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Une semaine de lecture avec Linda Boström Knausgård, François Rollin et Sylvain Tesson

  • Écrit par : Serge Bressan

lindaPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour une semaine : d’abord, on commence par le roman aussi vertigineux qu’envoûtant d’une impeccable écrivaine suédoise ; ensuite, on enchaîne avec un « dictionnaire amoureux Â» consacré à la bêtise- et il y a à dire et écrire !, et enfin, on se marche et skie dans les traces d’un aventurier de l’extrême qui enchaîne les best-sellers. Bonne lecture !

LINDA BOSTRÖM KNAUSGÃ…RD : « Fille d’octobre Â»

En ouverture, un regret : « J’aurais voulu tout raconter sur l’usine. Malheureusement, je n’en suis plus capable. Bientôt, je ne me souviendrai plus de mes jours ni de mes nuits, bientôt je ne me rappellerai plus pourquoi je suis née Â». Dès les premières lignes de Fille d’octobre- l’envoûtant deuxième roman de la Suédoise Linda Boström KnausgÃ¥rd (qui fut quelques années mariée à l’écrivain norvégien Karl Ove KnausgÃ¥rd), on est happé. Vertige de lecture. L’auteure-narratrice Linda a fait des séjours en hôpital psychiatrique de 2013 à 2017, dans un établissement qui pratiquait encore le traitement par électrochocs… Rappel de l’auteure : « Les médecins sont autorisés à prescrire aux patients un traitement par l’électricité sans leur consentement, c’est épouvantable Â». Ainsi, surnommé « l’usine Â» là où « régresser vers ces confins de l’âme que je ne connaissais que trop Â» est l’ordinaire, le HP devient un lieu d’aliénation. Dans des pages où se mêlent brutalité et poésie, Linda Boström KnausgÃ¥rd sait mieux que personne évoquer, par exemple, l’intimité d’une chambre où des soignants passent pour reconstituer les souvenirs (bons et mauvais) du patient. Lieu d’aliénation, certes cette « usine Â», mais l’auteure y entrevoit aussi des lueurs d’espoir puisqu’un.e écrivain.e peut inventer…

Fille d’octobre
Auteure : Linda Boström Knausgård
Editions : Grasset
242 pages
Prix : 19 €

 

dictionnaireFRANÇOIS ROLLIN : « Dictionnaire amoureux de la bêtise Â»

D’emblée, on est prévenu : « Non seulement la bêtise est la chose la mieux partagée en ce bas monde mais aussi son polymorphisme ajouté à son omniprésence en fait un des sujets les plus riches et les plus inépuisables qui soient Â». Partant d’un tel constat, un éditeur s’est donc dit qu’il y avait la matière à un livre bien épais dans la délicieuse collection des « Dictionnaires amoureux Â». Et c’est ainsi que François Rollin, humoriste, écrivain et acteur s’est retrouvé missionné pour l’écriture dudit Dictionnaire amoureuse de la bêtise. De A à Z et en plus de 550 pages, le « professeur Rollin Â», lui qui illumina la série télé Palace (« on est plein aux as Â») et qui se revendique « angoissé de nature Â» a trouvé là un exercice d’écriture qui l’a fait tenir debout. Se penchant sur la bêtise- ce n’est pas épuisant, elle est partout, l’auteur a l’humour taquin et, son dictionnaire, il se plaît à nommer son dictionnaire DAB ! Et d’ajouter : « J’y ai mis mes quelques connaissances et j’y ouvre des portes vers de la fantaisie, de l’absurde Â». Alors, on chemine au fil des pages et on savoure- sans oublier évidemment le bêtisier et les mots du Professeur Rollin expliquant qu’aujourd’hui, la bêtise « arrive de partout Â». CQFD !

 

 

 

Dictionnaire amoureux de la bêtise 
Auteur : François Rollin
Editions : Plon
562 pages
Prix : 26€

Dans la même collection: 

« Dictionnaire amoureux du polar » de Pierre Lemaitre : la bible du « noir »…

Raphaël Enthoven :"Marcel Proust est philosophe de plein droit"

 

blancSYLVAIN TESSON : « Blanc Â»

Il y eut, l’an passé, Noir- un livre de peu de mots et de nombre de croquis de pendus. En cet automne, il y a Blanc. Normal, dira-t-on… Mais avec Sylvain Tesson, peut-on parler de normalité ? Sur quatre années à raison de trois à quatre semaines en hiver, avec un puis deux complices, il a marché et skié sur les crêtes alpines entre France et Italie, en passant par la Suisse, la Slovénie et l’Autriche. Blanc comme neige pour cet aventurier de l’extrême plutôt qu’« Ã©crivain-voyageur Â» comme le qualifient nombre de plumitifs paresseux. Â« J’eus envie de me lever et de pénétrer dans le silence. Le Blanc recèle ses mystères. La neige dicte la pensée du ciel à la Terre. Mais le brouillard, avec ses teintes de cadavre, décourage les explorations Â», écrit Tesson. Qui, rappelons-le, a connu le grand froid, la neige et la glace en Sibérie qu’il traversa en moto ou sur le lac Baïkal gelé près duquel il vécut dans une cabane… Pour cet aventurier de l’extrême qui assure que sa vie, « c’est sentir, courir le monde et le formuler Â», le Blanc s’écrit avec un « B Â» majuscule. Et retour à Paris, il confiera : « Le voyage, je le vis vraiment comme est une aventure sensuelle, du toucher, de l'olfaction, du désir d'avancer. C'est la libido totale, le voyage ! Â»

 

 

Blanc
Auteur : Sylvain Tesson
Editions : Gallimard
242 pages
Prix : 20 €

Du même auteur:

Dans le sillage d’Ulysse avec Sylvain Tesson : un beau voyage…

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