en savoir plus sur le comment elles se sont construites, croisées, séparées… Sans compter des personnages secondaires, un peu survolés, et au destin laissé un peu de côté.

Le Nadjam Joon One est particulièrement intéressant, et plein de subtilité. Les « méchants » (et les machiavéliques) sont d’ailleurs tous assez torturés pour retenir l’attention. Les jeunes Gul-Yan et Ilânn sont sans doute plus conventionnels, mais s’avèrent au final assez attachants. Et ne boudons pas le plaisir d’un premier rôle féminin !

Quête initiatique, roman d’apprentissage, roman d’aventures, planet opera, Les oubliés d’Ushtâr offre un récit de SF original, servi par la très belle écriture d’Émilie Querbalec, avec ses descriptions précises et sa fluidité, malgré la complexité de l’ensemble. Un beau premier roman qui laisse augurer du meilleur pour la suite !

Les oubliés d’Ushtâr 
Auteure  : Émilie Querbalec
Éditeur  : Nats Éditions
Parution  : 21 mai 2018
Prix  : 18 €


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