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The Disappearing Act : Quels accords!

  • Écrit par : Bertrand Sinapi

ActPar Bertrand Sinapi - Lagrandeparade.com/ Tout d’abord, c’est le souffle de la nuit qui tombe sur la cour du lycée Saint Joseph, au cœur de cette chaude journée de fin de festival. Et avec la nuit, entre en scène Yinka Esi Graves, danseuse britannique explorant les liens entre le flamenco et la diaspora africaine.

Et puis, c’est le son qui vient…Qui gronde…Qui monte et puis… un bruit, un coup, un choc.
C’est l’entrée en scène, magique, de la fabuleuse percussionniste et poétesse Remi Graves.
Un coup, puis un autre, puis un autre. Une puissance qui se lance dans la nuit.
Et la batterie qui explose et rejoint les coups portés au sol par les zapateos de Yinka, ses chaussures de bailaora qui frappent le sol, emplissant l’air de leur rage et de sa rage à elle.
La puissance, la grâce, l’énergie colérique et fluide du flamenco.
La magie nous emporte et Raúl Cantizano, guitariste inclassable, explorateur des limites de son instrument et des genres du flamenco, frappe les cordes de sa « guitarra preparada ».
Un son étrange, ronflant, émane et résonne rappelant les rythmes incessants et répétitifs d’Arnold Dreyblat.
La guitare crie, chante, Raùl la prend et commence à jouer le flamenco andalou, rejoint par la sublime chanteuse flamenca Rosa de Algésiras dont la voix emplit l’air.
Le quatuor est en place !

Une fête païenne commence, un rêve cauchemardesque qui nous porte, nous fait rêver. Une fête qui convoque l’Andalousie, le flamenco, l’afro-beat, la colère, la joie. Une fête qui met en lumière la présence des populations afro-descendantes dans le sud de l’Espagne lors de l’invention du flamenco. Une fête qui puise ses racines dans l’Afrique et les origines ghanéennes de Yuka, rappelant l’énergie des Ganoua. Une fête qui met en lumière la perception des corps afro-descendants et leur invisibilisation constante, qui oppose au racisme une vision magnifique de la mixité, qui montre comment le pétrissage de la multitude de ses origines (gitane, andalouse, juive et africaine) fait du flamenco cet art qui transcende la vie.
C’est la question de l’invisibilité et de l’oubli qui se meut en visibilité et en mémoire - et c’est l’un des tours de force de la parfaite dramaturgie de ce spectacle. Une apparition monumentale qui tient aussi à la qualité du mixage sonore exceptionnel proposé par Javi Vila, qui, associé à l’écrin du lycée Saint Joseph, magnifie la performance des quatre artistes.

Une grande et magnifique expérience que cette première création de Yinka Esi Graves : The Disappearing Act, qui devrait être le premier acte d’une dramaturgie plus large, d’un ensemble de pièces… on trépigne déjà de voir les autres volets ! Bravo !

The Disappearing Act

Avec Yinka Esi Graves 
et Raúl Cantizano (guitare), Remi Graves (batterie), Rosa de Algeciras (chant) 
Conception, mise en scène et chorégraphie Yinka Esi Graves 
Musique Raúl Cantizano 
Lumière Carmen Mori
Son Javier Mora
Vidéo Miguel Ángel Rosales 
Costumes Stéphanie Coudert 
Régie son Enrique Gonzalez 
Régie lumière Carmen Mori 
Production María González Vidal (Trans-Forma Producción Cultural) 

Dates et lieux des représentations: 

- Juillet 2024 au Festival d'Avignon 


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