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« Les Marx Brothers par eux-mêmes » de Chantal Knecht : vive le burlesque et l’absurde !

  • Écrit par : Serge Bressan

marx brothersPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Burlesque et absurde. Voilà donc les deux adjectifs qui, dès les premières années 1920 et leur premier succès sur les scènes de Broadway à New York, ont défini la nouvelle définition d’une philosophie : le marxisme… Non pas celui de Karl l’Allemand et du Capital paru en 1867, mais bien de celui d’une bande de quatre frangins américains bien allumés, nés de Simon Marx, natif d’Alsace et surnommé par ses lascars « The Frenchie ». C’est tout naturellement que, frères, ils se pointent dans le monde du spectacle puis du cinéma sous le nom des Marx Brothers, dès « Humor Risk », leur premier film en 1921… C’est le marxisme « tendance Groucho » !

En cette période de tristesse et catastrophe planétaire covidienne, les Marx Brothers, cette « bande des quatre » aussi déjantée qu’hallucinée, est de retour. C’est « Marx attaque ! » pour bousculer l’absurdité du monde, pour y survivre par l’art du rire. Par la grâce d’un délicieux et gros « bouquin » simplement titré « Les Marx Brothers par eux-mêmes », dont l’auteure : Chantal Knecht, est productrice et réalisatrice de documentaires et de fictions. Depuis toujours, elle est passionnée par la fratrie Marx et a, de nombreuses fois, rencontré les enfants de ses héros à New York quand elle préparait une « nuit Marx Brothers » pour la chaine télé Arte. Préfacé par le toujours pince-sans-rire Jean-Loup Chiflet, le livre-somme (plus de 760 pages !) est décliné, tel un abécédaire, par thématiques. De A comme Acteur à Z comme Zeppo. Le livre, concocté et goupillé par Chantal Knecht, n’est rien moins qu’un (formidable) hymne à quatre comédiens, tout simplement les plus grands du cinéma burlesque parlant. Il y avait donc Chico, l’aîné né Leonard et pianiste identifiable immédiatement pour sa technique du « doigt revolver » ; Harpo, né Adolph, clown muet à l’écran (mais parlant dans la vie quotidienne) et tenant son pseudonyme de Harpocrate, le dieu grec du silence, enveloppé dans son manteau toujours débordant d’ustensiles de cuisine ; Zeppo, né Herbert et remarquable parce qu’il était « comme tout le monde, et bien sûr l’immense Groucho, né Julius et le plus célèbre de la fratrie, obsédé sexuel et textuel- on lui doit de vertigineuses autobiographie ou encore correspondance… Et il convient de ne pas oublier Gummo, né Milton et qui avait trouvé le bon job : imprésario de ses frères !
Parmi leurs admirateurs, il y avait Charlie Chaplin, l’écrivain F. Scott Fitzgerald, le compositeur George Gershwin, le peintre Salvador Dali qui vouait un véritable culte à Harpo… et aussi Antonin Artaud (1896- 1948), le poète français aussi génial qu’allumé qui, chez les frères Marx, notait « l’exercice d’une sorte de liberté intellectuelle où l’inconscient de chacun des personnages, comprimé par les conventions et les usages, se venge, et venge le nôtre en même temps ». Jean-Loup Chiflet rappelle que « les Marx ont été les premiers snipers de l’histoire de l’humour, en, transformant la réplique incongrue en œuvre d’art, en déformant la réalité à coups d’effets comiques ». Au début des Marx Brothers, ce fut un coup de tonnerre dans le monde du spectacle dans une Amérique où la bienpensance faisait loi. Dans le livre de Chantal Knecht, on relève également l’importante parentèle de la fratrie « marxiste » avec les Charlie Chaplin, Buster Keaton, Mark Sennett ou encore Laurel et Hardy… Sauf que les Marx Brothers ont apporté dans le cinéma parlant le burlesque et l’absurde, les ont portés à leur summum, à leur paroxysme. « La Soupe au canard », « Une nuit à l’opéra », « Les Marx Brothers au grand magasin » ou encore « Plumes de cheval » demeurent, plus de quatre-vingt ans après leur sortie, des œuvres fondatrices d’un certain genre de cinéma. Une référence, un mètre-étalon…
Et puis, comment résister au plaisir de présenter, sous la plume de Groucho, le maître à penser et du verbe, le « lider maximo » de la philosophie marxiste, quelques pensées et bons mots définitifs. La jubilation, avec ce marxisme « tendance Groucho », est éternelle. Ainsi, dans le film « La Soupe au canard », la propriétaire accueille, les bras grand ouverts, tel le sauveur Groucho- lequel lui lance : « A quelle heure fermez-vous ? » Ou encore cette épitaphe qu’il aurait voulu inscrite sur sa tombe : « J’aurais pu vivre plus longtemps. Mais maintenant, c’est trop tard ». Au hasard Balthasar… et vive la révolution marxiste « tendance Groucho » !

Les Marx Brothers par eux-mêmes
Auteure : Chantal Knecht
Editions : Bouquins / Robert Laffont
Parution : 12 novembre 2020
Prix : 30 €

Extrait

« Les Marx Brothers, c’est l’histoire d’une famille d’émigrants devenus américains, une histoire de fils, de frères. Une histoire aussi du burlesque américain, tant sur des scènes de théâtre qu’au cinéma. Des milliers d’émigrants venus d’Europe débarquent à Manhattan, à la fin du XIXème siècle. La famille Marx en fait partie.
Dans leurs autobiographies respectives, Harpo et Groucho relatent avec beaucoup de drôlerie la vie quotidienne haute en couleur de leur famille nombreuse à Yorkville, quartier pauvre de New York, à l’est de Central Park. (…)
Au foyer, leur père se révèle un très mauvais tailleur : il n’aura jamais le même client. Mais grâce à une cuisine inventive et peu coûteuse, il régale toute la famille… »

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