Menu

Une semaine de lecture avec Eléonore de Duve, Madame Nielsen et Catherine Poulain

  • Écrit par : Serge Bressan

corti Par Serge Bressan - Lagrandeparade.com / Trois suggestions de lecture pour une semaine. D’abord, on commence avec un premier roman signé l’avocate bruxelloise Eléonore de Duve ; on enchaîne avec le troisième roman de Madame Nielsen, figure du « biographisme performatif Â» et de l’autofiction en Scandinavie, et on achève la semaine en grande nature avec l’impeccable Catherine Poulain pour un hymne à la vie sauvage. Bonne lecture !


ÉLÉONORE DE DUVE : « Donato Â»

Un premier roman d’une grande beauté. Un texte indispensable d’une jeune femme qui, humilité faisant loi, ne dit pas : « J’ai toujours voulu écrire Â». Avocate à Bruxelles, Eléonore de Duve confie seulement, se lançant dans l’écriture d’une fiction, avoir voulu « juste me prouver que je pouvais aller au bout de l’exercice Â». Et ce sont les hautement fréquentables éditions José Corti qui publient donc « Donato Â». Au hasard de recherches, l’auteure découvre un étrange pacte signé en 1946 par la Belgique et l’Italie. La première a le charbon dont a terriblement besoin la seconde, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale- les deux pays passent un accord : des bras italiens viennent travailler dans les mines de la Belgique qui, en échange, envoie du charbon en Italie… Ce fut l’échange « bras contre charbon Â». Et Donato, grand-père du compagnon d’Eléonore de Duve, était un de ces bras. Il a grandi dans un village des Pouilles, il a fait le voyage jusqu’à Farciennes, près de Charleroi. Il n’a jamais raconté sa vie et quand son petit-fils le lui a demandé, il souffrait de la maladie de Parkinson- trop tard. Alors, Eléonore de Duve a écrit la vie de Donato. Un roman du soleil de l’Italie au noir des mines belges. Un roman comme geste de transmission.

Donato
Auteure : Eléonore de Duve
Editions : Corti
216 pages
Prix : 21 €

 

lamentoMADAME NIELSEN : « Lamento Â»

Une sensation venue, en cet été finissant, du Danemark. L’auteure est née Claus Beck-Nielsen en 1963, a mis fin à cette identité et célébré ses funérailles en 2001 pour renaître sous le nom de Madame Nielsen en 2013. En Scandinavie, elle est tenue pour une des figures essentielles du « biographisme performatif Â» et de l'autofiction. « Lamento Â» est son troisième roman qui s’ouvre sur la métaphore d’un incendie, c’est un grand texte de l’amour débordant et sauvage. Une femme y écrit son mariage qui a pris fin voilà vingt ans. La destinataire du texte : sa fille, née justement de cet amour avec « le garçon qui deviendrait un jour ton père ». Toutes les pages du livre sont emplies, jusqu’à en déborder, d’une lamentation « d’un désir qui refuse la domestication, d’un coup de foudre trop pétri d’absolu pour résister aux déceptions du temps Â». « Lamento Â», ce sont des variations sur le coup de foudre- et aussi des questions : qu’est-ce que tomber amoureux ? l’amour n’est-il qu’un feu de paille ? le coup de foudre peut-il devenir un amour quotidien et durable ? et si l’amour n’était avant tout qu’un engouement sauvage ? L’amour, version Madame Nielsen, se rebelle contre la routine- c’est brutal et beau, touchant et lyrique… Merveilleusement incandescent.

Lamento
Auteure : Madame Nielsen
Editions : Notabilia / Noir sur Blanc
192 pages
Prix : 19,50 €

 

poulainCATHERINE POULAIN : « L’ombre d’un grand oiseau Â»

Enfant dans un hameau des Alpes où elle a grandi, Catherine Poulain s’imaginait ermite ou vétérinaire. Plus tard, elle est partie à la découverte du monde parce que, écrit-elle, « tout est animal en moi Â». Elle a vécu nombre de vies, elle écrit et publie son troisième roman, « L’ombre d’un grand oiseau Â». En mots beaux et élégants, elle nous offre sa part de sauvagerie- comme elle nous avait envoyé des effluves d’iode et d’aventures dans son premier livre, « Le grand marin Â» paru en 2016. Cette fois, aujourd’hui retirée dans le Médoc, Catherine Poulain chante d’une écriture aussi délicate que magnifique un hymne à la vie sauvage. Elle qui se définit comme une « chienne sans toit ni maître Â» nous emmène, au fil des pages, dans les bois, les vignes et les forêts ou encore en bord de rivières. La nature, encore et toujours- à la beauté bouleversante… Et l’auteure de s’interroger : pourquoi n’a-t-elle libéré ce chien retenu par une chaîne, soigné ce rapace blessé ? Elle est aussi fauconne, panthère en cage, oiseau mazouté sur une plage, cerf traqué… L’écriture est ciselée, cinglante, enveloppante, emplie de sensualité. Il y a aussi les souvenirs- de l’enfance légère à la vie solitaire, avec toujours l’ombre d’un grand oiseau, savourer « le terrifiant bonheur d’être en vie Â»â€¦

 

 

L’ombre d’un grand oiseau
Auteure : Catherine Poulain
Editions : Arthaud
192 pages
Prix : 18 €

Le cœur blanc : Catherine Poulain au fil des saisons

 


À propos

Les Categories

Les bonus de Monsieur Loyal