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Tout ce que je sais du blé : une déclaration d’amour avec gluten 100% digeste

  • Écrit par : Julie Cadilhac

Tout ce que je sais du bléPar Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Une dispute, un soir, à la ferme. Paola monte se coucher, Stefano reste dans la cuisine et compose quatre lettres qu'il adresse à celle avec laquelle il partage sa vie depuis trente ans. 

Mise en place d’une scénographie rustique ( on est déjà dans une ancienne étable - le lieu de la Vacherie Ã  Blanquefort est aussi atypique que beau - le FAB aime offrir des lieux surprenants et plein de caractère). De la paille au sol, quelques vieilles chaises en bois, une table, quelques ustensiles et ingrédients de cuisine. Une projection à l’esthétique brute nous invite d'abord à plonger dans l’intimité du quotidien de la ferme des Ariettes. Immersion dans un univers champêtre où chaque geste communie avec la terre et nos besoins essentiels. Basculement soudain. Tom Waits - et Chicago - s’invitent et ces "comédiens-paysans" prouvent alors qu’ils sont capables de moduler des énergies très différentes (Pina Bausch conclura d'ailleurs en saisons et en grâce poétique).

A quoi assiste-t-on? A la vie et ses « monologues du non-sens Â». A une émouvante déclaration d’amour à une femme, à une vie simple où le temps passé ne se compte pas en monnaie, au théâtre qui est une parenthèse où l’existence réelle à la fois se sublime et s’efface pour laisser place à un moment où tout est sur-vécu et sur-ressenti. 

[bt_quote style="default" width="0"]Si ce n’est pas pour faire de l’art, la vie n’a aucun sens. [/bt_quote]

On regarde Stefano Pasquini préparer sa focaccia, on entend le bruissement des grains de blé dans les tamis, on sent peu à peu l’odeur chaleureuse du pain qui cuit et l’on entre avec douceur et émotion dans une parole autobiographique découpée en tranches aussi vives que vivantes. Paola Berselli est une comédienne désarmante. Plongé dans ses grands yeux clairs, ses mimiques expressives et sa présence tantôt espiègle tantôt grave, le spectateur rencontre, au travers de ses mots confidents, toute une galerie de personnages pittoresques. Dans cette mise en scène aussi intimiste qu’enlevée, c’est l’Italie d’après-guerre qui renaît, la campagne et ses charmes rudimentaires, mais aussi la fraicheur désarmante des souvenirs heureux d’antan. Les phrases de Paola font éclore des sourires de connivence. Qui n’a pas connu une (grand)mère qui protégeait les choses fragiles de la machine à laver? qui avait la manie de laisser « tout le temps, les fenêtres ouvertes pour changer l’air Â»? qui enfilait des bigoudis et aimait lire la presse féminine? On rit aussi des boutades adressées à notre contemporanéité qui ne veut plus perdre du temps, s’inquiète des méfaits du gluten, souhaite rester éternellement jeune et bronzée et perd cette notion simple du partage et de l'« ENSEMBLE Â». 

[bt_quote style="default" width="0"]La vie normale fait peur car elle n’a pas de dramaturgie…comme quand tu sèmes le blé.[/bt_quote]

La force de ce spectacle, c’est qu’il n’est pas simplement un plaidoyer pour une vie simple. Il met également en lumière des artistes qui viennent aussi exprimer et faire vivre leur idée du théâtre. Une définition très sensible et émouvante qui rend hommage aux moments suspendus qu’offre cet art vivant et nous lance une question passionnante : « Quelle est la frontière entre le théâtre et la vie? Â». 

Quelle plus belle déclaration d’amour que des mains qui pétrissent pour offrir une focaccia à partager? Comme le dit Stefano: « La seule chose qui compte, c’est que je l’ai faite pour toi. Â» Presque une assertion socratique. Les vérités les plus simples et les plus vraies sont celles qui partent du coeur…et font naître des papillons ( ou des grognements de satisfaction) …dans l’estomac, non? Le Teatro delle Ariette est à rencontrer car il sait assurément comment vivre et partager!

[bt_quote style="default" width="0"]C’est peut-être ça le mécanisme de la vie : on commence et c’est difficile de s’arrêter. Comme avec l’amour, un morceau de chocolat ou ...un spectacle.[/bt_quote] 

Tout ce que je sais du blé

Teatro Delle Ariette

De Paola Berselli et Stefano Pasquini

Avec Paola Berselli, Stefano Pasquini et Maurizio Ferraresi

Décors et costumes : Teatro delle Ariette

Mise en scène : Stefano Pasquini

Traduction: Serge Peyrat

Crédit-photo : Stefano Vaja

Durée : 1h25 + temps de dégustation et de partage en fin de représentation

Dates et lieux de représentations: 

- Du 14 au 20 octobre 2016 à la Vacherie-Blanquefort - Carré Colonnes - dans le cadre du Festival FAB - Première en France

- Les 4 et 5 novembre 2016 au TEATRO AL PARCO -  Parme 


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