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Fred presque seul : un florilège de personnages hauts en couleur pour un état des lieux décapant

  • Écrit par : Xavier Paquet

Fred TestotPar Xavier Paquet - Lagrandeparade.fr/ Depuis l’arrêt du programme culte « Service Après Vente (SAV) des émissions Â» en 2012, Fred compose sans son acolyte Omar et l’alchimie de leur duo. Pourtant c’est un joli pied du nez qu’il nous livre en se lançant (enfin) en solo avec un One man décapant.

Tout débute par une incartade portée à son régisseur Michel, plus hanté par ses tracas personnels que par la bonne conduite de son spectacle. Les invectives de Fred, symbolisant l’acteur égocentrique, à ce personnage invisible mais omniprésent donne le ton de la soirée où une joyeuse bande de personnages imaginaires et perturbés se succèdent sur scène. Du gardien de poneys au jardin du Luxembourg au gros dur corse, c’est un florilège de personnages hauts en couleur qui rythme le spectacle : derrière une attitude normale, ils cachent des travers inquiétants et dérangeants.  A l’instar de certains rôles du SAV, ils laissent planer le sentiment que tout peut basculer dans la folie à tout moment. La séquence du conducteur de bus est, en ce sens, jouissive à écouter.

C’est une introspection que nous propose Fred avec humour et émotion pour nous faire rire avec cet observatoire de la vie, de sa vie. Oui il y a une part de lui dans ce texte, une part de cette vie d’artiste et de comédien en décalage et hors du temps. C’est avec son style pince sans rire, et une pointe de noirceur, qu’il fait l’état des lieux de son propre métier : les avantages de la célébrité, l’oubli, l’égocentrisme, le public qui confond l’acteur et ses rôles. Il dépeint et met à mal les affres de ce métier pourtant tant fantasmé.

L’écriture pioche parfois dans une certaine facilité, Fred jongle entre stand up et  codes plus classiques rendant parfois bancales les ruptures de rythme et ne renforçant pas le fil conducteur de son One. Mais il compense magnifiquement par son jeu d’acteur, incarnant ses personnages avec brio, et intégrant de la tendresse et de l’humanité dans ses situations. Comme cette scène émouvante de la comédienne âgée et déclinante s’interrogeant sur le sens de la vie. Ou encore cette réflexion sur la société qui préfère « 3 millions de vue sur internet pour une branlette à la fenêtre pour 2 vues pour la fonte des glaciers Â».

C’est avec une immense simplicité qu’il fait mouche : certainement sa manière de sortir de cette cage dorée d’artiste célèbre qui peut conduire à la folie. Sa manière d’être lui. Et seulement lui !

Fred presque seul

Durée : 1h25

- Jusqu'au 30 décembre 2016 au Théâtre de la Comédie de Paris (42 rue Pierre Fontaine, 75009 Paris )

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