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"Âme fifties" d’Alain Souchon : chansons de joie(s) et de peine(s)…

  • Écrit par : Serge Bressan

souchonPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Il y a des « dames qui pensent dans leur cuisine Â» tout en se rêvant actrices. Il y a « des hommes qui pleurent Â» devant leur usine qu’on vend. Il y a les laissés-pour-compte de la société. De la mélancolie, et nos joies et nos peines. Y a d’la chanson dans l’air. De la rumba, aussi. Et bien sûr, jamais bien loin, toujours avec sa voix unique, inchangée. La voix d’Alain Souchon, 75 ans et qui nous glisse son quinzième album, joliment titré « Ã‚me fifties Â». La musique est douce, les paroles font la critique sociale cinglante. C’est encore l’ultra moderne solitude, c’est toujours la foule sentimentale dans l’attente du grand soir.  

Dire et écrire que ce nouvel album, cette « Ã‚me fifties Â» était l’un des plus attendus, des plus espérés de cette année 2019 relève de l’euphémisme. D’abord, parce qu’Alain Souchon, neuf Victoires de la Musique depuis 1986 dont une pour la « meilleure chanson des vingt dernières années Â», n’avait pas enregistré un album studio depuis 2008- onze années qu’était sorti « Ecouter d’où ma peine vient Â»â€¦ Ensuite, parce que « la Souche Â»- comme on l’a surnommé un temps, c’est l’assurance de mots tout en acuité, d’un regard tout en générosité. Et puis, parce que l’info avait « fuité Â» depuis un moment : « Ã‚me fifties Â» a des allures d’album « fait en famille Â» puisque ses deux fils, Pierre et Charles (qu’on connaît sous le pseudonyme d’Ours), ont assuré l’essentiel des compositions pour un album réalisé par deux « petits nouveaux Â» dans l’univers « souchonnien Â»- confidence du chanteur : « Mes fils ont fait une parenthèse dans leur carrière pour s’occuper de moi Â». A la chanson, Alain Souchon est ce que Patrick Modiano est à la littérature : le premier « souchonne Â», le second fait encore et encore du Modiano… et c’est tout ce qu’on leur demande. Tout ce qu’on apprécie chez l’un et l’autre. Tout en discrétion et délicatesse…
Ainsi, avec ce chanteur qui, dans douze films, a frayé un temps avec le cinéma (et l’étourdissante Isabelle Adjani dans « L’été meurtrier Â» de Jean Becker en 1983- film qui lui valut le César du meilleur acteur), on s’offre un zoom arrière. « Ã‚me fifties Â», c’est le retour dans les années 1950. Ces années où l’on écoutait la radio sur un poste Radiola, où André Verchuren était la vedette (on ne disait pas encore « la star Â») de l’accordéon en France, où l’on roulait en Peugeot 2003, où Jean Gabin fait la pluie et le beau temps dans le ciné français et où on découvrait la sulfureuse Brigitte Bardot et l’envoûtante Jeanne Moreau… Nostalgie, quand tu nous tiens- mais la nostalgie n’est plus ce qu’elle était quand elle est pratiquée par l’attachant chanteur détaché qu’est Alain Souchon. Sur ce nouvel et quinzième album studio, les chansons déroulent les sentiments qui flanchent. Le poil à gratter sur la société du moment, sous couvert de mélancolie. Dans « Debussy Gabriel Fauré Â», ainsi on peut entendre : « La lutte des classes / On sait où ça nous mène hélas Â». Souchon sans illusion(s) ? maître du détachement 2019, lui qui, en 1973, se fit connaître en chantant « L’amour 1830 Â» ?
Dix chansons de joie(s) et de peine(s). Des âmes fifties, des « presque toi… presque moi, ces amoureux dans la cour Â» et aussi ces cheveux qu’on se ramène sur le front quand la cinquantaine est venue. Un jour, on emmènera le poète dans le sud-est américain, c’est « Ronsard Alabama Â»- et puis, on fera le constat qu’«  il y aura les éclairs que nous voulions / les soirs de première et les tourbillons / Et on s’en fout si on a des soucis / puisqu’on est aussi / ouvert la nuit Â»â€¦ Tout comme il y a le baiser Modiano, inventons et savourons, sans modération, le baiser Souchon !

Alain Souchon : « Ã‚me fifties Â»
Label : Parlophone / Warner Music
Parution : 18 octobre 2019

La tracklist
1/ « Ã‚me fifties Â»
2/ « Presque Â»
3/ « Ici et là Â»
4/ « Debussy Gabriel Fauré Â»
5/ « Un terrain en pente Â»
6/ « Ronsard Alabama Â»
7/ « Irène Â»
8/ « On s’ramène les cheveux Â»
9/ « On s’aimait Â»
10/ « Ouvert la nuit Â»

Dates et lieux des concerts:
Octobre 2019
-26, Courbevoie (92) / 31, Aulnay-sous-Bois (93)
Novembre 2019
-3, Anzin (59) / 14, 15, 16 et 17, Palais des Sports- Paris (75).
Janvier 2020
-29, Amiens (80) / 30, Epernay (21) / 31, Bruxelles (Belg.).
Février 2020
-1er, Longuenesse (62) / 5, Caen (14) / 6, Rouen (76) / 7, Le Mans (72) / 8, Lille (59) / 12, Rennes (35) / 13, Brest (29) / 14, Orléans (45) / 15, Angers (49) / 20, Saint-Etienne (42) / 21, Grenoble (38).
Mars 2020
-12, Toulouse (31) / 13, Pau (64) / 14, Agen (47) / 15, Bordeaux (33) / 18, Strasbourg (67) / 19, Montbéliard (25) / 20, Nancy (54) / 21, Amnéville (57) / 26, Bourg-en-Bresse (01) / 27, Marseille (13) / 28, Cournon (63) / 29, Dijon (21).
Avril 2020
-2, Nantes (44) / 3, Limoges (87) / 5, Niort (79) / 10, Roanne (42) / 15, Besançon (25) / 16, Montluçon (03) / 17, Aurillac (15) / 18, Angoulême- L’Isle d’Espagnac (16).

 


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