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Butterfly l’envol : le vol brisé du papillon

  • Écrit par : Christian Kazandjian

ButterflyPar Christian Kazandjian - Lagrandeparade.com/ Butterfly l’envol, adaptation libre de l’opéra de Puccini, prend le pari de la légèreté.
Les librettistes de Madama Butterfly, s’étaient inspirés d’une l’œuvre de Pierre Loti, afin que Puccini puisse en écrire la musique. Créée à la Scala de Milan en 1904, l’opéra fut un four, avant de connaître, par la suite et jusqu’à nos jours, après modification du livret et passant de deux à trois actes, grand succès. Puccini, avec Madame Butterfly, s’était éloigné de la tradition de l’opéra, optant pour un chant plus naturel, les voix se fondant dans un orchestre offrant une interprétation plus proche de la musique de chambre. Quant au livret, il adoptait un minimum des codes exotiques en vogue alors. C’est cette démarche que semble avoir suivie Le Collectif La Boutique dans son adaptation Butterfly l’Envol : décor épuré, orchestre réduit à quatre exécutants,: violon (Boris Winter), contrebasse (Jérémy Bruyère), basson (Sophie Reynaud), clarinettes(Emmanuelle Brunat), et une seule chanteuse, la soprano, excellente Céline Laly ; le rôle de la servante Suzuki, traditionnellement confié à une mezzo-soprano est tenu par une comédienne, Laura Segré. Dans cette adaptation, l’auteure, Leslie Menahem, s’est attachée à la figure de la servante, conteuse des péripéties ayant marqué l’existence de sa maîtresse. Il faut dire que les femmes sont particulièrement maltraitées dans ce drame ayant pour cadre le mythique Japon du début du XXe siècle. Soumise à l’autorité des hommes de la famille, trahie par un époux étranger et volage, Cio-Cio-San, Madame Butterfly, devra livrer son enfant à la femme américaine de son marin d’époux, avant d’en finir, frêle papillon aux ailes arrachées, rachetant, aux yeux de la société, son honneur, par un homme bafoué .

La figure centrale de la femme

La compagnie, sous la direction d’Arnaud Guillou, a fait le pari de l’épure : décor constitué d’accessoires sans relief, de bois et papier, costumes entièrement blancs, évoquant la pureté des sentiments, la fragile beauté et la solitude de la maîtresse-papillon, comme de la servante. Les deux femmes forment l’âme de la pièce, les autres rôles tirés du livret originel (Pinkerton, l’époux, Goro l’entremetteur, le prince Yamadori qui souhaite épouser le jeune femme abandonnée, Kate Pinkerton, l’épouse américaine) sont assumés, en quelques phrases par les musiciens. Un micro, au premier plan, amplifie la voix de la soprano qui chante, comme le ferait une geisha, des airs collatéraux à l’action, comme "Dis quand reviendras-tu" de Barbara ou "Sais-tu" d’Agathe Peyrat. La partition emprunte aux classiques (Fauré, Ravel, Gershwin, et bien entendu Puccini), et aux compositions de Graciane Finzi avec les arrangements de Stanislas Kuchinski. Le grand mérite de cette version de la célèbre Å“uvre de Puccini, réduite de moitié (1h10, contre 2h20) réside dans le fait qu’elle peut ouvrir les portes de l’opéra, encore trop souvent considéré comme élitiste et difficile. Il convient de saluer ici une expérience pariant sur un accès à un plus large public.

Butterfly l’envol, fiction basée sur l’opéra de Puccini
Création : Le Collectif La Boutique
Mise en scène : Arnaud Guillou
Avec Emmanuelle Bunat, Céline Laly, Sophie Raynaud, Laura Segre, Boris Winter, Jérémy Bruyère 

Dates et lieux des représentations: 
- Jusqu’au 16 janvier 2022 au Théâtre de L’Epée de bois, Cartoucherie, Paris 12e (01.48.08.39.74).


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